MISERY INDEX (usa) - Heirs To Thievery (2010)
Label : Relapse Records
Sortie du Scud : 11 mai 2010
Pays : Etats-Unis
Genre : Death / Grind Metal
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 34 Mins
Vous la sentez, cette douce odeur de cynisme ? C’est MISERY INDEX qui approche. Impliqué depuis toujours dans la lutte contre la misère sociale, ces américains ont poussé le vice à son maximum, allant jusqu’à tirer leur nom de scène d’un indicateur économique créé dans les années 1970 par Arthur Okun. Reflet d’une société qui refuse le laxisme de ses dirigeants, ce quatuor prolifique n’est jamais le dernier pour frapper un grand coup dans la fourmilière. Avec son quatrième album studio, Heirs To Thievery, c’est vraisemblablement le système colonialiste qui va passer à la moulinette, si l’on se réfère à une pochette comme d’habitude, de très bon goût. Référence incontestée en matière de Death / Grind et exemple type d’une carrière fulgurante qui n’aura mis « que » dix ans à se construire, MISERY INDEX squatte aujourd’hui le haut du panier grâce à ses albums corrosifs. Et ce dernier sera une énième bonne raison de ne pas croire au « rêve américain ».
Comme de coutume, un CD de ce groupe est à manipuler avec des pincettes. Si vous pouvez appeler un démineur, c’est mieux. Car Heirs To Thievery est une petite bombe à clou chargée de zinc et de plomb, la même qui aura fait perdre la tête à Auguste Vaillant. « Br00tal as fuck », expéditif, ravageur, un concentré de Grind à l’américaine comme DYING FETUS et BRUTAL TRUTH n’en font plus des masses, ce full-lenght est une agréable surprise, après un Traitors qu’on pensait être ultime dans leur discographie. Grâce à ce nouveau rejeton, les ricains effectuent une fois encore un pas en avant. Je ne pense pas qu’on soit en présence de leur meilleur album à ce jour (souvenez-vous de Discordia…). Par contre, je crois très sincèrement que c’est leur disque le plus mature et le plus équilibré. MISERY INDEX a toujours exprimé sur ses sorties un penchant plus prononcé pour le Death ou pour le Grind. Ici, la balance est presque à l’équilibre. On retrouve des compositions brossées, orientées Brutal Death comme « Sleeping Giants » avec en invité John Gallagher de DYING FETUS et d’autres vraiment concises et névrosées, typiquement Grind à l’image d’« Embracing Extinction » (avec Richard Johnson d’AGORAPHOBIC NOSEBLEED) ou de « Day Of The Dead » (avec Mough Alvarado d’A WARM GUN). Tout ça est évidement rendu explosif et efficace grâce à une production très authentique, qui allie parfois la rigidité des enregistrements typiques des années 90 et une modernité qui est devenue nécessaire de nos jours pour un rendu optimum. Heirs To Thievery est bien évidement à considérer comme un modèle du genre. Non pas parce que les compositions qui le garnissent sont géniales, mais parce qu’il est le prototype même de l’album de Death / Grind « Newgen » par excellence. Une régularité impressionnante qui pourrait passer pour de la force tranquille, des riffs parpaings juste ce qu’il faut de techniques, une basse qui claque et les aboiements de Mark Klöppel qui viennent se greffer sur des créations suffisamment travaillées pour passer sans encombre le cap de la diversité, tous ces éléments enfilés bout-à-bout comme des perles aboutissent parfois à ce qui peut ressembler de près à leurs meilleurs compos. Je pense particulièrement à « The Spectator », absolument divine ! Enfin, n’oublions pas de mentionner les participations de messieurs Matthews (CRIMINAL ELEMENT) et Rutan (HATE ETERNAL) sur un album qui finira par compter pas moins de sept tessitures vocales différentes. Une bonne façon de faire durer les traditions.
Terriblement accrocheur voir même racoleur par endroits, comme quand Rutan et Klöppel se tirent la bourre sur « The Illuminaught », Heirs To Thievery est un effort solide, intransigeant comme on en trouve peu de cette qualité technique. Il n’aura pas besoin de passer en boucle pour asseoir son autorité. Pour MISERY INDEX, c’est quelque chose d’inné. Voilà maintenant une grosse décennie qu’ils imposent le respect. Alors on connaît bien sur la réputation de cette scène à travers le monde et son penchant avoué pour les petites tueries organisées. Cette galette en est une. Venant d’une formation de ce standing, ça ne pouvait de toute façon pas être autre chose.
Ajouté : Mardi 26 Juin 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Misery Index Website Hits: 7312
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