RITUAL OF ODDS (gr) - Underverse (2010)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : janvier 2010
Pays : Grèce
Genre : Death Metal Mélodique
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 45 Mins
En l’espace de vingt ans, on en a eu des occasions de se farcir le Death Metal Mélodique à toutes les sauces possibles, combiné avec pratiquement tous les genres existant. De plus en plus moderne, de moins en moins Death, le genre décline au fil des âges. Et l’arrivée des voix claires, depuis qu’elles ont été démocratisées et plus ou moins bien employées par les ténors qu’étaient IN FLAMES et DARK TRANQUILLITY, n’a pas arrangé la perte des racines du style. Toutefois, ce que nous sortent les Grecs de RITUAL OF ODDS, j’en avais rarement entendu pareille combinaison. Du Death Mélodique, retirez-en toute l’essence agressive, et voilà, vous avez Underverse, leur premier album.
Du sous-sous-sous Death Mélo, tout ce qu’il y a de plus insipide. D’ailleurs, ça se rapproche davantage des derniers travaux de SENTENCED, mais là encore, la comparaison ne tiens pas la route plus de dix secondes. Absolument toutes les compositions sont dénuées d’intérêt. La musique du quintet sonne creuse, elle est vide de sens et ne possède, à part quelques solos bien tournés, aucune accroche, aucune émotion. Pour dire, on entend même les fausses notes ! Par exemple sur « Living Inside This Mirror » qui débute façon ballade, à fleur de peau, comme un titre pianotée de Pascal Obispo. Insupportable. Plus épouvantable encore est que personne ne semble en phase. Les musiciens sont complétement en berne, comme si chacun avait enregistré ses riffs, lignes de voix, schémas percussifs, dans son coin et puis qu’ils avaient tout superposé à la fin, sans chercher à avoir des titres harmonieux, puissants, ou porteurs d’atmosphère.
Le pire étant incontestablement Kostas, le porte-parole du groupe. À un moment il va falloir donner des explications. Soit il avait une extinction de voix, soit il se réveillait d’une gueule de bois, ou bien il ne sait tout simplement pas chanter. Prenons le titre « Razorcross », par exemple. Son growl est extrêmement poussif, pour avoir un rendu soi-disant "méchant" et ses placements vocaux sont tellement déphasés, que l’on a l’impression que le frontman s’est décidé à chanter il y a une semaine. Tout le monde peut faire pareil en imitant la voix bestiale. Et, mise à part cette piste, sur les quarante autres minutes de l’album, il doit y avoir, au grand maximum, une minute de growl ou chant plutôt extrême, répartie sur des mots, des syllabes finales, et lors des refrains. Du grand art, vraiment. Car, à côté, c’est la voix claire qui prédomine. Et quelle voix claire ! Pire que les intonations Heavy/Power de EMERGENCY GATE, ou que les ratés du leader d’ILL NIÑO. Kostas a un timbre nasillard avec des consonances rocailleuses au fond. Rien de très esthétique, et il ne se fait pas prier pour démontrer ses talents. Dès le premier titre, et pour la grande majorité de l’album, il chante faux. Son phrasé est ridicule, et il n’y a absolument aucun effort de fait pour rendre sa voix harmonieuse. Sans compter les effets de vocodeur laids, et les moments émotionnels à se plier de rire tant l’aspect dramatique est sur-exagéré sur les partitions pianotées (« Apathy »). En plus de paroles niaises et d’une prononciation anglaise à couper au couteau.
Sur les trois pistes dépassant les cinq minutes, on pouvait espérer que le groupe dévoile une certaine inventivité. Niet. Ce ne sont que des compositions banales qui répètent les mêmes schémas, auxquels s’ajoutent un pont atmosphérique (éclairs, pluie) ou un solo. « Of Time And Scars » sort quelque peu du lot avec une construction acoustique et des cordes frottées, mais le chant parlé y est de plus mauvais effet. Les démonstrations "virtuoses" des guitaristes ne sont pourtant pas mauvaises, et posent un entrain mélodique, même s’il persiste quelques pains (« Chronicles Of An Inner War ») et qu’on a déjà entendu ces formulations des milliers de fois (« Doors »). Pour les soutenir, un batteur trisomique, qui se contente de frapper sur les deux mêmes toms tout du long. La dynamique est au ras des pâquerettes. Déjà, les rythmiques donnent plus l’impression d’être empruntées du Heavy, et le riffing tourne Neo à la SLIPKNOT (« Corruption »), toujours avec les mêmes riffs pauvres et bancals en boucle. Les guitares semblent même désaccordées tant tout est trop rustique et maladroit. « Mystic Temple » opte pour un accordage grave pour pallier au manque d’agressivité des jeux, mais c’était sans compter les montées de voix dignes d’un chanteur de variétés. Et quand la batterie s’agite, elle en fait des caisses, enchaîne roulements de toms et frappes de cymbales pour rien, sans tenir compte du jeu des guitaristes, ou peut-être est-ce l’inverse. Et la basse, elle parvient admirablement à se faire oublier jusqu’à « The Godfather », la plage finale, sans rien lui apporter si ce n’est la bombarder d’accords gras. Une piste qui fait penser au groupe de Rock du coin qui anime la fête de l’école du village. Au final, « Torment » est le titre le plus actif du disque, le plus intéressant aussi, puisqu’il met en place une alternance d’arpèges harmonisés et sections de double avec quelques growls, et une voix rocailleuse énervée qui passe bien.
Qu’on vienne me dire que l’étiquette des genres importe peu, et que ce qui compte c’est la musique présentée. RITUAL OF ODDS se revendiquent comme un groupe de Death Mélo, ils y font référence sur certains plans vocaux, des riffs, ou des solos. Mais le reste n’a rien de Death Mélo, c’est le néant créatif. Mou, avec une voix sans conviction, et une originalité à l’autre bout du monde. Les instruments ne sont pas maitrisés, et le groupe a tout bonnement l’air de s’être enregistré alors qu’il répétait, ou bien qu’il n’avait pas assez d’argent pour payer le studio et s’est contenté d’une seule prise. Appelez leur musique comme vous le voulez, même si c’était du Neo, du Heavy, du Gothic, ou autres, ils ne bougeraient pas du bas du tableau.
Ajouté : Mercredi 10 Octobre 2012 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: Ritual Of Odds Website Hits: 8538
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