SOUNDCRAFTERS (FRA) - Catharsis In Chaos (2011)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 11 Octobre 2011
Pays : France
Genre : Death Metal Progressif
Type : EP
Playtime : 6 Titres - 26 Mins
Originaire de Rennes, SOUNDCRAFTERS s’est vu fondé en 2008, par des membres de divers groupes du coin n’ayant pas trouvé le succès. Un premier EP, Form And Content, à la fin de cette même année, une pincée de shows puissants, puis quelques changements de line-up, nous mènent désormais à la sortie de ce nouveau maxi-CD : Catharsis In Chaos.
Toujours autoproduits, les cinq comparses n’y vont pourtant pas avec le dos de la cuillère. Bénéficiant d’une production carrée et détonante, la rythmique se veut extrêmement dynamique et virulente, impulsant des schémas redoutables d’efficacité. Sans pour autant être un dévidoir de double pédale, les plans apparaissent vraiment recherchés, permettant de bâtir des structures massives et habiles. Soigneusement peaufinées, les cadences se succèdent avec une force à couper le souffle, évoluant de sections rapides et éreintantes à des passages plus lourds. Il faut dire que Thomas mitraille la batterie avec une véhémence rare. A l’instar de « The Stench », il nous essouffle d’entrée de sa frappe titanesque, démontant la piste de toutes parts sur un tempo excessif. En compagnie de riffs colossaux, ses rafales débarquent sans jamais prévenir, déversant une folie frénétique de par les hyper blasts dévastateurs, et hurlements déments, dans une tendance STRAPPING YOUNG LAD. Peu de repos au programme, puisque la rythmique énergique rengaine aussi sec sur des titres plus directs, tout en gardant cet aspect impérieux conféré par les samples de Art. Les percussions sont assoiffées de violence, marquées à la lettre par la basse assommante de Ludo - qui se montre davantage sur le dernier morceau. Avant cela, c’est sur « Chaos » qu’elles se rassasient. Une piste portant son nom à merveille, puisqu’en à peine trois minutes, elle déverse une hargne phénoménale et irrésistible, nous scotchant clairement l’estomac le temps de son exécution. Riffs tranchants et blast beats fougueux s’entremêlent, sur un rythme surmené au sein duquel les breaks ne sont que de faux prétextes de répit pour asséner un nouveau tsunami de violence à la tête de l’auditeur exténué. Et le chant, qui apparaissait clair et typé Prog à l’ouverture tendue de la plage, s’est transformé en un furieux déchaînement vocal.
L’instrumentation est dominante vis-à-vis des vocaux, pourtant sa force n’est guère à démontrer. Même lorsque Ian use de sa composante claire, il pousse sa voix pour lui donner un effet tiraillé qui s’accorde sans mal aux sections plus atmosphériques des compositions, offertes par les nappes denses de Art. Souvent ombrés de lignes hurlées, ses vocaux n’en demeurent pas moins un bon apport mélodique, bien que perfectible, profitant à l’agressivité des compositions, comme lors de « Black & Red », qui se poursuit ensuite en sections intenses avec chant hurlé. Cette facette d’Ian se nuance, pouvant se faire profonde dans la veine de GOJIRA, ou bien plus hargneuse et vindicative. Pareillement, le chant accompagne parfois son côté sombre, créant des lignes prenantes, tirant aux tripes sur les riffs atmosphériques de « After Death ». Le titre le plus long de l’album, que le groupe gère grâce à une rythmique qui ne faiblit pas, entre sections crues, et plus régulières pour insister sur l’ambiance figée. Les Rennais ne laissent que peu de temps à l’émotion planante avant de raviver la tornade.
Cette prestance dont se pare le vocaliste, au travers de ses prestations semi-hurlées, il la doit à l’accompagnement des riffs un peu techniques, joués par lui-même et Sylvain. Leurs jeux sont rapides et insufflent une énergie faramineuse aux morceaux. Participant aux envolées claires sur les refrains, les guitares se rattrapent lors des couplets, tournoyant méchamment en des schémas rythmiques ravageurs. Des riffs bulldozer, instoppables, qui ne manquent pas une occasion de se rallier aux déferlantes virulentes. De sa basse, Ludo grossit l’ambiance et offre quelques plans groovy sur lesquels les six-cordes mélodiques et alourdies aboutissent à de fervents moments accrocheurs (« Get Out »). Car les guitares peuvent aussi se faire plus atmosphériques, avec les claviers densifiant subtilement la structure, rappelant alors MINUSHUMAN, à l’image de « Catharsis », où l’on trouve également un solo technique sur le final, mais manquant un peu de feeling, contrairement aux autres exécutions rencontrées sur le disque.
En somme, SOUNDCRAFTERS crée des morceaux intenses et extrêmes, détruits par la batterie, mais également à l’atmosphère profonde et imposante. Catharsis In Chaos ne blague pas une seconde, et exhibe réellement des compositions fracassantes et efficaces, mettant en avant une écriture soignée et ingénieuse. Certaines influences restent encore audibles, mais le groupe parvient à nous les faire oublier devant sa verve des plus coriaces et son instrumentation rôdée à l’extrême. Le chant, aux nuances des plus maîtrisées, accompagne parfaitement chaque passage de ce disque, dont la rythmique qui jouit d’une production détonante, faisant rugir la batterie comme rarement, tout en laissant transparaître une lourdeur insécable aux guitares. Un EP excellent, aux prouesses exceptionnelles de la part des Rennais. L’attente de leur premier album va être longue ; un futur disque qui, s’il garde le même potentiel de composition, promet de faire de gros remous parmi la scène Death française.
Ajouté : Mercredi 01 Février 2012 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: http://www.myspace.com/soundcraftersscs Hits: 9564
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