HORD (FRA) - The Waste Land (2010)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 13 novembre 2010
Pays : France
Genre : Metal moderne
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 51 Mins
Ce monde tombe en lambeaux. C’est en tout cas ce qu’a l’air de penser la silhouette pénétrante qui orne la pochette du second album des français d’HORD. Originaire du Sud de la France, entre Montpellier et Nîmes, le quintet qui compte officiellement dans ses rangs Hadrien Tourrenc, un programmateur « machines » qui fait aussi office de screamer en concerts, n’est pas là pour rigoler. Et à l’écoute de The Waste Land, CD éminemment travaillé s’il en est, on comprend mieux pourquoi la horde a choisi de considérer Monsieur Tourrenc comme un membre à part entière plutôt que comme un pion juste utile à créer des arrangements. La cohésion entre eux est totale, presque fusionnelle. C’est quelque chose qui agrippe tout de suite l’oreille, bien avant la profondeur et l’intensité de leur Metal aussi inattendu que novateur.
Brillante. Voilà un mot qui caractérise bien cette œuvre. On ne peut pas dire qu’HORD soit déjà une pièce-maitresse de la scène française. Mais en poursuivant son ascension, il pourrait vite le devenir. Parce que The Waste Land c’est la furie et le pouvoir. Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse. Et cet opus nous rend justement ivre de sérénité. Ces Sudistes sont sereins, ils maitrisent la bête qui sommeille en eux. Libérée pendant près d’une heure, elle fera un maximum de dégâts. La base du Metal de ces Français est difficile à cibler avec précision. Ils s’inspirent probablement de tout ce qui se fait de plus moderne dans le genre, en y ajoutant un groove et une facilité juste incroyable. Cette musique s’accroche à vos lobes percés, les déchirent et se hisse dans vos tympans pour attaquer le système nerveux. Il y a du Metal Indus, du Death, du Hardcore, du Cyber, du Thrash, du Power. C’est du HORD, tout simplement. Et de mémoire, je n’ai encore jamais dit ça d’un groupe « débutant ». Ce Metal moderne, teinté de refrains accrocheurs, de sonorités contemporaines, d’une production signée Jochem Jacobs (TEXTURES) et découpé en trois chapitres, explose telle une bombe dès le prologue, totalement apocalyptique. On repère déjà très vite ce grain particulier dans les guitares et le jeu de batterie fluide de Vincent Barnavol. Ces deux éléments nous accompagneront tout au long de l’œuvre, avec des pointes d’intensité plus marquées à certains endroits, comme le tube en puissance « Unreal City » ou « The Watcher » (non, pas celui d’ENSLAVED) à l’intro très coreuse dans l’âme. Quelques samples viennent s’immiscer dans le magma, profitant du chaos pour se fondre dans le décor. Un gros travail a également été consacré aux voix. Une Death gueulée, bien profonde et cinglante. Une autre claire, un peu nasillarde, écorchée vive, pas un truc de pédé. L’osmose entre les deux est magnétique. Elles se renvoient la balle dans un jeu de questions-réponses admirablement bien conçu et avec là encore, de nombreux temps forts particulièrement présents dans les refrains. Tantôt chaotique, tantôt acoustique (avec « The Burial Of The Dead » qui reprend le motif introductif d’« Epidemic »), tantôt souriant (« The Waste Land (Part 2) ») mais aussi exubérant de créativité avec les dix minutes complètement barrées et épiques de « The Grand Expedition », The Waste Land est une mécanique rutilante, en adéquation totale avec l’idée qu’on se fait du Metal moderne. Il y a du STRAPPING YOUNG LAD dans l’air pour le côté créatif, du SCARVE pour le côté explosif, du TEXTURES pour le côté progressif. Et le tout s’emboite avec autant de facilité que des pièces de Lego pour ne faire qu’un. HORD.
Je me connais comme si je m’étais moi-même fait. J’éprouve rarement un engouement démesuré pour les premiers essais et la transcendance vient toujours de groupes supposés plus huppés. Mais HORD renverse la vapeur avec The Waste Land et mérite bien d’inscrire les quatre lettres qui lui servent de nom durablement dans le paysage Metal français. Avec un troisième et nouvel album prévu pour le printemps 2013, DAGOBA et GOJIRA peuvent commencer à serrer les fesses. J’ai bien l’impression que les courbes ne vont pas tarder à se croiser.
Ajouté : Mercredi 12 Septembre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Hord Website Hits: 8196
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