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DEFTONES (usa) - Koi No Yokan (2012)






Label : Reprise Records
Sortie du Scud : 12 novembre 2012
Pays : Etats-Unis
Genre : Néo Metal
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 51 Mins





Deux ans après leur retour avec Diamond Eyes, les DEFTONES entérinent leur reformation avec ce nouvel album au titre hermétique, Koi No Yokan (Love's Premonition dans la langue de Shakespeare).
Et j’avoue qu’une fois traduit, le choix des mots représentant la musique gravée sur ce petit disque est tout a fait pertinent.
Car le DEFTONES nouveau sera émotionnel ou ne sera pas.
Jugeons.
J’étais heureux en 2010 d’apprendre la « réunion » de ce qui restait un des groupes les plus intéressants des années 90/2000 avec TOOL. Et j’avais apprécié Diamond Eyes pour ce côté aventureux mais poli, tout en regrettant parfois de ne pas y retrouver « l’âme » du groupe.
Les morceaux étaient bons, mais le grain de folie était parfois trop discret, presque étouffé. Tout ça manquait de « Back To School », de « Bored », de « 7 Words » ou de « Change (In The House Of Flies) ». Il faut dire que l’histoire des DEFTONES fut ponctuée de rebondissements inattendus, de substances illicites, d’hésitations, de tergiversations… Et qu’on ne panse pas les blessures aussi facilement.
Et pourtant, aujourd’hui, après un long tunnel sombre, la rémission semble complète.

Et dès « Swerve City », la magie opère, comme en 1995. Même riff inventif, même voix fuyante, même ambiance volatile, éléments constitutifs d’une musique unique, dictée par le cœur, et jouée comme elle vient.
Car si les DEFTONES ont été frappés dès leur naissance du sceau presque infâmant "Néo Metal", ils en incarnent le versant le plus abscons. Et j’ai toujours trouvé Chino bien plus proche d’un Keenan que d’un Davis, sans aucune connotation péjorative.
Et il le prouve une fois de plus sur Koi No Yokan, album qui ressemble plus à une introspection qu’à une volonté d’imposer ses vues au public. Et les fans des DEFTONES savant de quoi je parle.
Cette basse mélodique et brillante, cette batterie solide qui s’autorise toutes les ruptures, cette guitare qui sait se faire ferme et douce lorsqu’il le faut, et ce chant si particulier, éthéré, tout en circonvolutions, guidé par l’émotion…C’est assurément unique et symptomatique. Spécialement sur ce nouvel effort, qui, après plusieurs écoutes, pourrait même s’imposer comme le meilleur du combo.

Cela peut paraître un peu définitif comme jugement, et surtout, prématuré. C’est pourtant réfléchi. Et j’ai pourtant fouillé, disséqué, analysé chaque morceau pour en déceler les failles… Sans parvenir à en trouver.
Il suffit, pour se faire une idée de la pertinence de cette œuvre d’écouter le simple et pourtant à multiples niveaux « Leathers », quatrième piste de Koi No Yokan. A première ouïe, c’est du DEFTONES pur jus. Guitare omniprésente en son clair/distordu, riff ample, chant couvrant toutes les zones, rythmique compacte, mais pourtant, il reste comme une image sonore en surimpression, que l’on arrive pas vraiment à cerner. Mais qui s’incruste dans votre inconscient, tel un souvenir non identifiable, mais rassurant.

Même les titres les plus « puissants » ont cette patine, comme une transition entre le passé et ses figures imposées et le présent et sa volonté d’innovation. En témoigne le viscéral « Graphic Nature » et son riff très sombre, survolé par la voix de Chino qui s’étire en largeur, tout en laissant suffisamment de place à ses collègues pour apposer leur sceau.

Il faut toutefois préciser que les deux pièces les plus envoûtantes de cet album sont aussi les deux plus longues. Ainsi, le très progressif « Tempest » se rapproche parfois de certaines intonations du DREAM THEATER de Six Degrees, en les combinant à l’esprit original d’Around The Fur, et sa brutalité contenue.
Les parties se succèdent comme dans un songe, tout en respectant le moteur principal du morceau, étirent sa mélodie, puis la contractent, avant d’offrir un final tout en explosion interne.
Quant à « Rosemary », elle offre en musique la délicatesse de son titre… Longue digression sur un même thème, loin d’être répétitif mais réellement prenant, durant lequel Chino démontre une fois toute l’étendue émotionnelle de sa palette vocale. Et puis, alors qu’on ne s’y attend plus, un riff net vient interrompre les débats, avant que le final/reprise ne dissipe ses volutes d’arpèges dans la nuit. Une véritable démonstration, et une confirmation, pour le moins.
Il est en effet très clair que le DEFTONES contemporain prend le mieux ses marques sur ces terrains mouvants, propices aux mouvements erratiques et aux changements de couleurs aux pastels sombres.

Mais il serait injuste d’oublier qu’ils sont aussi capables d’enflammer le paysage, comme ils l’ont fait tant de fois par le passé. Et c’est certainement pour ceci qu’un morceau comme « Goon Squad » a été placé juste après « Rosemary »… Toujours cette dualité finesse/puissance… Comme un tatouage indélébile… Un titre comme celui-ci pérennise à lui seul tout ce que le groupe a pu offrir dans le passé.

Que les questions abondent… Alors que j’écoutais cet album, je parlais des DEFTONES avec un ami… En lui faisant l’éloge de ce nouveau chapitre, il me posa la question suivante :

« Il est meilleur qu’Around The Fur ? »

Et sans réfléchir vraiment, d’une manière spontanée, je lui répondis que oui. Mais la problématique mérite vraiment d’être développée ?
Car l’éthique première d’un musicien n’est elle pas de partager honnêtement ses vues artistiques avec un public, pour lui procurer des émotions, lui donner du plaisir, et ainsi, valider sa démarche ?

Si tel est le cas, Koi No Yokan fait des DEFTONES un groupe majeur.

Selon moi bien sur.



Ajouté :  Mercredi 28 Novembre 2012
Chroniqueur :  Mortne2001
Score :
Lien en relation:  Deftones Website
Hits: 11060
  
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