SKORZUM (FRA) - Ecce Occulto (2011)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 26 novembre 2011
Pays : France
Genre : Black Metal Atmosphérique
Type : Album
Playtime : 5 Titres - 34 Mins
La France et le Black Metal, c’est une longue histoire de groupes talentueux à l’identité marquée et reconnue. Mais du Black Metal comme celui que nous propose aujourd’hui SKORZUM, avec son premier EP, Ecce Occulto ? C’est plutôt rare d’en voir traîner de par chez nous. Formés en 2006 autour du trio Aritz, Aepyros, et Gi, les Franciliens se sont d’abord attelés à créer une réelle communion entre eux, avant de délivrer ce Black Atmosphérique extrêmement soigné.
Comme l’on peut le voir sur sa pochette, le combo se représente derrière un logo simple, mais à la fois extrêmement complet et réfléchi. À l’instar de celui de SMOHALLA, à travers lequel on retrouvait ce même esprit de combinaison de symboles aux significations mystiques, voire métaphysiques. Et si le titre de l’œuvre peut faire penser à un pamphlet traitant de sujets occultes, comme de nombreuses autres formations du milieu, il n’en est rien. Rédigés par rapport à l’expérience personnelle des membres en tant qu’unités au sein d’une même entité, ils concernent leur passion, leur foi en leurs objectifs pour permettre à la cohésion de l’ensemble de régner. Et de la cohésion, il y en a assurément dans Ecce Occulto, qui propose cinq compositions navigant de 5 à 8 minutes, bâtissant un Black Atmosphérique que l’on pourrait, par moments, rapprocher de leurs voisins de chez ORAKLE, en version plus ésotérique, occulte même.
L’atout principal de SKORZUM, c’est son emploi des synthés, façon SEAR BLISS à ses débuts. Les Français ne se démontent pas et les assument jusqu’au bout. Ainsi, de ses notes pianotées irréelles et samples élégiaques envoûtants, Aritz se dispose complètement en phase du déroulement des pistes et insuffle une vraie dynamique à ses partitions. Pleinement privilégiés dans le mix, ces artifices sont omniprésents - sans pour autant conduire à l’overdose - et délimitent, la plupart du temps, le plan atmosphérique, glissant quelques lignes mystiques et comblant les ponts synthétisés d’une aura particulière, mystérieuse. On peut tout de même trouver les orchestrations relativement similaires, en dépit des efforts de variations sur les intros. De par cet instrument, Aritz nous enveloppe aisément de l’atmosphère presque lyrique du groupe, partagée entre fascination cupide et peine empathique. Malgré leur longueur, les structures des morceaux, loin d’être rébarbatives, suivent un cheminement logique où l’alternance de sections de contemplation mystifiée avec les interventions plus "malsaines" - si l’on peut les qualifier comme telles - est joliment agencée.
Les climax sont ainsi appuyés de schémas rythmiques accablants. Bacchus, à la basse, y est exceptionnel, mâchonnant clairement l’ambiance opaque de ses cordes d’acier monstrueuses. Il aide vraiment à bâtir cette dimension pieuse et affectée en rendant l’air lourd, tendu, à l’instar de son travail sur « Lacrimosa ». Le batteur, Gi, est également bien en place, laissant gronder une tempête de fond en faisant tourner la grosse caisse à un régime élevé. Ses percussions ont cet aspect étouffé dans leurs heurts qui lui permet de concorder à la vision atmosphérique des pistes. Il n’est pas forcément d’une sauvagerie insoutenable, mais reste dans le ton, et sait délivrer son dû à chaque section intense. Par exemple, « Destruction », qui porte bien son nom, est lancée sans vergogne sur une avalanche de blasts et riffs meurtriers, tout en gardant cette dualité particulière avec les samples sous formes de chœurs fantastiques. C’est une piste où le chant est d’ailleurs plus présent, déversant sa pleine rancœur mélancolique de concert avec les cordes dissonantes. S’il faut attendre le milieu d’album pour avoir le premier tremolo picking, Aepyros tisse autrement des riffs constants, qui n’ont aucun mal à s’apprécier dans le mix. Il faut savoir que la rythmique ne s’accapare jamais tout l’espace sonore façon déchaînement chaotique. Chaque instrument est à sa place, les claviers demeurant sur le devant, tout comme la voix qui reste bien audible. Même lors des sections fortes, comme sur « Iris » où le jeu de guitare se veut plus lourd, plus âcre, et la batterie y est mise en exergue.
Et, également vocaliste du quartet, Aepyros éructe, pas dans des cris aigus d’aliénés à la SILENCER, mais d’une voix déchirée dense, et poignante. Aussi émacié et plus posé, son chant parvient à conserver une adéquation avec l’atmosphère. Certains passages le voient même virer plus spectral, plus diffus, pour avoir cette sensation d’emprise totale sur l’espace sonore en plus des crashs de cymbales et quelques hurlements. Tel que « Communion » le fait. Cela ravive, pendant un temps, aux oreilles d’un auditeur envoûté, la dimension menaçante et vicieuse qui se terre dans l’ombre des compositions. Excepté sur une piste, toutes les paroles sont en français. Difficilement compréhensibles sans y porter une attention particulière, dû à cette élocution Black où les syllabes traînent en râles infinis sur une couche de blast beats, la captation de certains mots intensifie l’emprise de leur musique. La prestation d’Aepyros sait aussi bien être lente que fielleuse lors des décadences brutes d’un « Hati », dont certains plans rythmiques sont davantage Progressif. Enfin, avec ces lignes de synthés denses, épiques, et le chant éraillé désemparé, c’est parfois le duo de SUMMONING - en version plus "propre" - qui vient en tête vis-à-vis de leurs travaux les plus déchirants.
Ecce Occulto n’est que leur premier EP, et pourtant commence déjà à se dessiner une identité sonore singulière au sein des compositions de SKORZUM. Chaque morceau, en plus de se dresser dans une ambiance cohésive par rapport à la dynamique et l’atmosphère de l’ensemble de l’œuvre, parvient à conserver sa propre identité. D’une utilisation pertinente des claviers et de la compréhension des différents mouvements propices au périple spirituel de l’auditeur, c’est donc une première production des plus honorables que livrent les Franciliens.
Ajouté : Mercredi 10 Octobre 2012 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: Skorzum Website Hits: 8356
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