Je ne sais pas trop pourquoi, mais ces mecs font une fixette sur le marteau. Entre le nom du groupe, le nom de l’EP, la pochette et les samples dans leur musique, tout tourne autour de cet instrument de bricolage qui, sous leur présidence, est devenu un instrument de torture. FUCKHAMMER, ce sont quatre Nord-Irlandais qui font dans le Sludge / Crust / Death Metal. Dis comme ça, ça peut faire flipper. Mais vous allez vite constater que ce premier EP, Hammered To Fuck, peut-être une combinaison entre « Hammer Smashed Face » et « Fucked With A Knife », est plus abordable qu’il n’en a l’air. Entre CROWBAR et CARCASS, ces mecs ont su orienter leur jeu dans une seule direction. Et cette apparente stabilité fait déjà toute la différence, à l’heure où les groupes les plus violents du genre ont encore beaucoup de mal à canaliser leur énergie et à localiser l’épicentre de leurs intentions.

Quatre titres, c’est un bon début pour subir une dérouillée en règle. Et très tôt, « Born Of The Ass » rompt avec les prévisions morbides et brutales des plus grands experts. Les rythmiques sont lourdes, vomies par des guitares grassouillettes, entre Slamming Death et Sludge. On est vraiment très loin des cavalcades rythmiques ininterrompues type Ben-Hur, même si « Drone » accélère un peu la cadence. FUCKHAMMER surprend par son côté Rock N’ Roll éhonté, ses mouvements groovys à la limite du dodelinant. C’est particulièrement frappant sur un morceau comme « Hillbillies », qui pour le coup est vraiment une réinterprétation très Death Metal du Rockabilly. Personnellement, je trouve ce genre d’approche juste géniale. C’est caricatural, grotesque, cynique et ça change des groupes de ce style qui n’ont pour dessein que de jouer comme des sauvages. Hammered To Fuck, même s’il souffre un peu du manque de concentration et de sérieux de ses auteurs, n’en devient pas moins très vite un disque honnête. Ces garçons ont également la bonne idée de rompre avec les traditionnels growls des cavernes en proposant des screams à la limite du Black. C’est simple. Vous voyez la façon qu’a Mitch Lucker (SUICIDE SILENCE) de chanter sur les breaks de « Wake Up » ou de « Lifted » ? Vous prenez ce chant et vous le bestialisez pour qu’il ne fasse pas trop tâche sur un album de Black Metal. C’est pas plus compliqué que ça. Et je vous garantis que ce grain très particulier, qui recouvre des guitares étonnement Heavy, fait son petit effet. FUCKHAMMER est un contre-pied quasi-parfait. Ce n’est ni gore, ni bourrin, ni commun. C’est juste très bien écrit et très bien joué, avec le souci permanent de faire un Rock N’ Roll un peu extrême. Pas plus ni moins. Les prétentions de ce groupe sont, de ce fait, inexistantes. Aucune démonstration de technicité, zéro branlette de manche, c’est simplement un shoot de musique extrême pas si extrême, présentée dans son plus simple appareil sous une bannière « Crust » plus que trompeuse.

Et vous savez quoi ? Une telle simplicité fait franchement beaucoup de bien. A part un problème d’amateurisme qui, je crois, est voulu, je ne trouve simplement rien à redire sur une telle sortie, qui transpire de bonne foi, loin de toute mièvrerie. On n’est pas en présence d’un vulgaire clone d’AVULSED ou d’HAEMORRHAGE. A la vue de cette pochette relativement soft pour un groupe soi-disant barbare, on aurait quand même pu l’imaginer. Ce n’est pas la découverte de l’année, je vous l’accorde. Mais putain, qu’est ce que ça fait du bien de triper sur un truc que personne ne connaît !