Le combo parisien SIN AND DEATH avance, sans en avoir l’air, vers sa dixième année. Leur Dark Metal est à l’image des influences et du bagage de ses membres, de la puissance dans un écrin mélodique. Nous ne sommes pas que des bêtes ! Réflexions sur l’introspection, spirale abyssale vers la folie, avec une fleur du mal baudelairienne à la main.
SIN AND DEATH crée son univers, à travers deux EP déjà enfantés, et aujourd’hui avec cet album Engrenage au rouage lubrifié qui en fait une machine confortable, le confort de ta peau douce comme housse pour mes oreillers. Il ne vous aura pas échappé que SIN AND DEATH sait manier le second degré.
Ce CD est en autoproduction, enregistré au studio The Lab à Vanves, par Zoé (HERRSCHAFT, THE CNK).
Un satisfecit pour le visuel de la pochette et les photos du livret, crédits à Stéphane Martinez, et Cyril Siwiaszezyk qui reflètent le visuel décliné par SIN AND DEATH, le côté sombre du Dark Metal avec la fantaisie apportée parfois par les textes, parfois par l’attitude des membres du combo qui ne semblent pas vouloir nous épargner quelques provocations.
L’illustration prend pour thème, si je ne m’abuse, la création par l’allemand Paul Lochmann de Leipzig de l’ancêtre de notre juke-box, à savoir la boite à musique à disque métallique du 19éme siècle.
Il faut dire aussi qu’il est courageux aujourd’hui de sortir un album en Français/Anglais, faisant fi du formatage dicté par les labels ou du marketing bien mal-pensant. Il s’en dégage ainsi une plus grande liberté dans l’écriture et la composition. Si cette approche peut décourager certains fans, elle témoigne d’une démarche originale qui permet de se distinguer en ce début d’année. Avec « Machine », le 1er titre, je fais connaissance avec ce combo, et le chant de Cédric en particulier, qui est aussi crédité des textes, une voix qui oscille entre S.A.S. De L’Argilière de MISANTHROPE et Robert Flynn de MACHINE HEAD. Un rythme pesant, s’emballant par moment, martelé par les notes égrenées, plus légères, d’une boite à musique, fil rouge de l’album, que l’on doit aux claviers de Karelle qui nous a sorti ses plus belles nappes. C’est le cas aussi sur « Let’s Taste Chaos ». L’interprétation du texte en anglais n’apporte guère de plus value à ce groupe qui trouve son originalité ailleurs.
Les guitares de Louis et d’Olivier modulent leur jeu entre rythmique pesante et plus incisive comme sur « There Will Be Blood », la longueur du titre s’y prêtant, plus de six minutes au compteur.
SIN AND DEATH nous fait l’offrande d’un titre liturgique avec « Amen » à la sauce luciférienne. Le texte est sans ambiguïté.
« Nuit Du Mal », aussi loin que je m’en souvienne, il y a bien longtemps que je n’ai pas aussi mal dormi, embarqué par la voix ténébreuse de Cédric, et cette musique qui ne se joue qu’avec les touches noires du clavier…le but recherché est atteint.
« Danse Avec Moi » est un peu plus poussif, normal après la nuit du mal, le compte de sommeil n’y est pas.
On termine « Vers La Lumière », le combo, avec ce premier album, est sous une bonne étoile, il va pouvoir approcher et toucher la lumière, l’espoir pour eux n’est pas mort…
Si l’album Engrenage est sombre, il n’est pas désespéré pour autant, et se permet, par ses textes, d’être mâtiné d’une ironie voltairienne dans la langue de Molière. Le tout participe à une alchimie délectable qui fait de SIN AND DEATH une belle surprise qui mérite toute notre attention. Combo digne d’intérêt qui fait de son originalité sa personnalité.