THE DEVIL WEARS PRADA (usa) - Dead Throne (2011)
Label : Ferret Music
Sortie du Scud : 13 septembre 2011
Pays : Etats-Unis
Genre : Deathcore
Type : Album
Playtime : 13 Titres - 41 Mins
Cette prise de conscience, cette façon de réaliser que bientôt trois années se sont écoulées depuis un album que vous avez adoré, c’est une émotion très abrupte. Et pour tout vous dire, ça fait mal au cul… With Roots Above And Branches Below aura été le déclic, le basculement vers un amour démesuré pour les breakdowns, les mosh-parts, les claviers, le chant clair et toutes ces fanfreluches qui composent la robuste carcasse du Deathcore. THE DEVIL WEARS PRADA fut une révélation qui dépasse de loin le simple cadre musical. Entre textes étrangement humains et violence vertueuse, ces gamins de l’Ohio ont touché le cœur de la cible. Ce son pourra légitimement laisser de glace, comme il pourra faire bouillonner les entrailles le moins fragiles. Comme toujours, j’assume toute l’admiration que je porte pour eux et c’est avec encore plus d’attentes et de promesses que j’ai abordé ce quatrième album studio sobrement intitulé Dead Throne. J’aurais aimé qu’il véhicule les mêmes sentiments de bienveillance chez tout le monde, car c’est vraiment un feeling unique qui ne demande qu’à être partagé.
On constate d’abord avec beaucoup de satisfaction que THE DEVIL WEARS PRADA a franchi un cap. L’EP Zombie en 2010 avait déjà laissé fuiter quelques nouveautés. Un son plus dur, un chant différent de Mike Hranica, l’anti-présence des voix claires de Jeremy DePoyster qui s’absente délibérément sur certaines compos, chose qui n’était plus arrivé depuis leur premier album en 2006, et tout simplement, un Deathcore moins puéril. La légèreté et l’insouciance qui habitait l’opus précédent se sont estompées. Désormais, il faudra faire avec un groupe qui a fini de marcher sur la tête. C’est à peine nostalgique mais pas du tout rédhibitoire car dans les deux cas, c’est le must du style qui est proposé. « Dead Throne » fait l’ouverture. Brute, compacte, elle met en lumière la schizophrénie qui vit en Hranica au moment de gueuler. Chant caverneux, abyssal qui répond aux screams râpeux, ce gars sait tout faire. On garde toujours ce côté atmosphérique qui tend à s’affaiblir au profit d’un jeu de guitare plus conventionnel. Là aussi, on oublie les breakdowns à tire-larigot, ils sont utilisés avec parcimonie, dans un souci d’éthique assez bien senti. Tout le long de l’album, on est tiraillé entre deux types de compositions. Il y a celles qui sont d’une rigidité absolue, pas un pet de travers comme une « Chicago » très propre dans le genre balade couillue ou l’étouffante « Forever Decay » sur laquelle les vocalises claires de l’ami DePoyster n’apportent rien, tant la granulosité de cette piste se suffit à elle-même. Puis il y a les compositions qui auraient quand même pu figurer dans leur ancien répertoire avec en tête « Mammoth » et « Holdfast » et leurs refrains stellaires ou « My Questions » et son breakdown final à tomber par terre. Preuve du temps qui a fait son œuvre, THE DEVIL WEARS PRADA ne sombre plus dans le piège de la petite balade Emo pour faire plier les cœurs des derniers résistants, comme « Louder Than Thunder » il y a deux ans et demi. Non, nos américains jouent tout du long sur la même fréquence, avec panache et conviction. Ce Deathcore, qui tombe souvent dans la facilité du Metalcore est plus accessible qu’avant. Disons que ceux qui n’ont pas pour habitude d’écouter ce type de groupes pourront être séduits par l’étonnante dureté de cette affaire, ce qui n’était pas le cas sur With Roots Above And Branches Below. La présence de Tim Lambesis d’AS I LAY DYING sur « Constance » est la preuve bling-bling que ces mecs ont changé de dimension. A titre personnel, cette nouvelle direction me plaît beaucoup et c’est un plaisir d’entendre THE DEVIL WEARS PRADA aussi à l’aise sur différents tableaux. Mais il était également difficile de détrôner l’opus précédent qui est le symbole d’une période faste et productive pour les jeunes groupes Deathcore. Aussi je suis nostalgique de ce temps où l’on pouvait encore parler de « bonne découverte » ou d’« espoirs ». Il n’est pas inexact de dire que nos plus jeunes formations ont de plus en plus tendance à se ressembler, même aux oreilles de ceux qui percevaient une différence flagrante entre un SUICIDE SILENCE et un CHELSEA GRIN. La donne a changé.
Que penser alors de ce Dead Throne ? Qu’il est à la hauteur des espérances des fans ? Probablement. Qu’il surpasse tout ce que le groupe a déjà créé dans le passé ? Question de goût. Qu’il est l’aboutissement artistique de six années de lutte intense ? Certainement pas. Car on ne saurait se résoudre à conclure que ce disque, aussi étincelant soit-il, puisse être un aboutissement. C’est un pas de plus dans une carrière qui définitivement, laissera son empreinte, autant d’un point de vue musical, que d’un point de vue humain. Et ça c’est beau.
Ajouté : Jeudi 02 Février 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: The Devil Wears Prada Website Hits: 10214
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