NEPHELIUM (ca/ae) - Coils Of Entropy (2012)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 7 février 2012
Pays : Canada / Émirats Arabes Unis
Genre : Brutal Death Metal
Type : Album
Playtime : 6 Titres - 42 Mins
Avec l’arrivée récente et rocambolesque de la famille princière Al-Thani à la tête du PSG, certains ont appris à leurs dépens qu’il valait mieux se méfier de la puissance financière que dégage le Qatar (et le Moyen-Orient en général). Alors quand NEPHELIUM se présente à nous comme étant le premier groupe de musique extrême à avoir émergé des sables brulants de Dubaï, c’est un mélange de curiosité, d’étonnement et de scepticisme qui jaillit de nos esprits. Sur le papier, tout ça est vraiment digne d’intérêt. Quand on sait que sur cet émirat qui déborde de pétrodollars, il est interdit de fumer pour les moins de vingt ans, interdit de s’afficher en public pour les couples non-mariés, interdit de se balader torse-nu, interdit de faire un doigt d’honneur au cheikh ou de tripoter des chameaux sur la voie publique, on peut se poser la question de savoir si un groupe de Brutal Death Metal aura tout l’espace culturel nécessaire pour se développer comme il se doit. Voilà peut-être pourquoi le groupe a depuis été relocalisé au Canada, dans la charmante ville de Toronto.
En ce qui concerne ce premier album nommé Coils Of Entropy, il n’est pas qu’un simple coup d’essai, car il succède à une démo et un EP, tous deux parus à l’aube des années 2000. Mais il peut être une renaissance. D’ailleurs, si la presse semble unanime, même ceux qui devraient être jaloux de leur succès ne tarissent pas d’éloges. Pour Andy Larocque (KING DIAMOND et DEATH), ce disque « sonne super bien, il est cru et brutal » tandis que pour Patrick Loisel d’AUGURY, que ce soit « au niveau des guitares ou du chant, ce groupe est explosif ! ». Pour ma part, je vais me montrer un peu plus mesuré que ces deux artistes de grand talent. Il est facile de détruire un groupe par la critique de même qu’il est facile de l’encenser trop rapidement. Quand on connaît les dangers que représente cette deuxième situation, il convient de relativiser leur performance. Certes, ils viennent de Dubaï. Mais Dubaï, c’est pas non plus la Corée du Nord ! Alors oui, ce Brutal Death est admirablement bien construit et réalisé. Mais je refuse de le surclasser pour le simple côté extra-musical un peu larmoyant que cherche discrètement à faire passer ce groupe. « Burial Ground » débute dans une cacophonie assourdissante entre des riffs compliqués et une batterie pas plus inventive. Pas de doutes, ce sera du Brutal Death pur jus, même si cette entrée en matière est vraiment chagrine. Puis doucement, cet album évacue la pression, se libère, trouve ses marques. Il faudra attendre « Merciless Annihilation » pour vraiment réaliser l’ampleur du phénomène. Changements de tempos incessants, riffs qui se greffent sur des racines de Death vieille école, vocaux-éructés suidés du plus bel effet coupés par quelques screams moins convaincants et lignes de guitares mélodiques arabisantes, NEPHELIUM joue la carte de l’authenticité à tous les niveaux. Et même si cet enregistrement n’a pas de grandes vertus artistiques, il a le mérite d’être tatillon, tiré à quatre épingles et terriblement groovy. Je connais l’abhorrence que provoque ce terme quand il s’agit de Death Metal, mais quel autre adjectif qualifierait mieux cette démonstration de rythmes « shake-your-booty » ? Au rayon des furoncles, on ne voit pas toujours l’intérêt des compositions à rallonge qui font neuf et dix minutes pour les plus longues, surtout que la facette épique de ce type de choix est ici absente. Aussi, pour être un peu plus exigeant, la batterie n’a pas un son très recherché et les frappes sur les toms sonnent comme un tambour Fisher-Price. De plus, la prestation de Devlin Anderson (chant) sur « Malediction » en particulier est très décevante. Son imitation finale de Taz, le Diable de Tasmanie des Looney Tunes a de quoi laisser dubitatif.
De belles promesses contrastées par quelques défauts, Coils Of Entropy est un album de Brutal Death tout ce qu’il y a de plus honnête. Je pense que si un groupe européen avait sorti un opus du même calibre, il n’aurait pas reçu meilleur critique. Preuve s’il en est qu’il n’y a pas de favoritisme, qu’on peut venir de Dubaï, faire du Death qui tâche et se mêler à la lutte avec les meilleurs formations. C’est juste dommage que certains s’attarderont davantage sur ce dépaysement qui n’en est pas un, considérant NEPHELIUM comme un animal de foire qui rugit au sein d’une scène de plus en plus lisse. Il ne tient qu’à eux de changer la donne.
Ajouté : Mardi 14 Février 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Nephelium Website Hits: 13312
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