CYNIC (usa) - Carbon-Based Anatomy (2011)
Label : Season Of Mist
Sortie du Scud : 11 novembre 2011
Pays : Etats-Unis
Genre : Ambiant Metal
Type : EP
Playtime : 6 Titres - 23 Mins
Combien, parmi vous, ont cliqué sur ce lien en espérant y trouver une réponse, en espérant y lire une nouvelle qui influerait sur leur capital bonne humeur ? Combien, parmi vous, espèrent encore que le CYNIC de 2011 pourra un jour redevenir le CYNIC des années 90, le même qui avait sorti un certain Focus en 1993 ? Combien vivent bercés d’illusions, bordés de rêves et transpercés d’une nostalgie empoisonnée ? A ceux-là, vous pouvez quitter ce papier, vous torcher avec, l’inclure dans un autodafé, car il accueille avec solennité et respect le CYNIC nouveau, le CYNIC qui arbore la chirurgie faciale la mieux réussie depuis l’ami Carrot Top. Trois ans après son retour triomphal avec Traced In Air, c’est comme pour mieux provoquer les fantômes qui hantent l’âme des aficionados de la première mouture que CYNIC sort cet EP, qui ne saurait apporter preuve plus définitive que Paul Masvidal et sa bande ont quitté le confort du Death progressif pour s’embarquer dans un challenge à la hauteur de ces fins stratèges, boulimiques de progrès et d’innovations.
Et justement, le format de ce disque aura peut-être l’avantage de décomplexer encore plus nos floridiens. Il faut bien comprendre que ce Carbon-Based Anatomy est loin d’un disque comme Re-Traced ou d’un EP qui a uniquement pour but de ratisser le terrain en vue d’un troisième opus, puisqu’il dévoile de nouveaux travaux, agencés avec la même cohérence et le même sérieux que pour un full-lenght. Il a beau ne comporter que six pistes, trois interludes stellaires pour trois compositions d’un Rock dérangé, on se laisse transporter sans résistance par « Amidst The Coals », un très bel avant-propos asiatisant où fleurissent les vocaux envoutants d’Amy Correia, une plante qu’on sait hypnotique pour avoir déjà œuvré sur Traced In Air, le tout ambiancé par un battement d’aile ou le ruissellement d’un cours d’eau. Une sensation de pureté, propice au bien-être, qu’on connaît bien chez des artistes dont l’affection pour cet ersatz de World-Music n’est plus à prouver. Tout ça est planant, pénétrant, d’une suavité à peine croyable. Mais c’est justement quand CYNIC appuie ses propos avec des guitares affranchies et une batterie bouillonnante qu’on se prend à rêver. Alors oui, la piste éponyme mettra un doigt profond à la période Focus, mais c’est ainsi. Paul Masvidal n’échappe pas aux lois les plus impénétrables. Le temps a probablement fait son effet et il doit bien être le seul à pouvoir justifier cet assagissement. Sans remettre en cause la qualité du travail effectué aux débuts des années 90, je ne peux que me réjouir de voir que CYNIC, avec un enchaînement tel que « Box Up My Bones » et « Elves Beam Out », fait toujours vibrer. On n’échappera pas à la voix fragile et érotique de Masvidal, de même qu’aux patterns libertins et spéculatifs de Reinert, qui travaillent tous deux en osmose sur un EP dont on ne saurait critiquer cet aspect bien ficelé. Très lunaire et toujours très influencée par la Lounge Music, la Fusion, parfois la Bossa-nova ou les tempos kitschs du Free Jazz, la composition selon CYNIC est une science qui s’est affinée avec le temps, à tel point que certains la considèrent aujourd’hui comme en dehors des codes du Death Metal. Il y a évidement une grande part de vérité. Tout dépend du crédit que chacun accorde aux conventions. Je pense qu’elles sont écrites par des esprits sains pour être réécrites par des visionnaires. Et que CYNIC fait partie de ces artistes, comme Steven Wilson, comme Devin Townsend, qui se montrent inspirés quand il s’agit de proposer des législations nouvelles.
Mais au final, le plus frappant, c’est qu’il n’y a qu’une demi-conclusion à tirer de cet EP qui a traversé la voûte céleste comme une étoile filante. Et encore, elle est aussi insignifiante que d’une logique implacable. Avant d’être des musiciens, talentueux certes, ces mecs sont des Hommes, qui n’ont pas résisté à 17 années de sevrage. Pourquoi dès lors leur reprocher d’avoir des idées actuelles, une vision des choses contemporaine et des façons de procéder en conformité avec notre époque ? Pourquoi leur coller un procès pour ne pas avoir sorti un Focus version 2.0 avec leurs nouveaux travaux ? Il n’y a pourtant rien de plus enrichissant que de vouloir comprendre ce genre d’évolution. Et encore plus beau, une fois compris, de l’accepter. Qu’on aime cet EP ou pas, il serait de bon ton de ne pas oublier qu’ils furent jadis des précurseurs. Et pour certains dont je fais partie, ils le sont encore aujourd’hui.
Ajouté : Jeudi 02 Février 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: http://www.cyniconline.com Hits: 14214
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