OTIUM (FRA) - Sacrificed Generation (2009)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 28 septembre 2009
Pays : France
Genre : Rock / Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 45 Mins
L’autre jour, d’humeur belliqueuse, je me suis saisi de l’album Sacrificed Generation d’OTIUM, d’un casque, de mes Rangers et d’une baïonnette, prêt à aller au combat. J’ai mis la rondelle dans le mange-disque et j’ai réalisé que j’étais arrivé après la guerre. En effet, ça va bientôt faire trois ans que les Essonniens ont sorti leur premier CD. Et comme il parait que l’exactitude est la politesse des rois, aujourd’hui, j’accepte d’être leur bouffon. Mais faisons comme si de rien n’était. OTIUM, c’est un trio, ça s’est formé en 2003, ça vient de la région parisienne et pour le moment, ça n’a pas encore fait beaucoup de bruit. Cet opus vient donc à point nommé pour faire les présentations, après deux démos en mars 2006 et septembre 2007 qu’on peut résolument qualifier d’anodines.
Je ne vais pas vous cacher la vérité bien longtemps, le cas de ce groupe est assez difficile à traiter. Evoluant dans un registre musical qui ne s’inscrit avec précision que sous l’étiquette Metal au sens large, trop volatile pour vraiment revendiquer ses influences Neo et Fusion, les compositions du combo nous laissent le cul entre deux chaises. D’un côté, il y a cette qualité indéniable dans le songwriting, cette finesse dans les arrangements et cette production nette et sans bavures, avec une osmose très intéressante entre les parties chantées et les instruments qui les accompagnent. D’un autre, il y a ce manque de repères, cette instabilité chronique, cette incapacité à vraiment établir une ligne directrice claire, naviguant à vue entre un Stoner Rock pataud, un Fusion instable à la RAGE AGAINST THE MACHINE et un Neo alternatif à la SEETHER, lorgnant aussi sur le Grunge ou parfois le Hardcore. C’est une musique très personnelle, surement singulière, que l’on peut également facilement assimiler à un gloubi-boulga. Et malheureusement, c’est bien ce qui arrive une fois qu’on a compris qu’OTIUM ne proposera rien de vraiment stupéfiant. Comme je le disais plus haut, il y a une vraie dynamique dans ces créations qui restent relativement bien écrites, mais passée la découverte de la (trop grande) diversité de cet album, notre attention se détache progressivement. Je pense que ces garçons pâtissent grandement de leurs tempos flegmatiques et de l’aspect décousu de leurs propositions. Sacrificed Generation aurait probablement eu un impact plus important avec un deuxième guitariste pour mettre l’accent sur la rugosité des riffs. Ici, tout est gentil, tout est soft. Ça sonne un peu énervé parfois mais ce n’est pas méchant. Il y a aussi deux chanteurs, Guillaume, sa voix nasillarde, grave, un peu soporifique et Aurélien qui propose des screams un peu plus excités. La dualité n’est pas mauvaise mais là encore, on sent que le jeu n’est pas joué à fond. Et surtout, il y a cet accent franchouillard à couper au couteau dans des textes écrits en anglais qui fait tout sauf naturel. Parmi les temps forts, puisqu’il y en a quand même, on remarque que c’est quand OTIUM rend son jeu plus groove et Rock N’ Roll que ça passe le mieux, avec de bonnes chansons comme « Around Me » ou « Story ». Le reste s’inscrit davantage dans le domaine de l’anecdote, malgré une sortie au piano qu’on peut trouver au choix inventive ou hors-de-propos.
Quasi-trois années ont passé. Nos français se sont désormais trouvé un second guitariste et ambitionnent la sortie d’un deuxième opus au courant de l’année 2012. Comme quoi, si j’avais été tout aussi sévère avec eux en 2009, j’aurais eu tort sur un point : leur ténacité. OTIUM est un ectoplasme qui semble plus vivant que jamais et la moindre des choses sera de prendre en considération ce nouvel effort, qui a plus de chances d’être une bonne surprise qu’une mauvaise, au vu d’un Sacrificed Generation en demi-teinte.
Ajouté : Mercredi 30 Mai 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Otium Website Hits: 7310
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