Pour moi un album est un tout, je fais de la résistance au tout numérique, au dématérialisé, pour combien de temps….j’ai bon espoir, le vinyl revient en force, et j’accorde une part belle à l’artwork, au visuel et au packaging. La pochette de Stand Up And Walk fait mouche avec sa teinte chaude orange sanguine, et un pantin suspendu à ses fils, générateurs de vie.
Sylvain, en bon Gepetto qu’il est, va lui intimer l’ordre : « Lève toi et marche »… mais qui est le pantin de l’autre ?

Il faut que je vous dise qu’au moment de l’enregistrement de cet album, le groupe SOUL DRIVER était composé d’un seul membre, un combo mono-membre. En août 2012, Matthieu, guitare est venu étoffer l’équipe. Il faut donc aborder cet album comme un projet solo de Sylvain Taupe, qui officiait dans le groupe de Heavy Metal POLARYS. Il est donc tout naturellement crédité des paroles, musique, basse, guitares, chant, programmation batterie, Anne se chargeant de la logistique : sandwich, bière… et du black velvet cat.

C’est avec le premier titre, « Rock Dust » que nous faisons connaissance avec l’univers musical de SOUL DRIVER. Nous sommes plus dans la séduction que l’agression, avec un timbre de voix chaude, tonalité dans les basses, jeu de guitare développé, tiré comme un solo, et la vibration grave de la basse. « Minor Blues » sonne 60’s, les notes égrenées par la guitare aide à cette réminiscence. Un titre qui permet à Sylvain de faire sa rétrospective, en nous la faisant partager, un retour dans le temps, intimiste, avec en mémoire, le son de sa première basse. Passion commune avec J.J. Moréac de MISANTROPHE que nous saluons au passage. Le dénominateur commun entre ces deux groupes étant d’avoir fait appel au même ingénieur du son.

Avec « Darkwave », nous sommes sur une ambiance plus éthérée, ce titre comme les autres d’ailleurs, témoignent, dans l’écriture et les arrangements d’une volonté de créer, pour chacun, une ambiance particulière pour éviter une production trop linéaire, objectif partiellement atteint.

« Velvet Cat », Barbara avait son aigle noir, Sylvain aura son black cat. Le morceau est amené sur un tempo lent, avançant à patte de velours, pour montrer ses griffes sur la dernière partie.

Les titres suivants « Ride With The Devil », « Falen From Grace » sont dans la même veine, et font chuter quelque peu notre attention, avec le chant et les voix trop mis en avant sur ce dernier, effaçant l’orchestration, avec un solo qui vient là aussi clore le morceau, procédé un peu trop utilisé dans cet album. Idem pour « Sands Of Time », mais avec plus de puissance, devant faire plus d’adeptes.

« Nightmare » s’inscrit plus dans une atmosphère gothique, avec ses chœurs planants, une rythmique obsédante. Une facette séduisante de SOUL DRIVER, qui explore plusieurs pistes dans cet album.

« Venitian Wedding » malgré son format court sait faire passer une émotion, en quelques notes, par une interprétation touchante.

On termine avec « Army Of Darkness » qui résume le savoir-faire, la maitrise technique de Sylvain Taupe. Reflet d’un album rock à l’accent progressif, aérien par ses ambiances, qui trouve sa place dans une CDthèque qui se veut éclectique.

Il y a une envie évidente, dans cet album, d’offrir le meilleur. L’investissement de Sylvain dans ses projets est total, mais il faut éviter l’écueil, celui de perdre sa spontanéité au profit d’une perfection trop froide, trop distanciée qui va à l’encontre d’initiative chaleureuse telle que le set acoustique programmé en octobre dernier.

SOUL DRIVER est à suivre, d’autant plus que la composition du deuxiéme album est bien avancée. Rendez-vous est donc pris, à nous de découvrir si le pantin a pris vie, et s’est libéré de ses fils… cause now comes the time to fight for freedom.