Inexplicablement, lorsque je regarde le visuel de Ø (Disambiguation), je me trouve envahi par une nuée de frissons. Il est vrai qu’avec ce zéro absolu entouré de nuages, de typhons, de gouttes de pluie et j’en passe, on ne peut rester de marbre face à cette cover. Ce qu’il y a de particulier avec cet album, c’est qu'il est le premier que la formation a enregistré sans leur batteur, Aaron Gillespie, qui les a quitté en avril 2010. Il jouait un rôle important car il gérait non seulement la batterie mais aussi le chant clair. Nos p'tits gars ont donc dû assurer ce septième effort avec un autre batteur. UNDEROATH (ou UØ si vous préférez) a été formé en 1997. Il est à présent composé de Spencer Chamberlain aux vocaux, Daniel Davison à la batterie, Timothy McTague & James Smith à la guitare, Grant Brandell à la basse et Christopher Dudley au clavier.

Voyons ce que donne cette galette. Au début, je dois dire que je lui avais réservé un accueil assez froid étant donné mon inquiétude de ce que le nouveau line-up allait nous pondre. Si seulement j'avais su la claque glaciale qui m'attendais, je me serais rué sur cet album depuis longtemps.

A première vue, tout cela paraît bien vide et sonne un chouilla creux. Certes, ça donne un certain relief à l’album, mais lorsqu'on est habitué à écouter un They’re Only Chasing Safety qui donne la patate, on est vite dépaysé. Cependant il ne faut pas se leurrer, cet album reste une pure merveille à écouter. On commence « In Division », un léger bruitage d'humidité se fait entendre et ça y est ! Nous voilà partis pour un voyage dans les abysses les plus profondes. Spencer ne se contente pas de hurler comme un dératé tout le long de l’album, il chante, il parle, il chuchote, en bref, il varie à merveille son chant pour le plus grand plaisir de nos oreilles. Les morceaux qui nous sont proposés sont brutaux à la « Illuminator», mais on trouve aussi des pistes émotives et mélancoliques comme « Paper Lung ». Les guitares et la batterie font un boulot remarquable pour éviter de nous ennuyer. Certains passages m’ont fait frôler la syncope sur « Who Will Guard The Guardians » qui est pour moi le morceau à écouter en priorité si l’on veut savoir à quoi s’attendre en écoutant ce bijou. Dans ce morceau, le groupe nous sort carrément les chœurs, ce qui renforce d'autant plus le côté religieux. On a aussi droit à deux belle interludes qui sont... impossible à définir. D'un côté nous avons le reposant « Driftwood » où Spencer nous sussure ses paroles incantatoires et de l'autre un « Reversal » des plus oppressant qui vous donnera une bonne dose de sueurs froides tant elle semble émerger des profondeurs.

Difficile de trouver de réels défauts à Ø (Disambiguation). On ne retrouve peut-être pas la fougue de la jeunesse comme sur les précédents albums, mais la formation a largement su compenser par cette galette qui est fouillée et super travaillée au niveau des ambiances. A peu de choses près, on était pas loin du chef d'oeuvre mais que voulez-vous, la perfection est si dure à atteindre... Espérons maintenant qu'ils arrivent à maintenir la cadence et continuent de nous sortir des petites tueries comme ça. Je n'ai plus qu'une chose à dire ; amen !