Il est de notoriété publique qu’à défaut d’être original dans leur musique, certains groupes cherchent au moins la démarcation dans les détails ou dans un concept. ENDLESS PAIN, nom probablement choisi en hommage au premier opus de KREATOR et qui roule sa bosse depuis 2001 dans le milieu du Death / Thrash européen, pourrait bien faire partie de ceux-là. La belle petite carrière de ces italiens, auteurs notamment de deux full-lenghts en 2005 et 2008, semblait avoir du plomb dans l’aile. Et comme pour tromper l’ennui d’un Metal cent fois entendu, voilà que nos petits potes se cachent soudainement derrière un concept bâti de sang et de terreur pour appâter le chaland. Meurtres et autres affaires d’homicides macabres non-élucidées en Italie ces vingt dernières années, c’est le thème choisi par ENDLESS PAIN pour égayer ce troisième opus, légitimement baptisé Chronicles Of Death.

Le monstre de Florence, les massacres d’Erba et de Circeo ou encore le meurtre de la famille Donegani, autant de faits-divers populaires de l’autre côté des Alpes qui ont inspiré le groupe au moment de composer. Mais à y regarder de plus près, ce concept n’a rien de singulier. Seules les paroles s’y rapportent vaguement et encore, comme tous les groupes de Death, ENDLESS PAIN use et abuse du champ lexical de la mort, de la violence et de l’horreur. En somme, nous voilà confrontés à un album tout ce qu’il y a de plus banal alors qu’on essaye de nous faire croire le contraire. Mais dans ce cas précis, la banalité ne s’applique pas qu’aux apparences mais également au contenu. Pour des musiciens ayant croisé le fer avec des références telles que DECAPITATED, SODOM ou BLOOD RED THRONE, je ne m’attendais pas vraiment à une musique découpée dans la soie et la dentelle. Le jeu de guitare aux origines Thrash, plombé par des rythmiques décadentes typiquement Death, laisse transparaitre une certaine maturité. Les ritals sont directement à ranger dans la catégorie des bourlingueurs, ceux qui ont du métier et qui ne se laissent plus envouter par des fanfreluches techniques de mauvais gout. Seulement, à vouloir faire dans l’efficacité primaire, ENDLESS PAIN en devient minimaliste. Les patterns de batterie éculés de Fuso ne sont pas aidés par la production d’une clarté presque aussi moyenâgeuse que dérangeante. Ces messieurs cherchent constamment un compromis entre la violence exubérante d’un Death / Thrash de la vieille école et des passages plus mélodiques, plus musicaux qui évoquent sans coup férir l’altruisme de la scène scandinave. Chacun s’échange des idées mais à force d’incestes répétés, ces combos accouchent de clones dans une sorte de dynastie douillette et adipeuse que Kim Jong-Un ne renierait pas. Cependant loin d’être une équipe de bras cassés, ENDLESS PAIN mériterait d’offrir davantage de réflexion à des compositions qui foncent dans le tas sans penser aux conséquences pour des auditeurs qui auront un arrière-goût détestable de frigo en bouche. Quelques mid-tempos timides et autres solos brossés (« Death Comes Ripping ») viendront égayer un album tristounet et soporifique sur lequel ni l’intervention de Trevor de SADIST sur « Dead End Nightmare », ni le chant prise-de-tête et contreproductif car trop linéaire d’Hate ne suffiront pour laisser entrevoir une embellie. C’est un océan de convenance qui ruisselle sous nos pieds.

Il devait être écrit quelque part que le sujet grave qu’aborde ENDLESS PAIN dans ses textes lui desservirait, un peu comme une malédiction. Outre sa férocité et sa bonne maitrise technique globale, il n’y a rien de transcendant à retenir de cette œuvre, qui ne fera surement pas autant de bruit que les affaires rocambolesques dont elle parle. On aurait aimé que ce soit l’inverse. Que des faits-divers aussi graves qu’un vol de petit pain puissent déboucher sur des albums grandioses. Dommage.