Mine de rien, c’est déjà la troisième fois en quatre ans d’activité que je traite avec OFFENDING. Mon estimé collègue Loki affirmait déjà haut et fort lors de sa chronique de leur première démo en 2005 que « OFFENDING a de l’avenir devant lui ». Sept années plus tard, on ne peut que lui donner entière raison. Les Bordelais n’ont pas perdu leur temps et continuent discrètement leur petit bonhomme de chemin au cœur de la sphère Death Metal française. Et si leur nom peine encore à trouver écho à travers le territoire national, il n’en demeure pas moins une valeur sûre, tant la justesse et la propreté de leur musique sont deux atouts amplement suffisants pour ravir n’importe quel aficionado de Death avec des couilles au cul. Second album, Age Of Perversion est forcément un cap important après le brillant Human Concept de 2010.

Seulement voilà, il n’y a qu’une année (et quelques mois) qui sépare ce disque de son grand frère et le moins que l’on puisse dire, c’est que si cette sortie n’est pas vraiment précipitée, elle n’en demeure pas moins hâtive. Pendant que Human Concept reprenait tranquillou quatre compositions présentes sur leurs deux premières démos, Age Of Perversion fait intégralement dans l’inédit, même si l’on peut suspecter OFFENDING d’avoir allègrement pioché dans une boîte à idées débordante. L’entrée en matière laisse pantois. Des guitares mélodiques glaçantes, un peu Black Metal dans l’esprit, chevauchées par un jeu de batterie suiveur plutôt que leader, les Français nous offrent une introduction un peu inhabituelle. Tout se débride après 100 secondes aussi intenses que pénibles, quand les premiers gargarismes du désormais emblématique Jesus The Butcher résonnent comme des coups de marteau dans la tempe. On retrouve alors l’OFFENDING ambitieux et conquérant, même si le déroulement de cet opus laissera entrevoir quelques failles inédites dans un système jusqu’alors parfaitement huilé. La densité tout bonnement hallucinante de leur Death Metal tendancieusement brutal laisse ici davantage de marge à des mid-tempos et des phrasés techniques qui s’incrustent difficilement dans un mur de son moins homogène que dans le passé. Il aura fallu attendre un « Depravity » concis mais terriblement entrainant pour entrer de plein pied dans ce disque. Précédemment, on avait le choix entre un « Enslavement » épileptico-anecdotique et un « Dominion » haché-menu assez maigrelet. OFFENDING avait posé sur table quelques lacunes dans la composition, tout en continuant sa démonstration technique entreprise depuis le commencement. Mirage. En la présence d’« Age Of Perversion », on oublie les couacs pour se plonger dans ce qui est à mes oreilles, la compo la mieux écrite de leur répertoire. Différents tempos se succèdent dans une ambiance hypnotique pour aboutir sur un final grandiose, mêlant répétitivement alarmisme et angoisse. Après cette bifle, le retour à la réalité est plus rude, notamment avec un « Submission » qui tire sur la corde et un « Devotion » dont la deuxième partie tout en toucher sur la lead et qui marque en même temps la fin du skeud, ne suffit pas à masquer les quelques creux qui garnissent Age Of Perversion.

Si cette sortie n’est qualitativement pas très éloignée d’Human Concept, on ne peut s’empêcher d’émettre quelques réserves après avoir constaté de rares temps faibles parmi une multitude de temps forts. OFFENDING n’en demeure pas moins un groupe qui a le mérite d’avancer en permanence et surtout, qui fait bouger les choses. Au final, ceux qui n’ont pas pour objectif de porter une analyse poussée sur un disque de Death et qui n’en écoutent que par simple plaisir ne remarqueront même pas l’aspect bosselé de cette œuvre. Dans le jargon viticole local, on parlerait de bon château.