Il y a dans la langue allemande quelque chose de magnétique. Pendant que nous disons Blanche-Neige, que les espagnols chuchotent Blancanieves, que les italiens chantent Biancaneve, que les anglais chuchotent Snow White, les allemands gueulent Schneewittchen ! Aucune finesse, aucun doigté, aucune distinction. C’est ça qui est bon. Avec [DIE!], vous allez probablement encore une fois avoir de la bave plein la bouche en essayant de lire les paroles à haute voix. Parce qu’à l’instar de RAMMSTEIN, d’OOMPH !, de TANZWUT, d’EISBRECHER, de KNORKATOR, de KMFDM, les teutons chantent dans leur langue natale. Et croyez-moi, ce disque n’aurait surement pas la moyenne s’il était chanté en anglais. On retrouve évidement un peu de chaque groupe cité ci-dessus dans la musique de [DIE!], simplement parce que le quatuor est lui aussi un membre apparent de la grande famille Neue Deutsche Härte. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’on retrouve au micro Matze Elsholz, chanteur pour MEGAHERZ entre 2003 et 2005 mais présent sur un seul album, le 5 de 2004.

Pour commencer, j’ai lu pas mal de choses sur ce groupe mais principalement des comparaisons fortuites avec RAMMSTEIN. J’ai horreur de ça. Dès qu’une formation chante en allemand et se fait un peu martiale dans sa musique, ça y’est, c’est du ressassé de RAMMSTEIN. Je ne suis probablement pas le mieux placé pour critiquer les énormités des autres, mais j’aime suffisamment la bande à Lindemann pour ne pas oser le moindre rapprochement avec [DIE!]. Le seul moment où un lien peut-être établi, c’est sûr le titre « Herzlos », quand Matze prend une voix vraiment similaire à celle de Till période Herzeleid et que les guitares évoquent un flirt improbable entre « Der Meister » et « Bück Dich ». Pour le reste, oui, les riffs sont durs, très industriels, très militaires, mais pas au point d’émettre la moindre comparaison. S’il fallait à tout prix faire un rapprochement, je verrais plutôt OOMPH! dans la peau du plagié. Dans les arrangements, dans l’utilisation de claviers pour le côté Electro, [DIE!] se rapproche énormément du jeu de Dero, Crap et Flux sur les albums Unrein et Plastik. Une fois encore, les teutons ciblent bien précisément leurs envies et s’ils s’inspirent plus ou moins de tout ce qui s’est fait de mieux au sein de la mouvance Neue Deutsche Härte, on leur laissera bien volontiers une forte personnalité. Il y a même des brindilles de Teutonic Thrash (le « Gisela » de SODOM sur « Jeder Mit Jedem ») ou des vapeurs de KMFDM période Hau Ruck. Vicieux, varié, terriblement industriel, digne d’illustrer un spectacle pyrotechnique grandiose, avec en point d’orgue un « Dam Dam (Marmor, Stein Und Eisen Bricht) » rocambolesque, Still se démarque par sa variété. Parmi les noms que je n’ai pas encore évoqué mais qu’on retrouve également dans ce disque, il y a l’immense Der Graf d’UNHEILIG ou encore Stefan Ackermann et Bruno Kramm du duo Electrogoth DAS ICH, un membre éminent de la Neue Deutsche Todeskunst, le pendant macabre du NDH. Au final, je me rends compte que j’aurais énormément cité dans cette chronique, beaucoup plus que je n’aurais décrit. C’est quelque chose de positif. J’adore quand un groupe est tellement magnétique et prenant qu’il m’empêche de trouver mes mots, au point de me faire meubler avec des références. C’est un gage de qualité.

Alors vous savez ce qu’il vous reste à faire. Si vous êtes sensible à tout ce qui se fait de l’autre côté du Rhin en matière de Metal disciplinaire, que vous n’avez pas peur de marcher au pas et que l’ambiance militaire des vieilles sorties teutonnes de Metal industriel ne vous effraie pas, jetez vous corps et âme sur Still. Aussi aurais-je besoin de rajouter que « still ! » signifie « silence ! » dans la langue de Goethe. Et que vos pulsions SM pourraient bien être titillées à vos risques et périls par un album qui se nourrira principalement d’auditeurs soumis. En êtes-vous ?