HELL (usa) - III (2012)
Label : Eternal Warfare
Sortie du Scud : 11 octobre 2012
Pays : Etats-Unis
Genre : Doom Sludge Depressif
Type : Album
Playtime : 2 Titres - 37 Mins
Bon, là, j’avoue, j’y suis allé un peu fort.
Moral en berne, santé défaillante, il me fallait un truc pour combler le vide et me sentir encore un peu plus seul.
Et franchement, j’ai bien réussi mon coup.
Et finalement, je me sens encore plus mal.
Cette intro lénifiante d’auto commisération n’a pour but que de vous faire comprendre une chose, essentielle.
On n’écoute pas HELL lorsqu’on est bien dans sa tête. Vraiment.
Il faut une cassure, tout du moins, une bonne fêlure. Quelques passages chez le psy aussi, pour essayer de comprendre cette torture émotionnelle qu’on s’inflige soi même. En gros, l’apprentissage de la vie et de la douleur.
HELL, c’est une lame qui vous tranche l’âme. Ce sont les premières gouttes de sang qui tombent à la surface de l’eau du bain. C’est aussi la grotte mentale de Platon dans laquelle on va se réfugier lorsque l’on nie la vacuité du monde extérieur. Vous n’êtes rien, et je ne suis personne. L’abécédaire du condamné d’avance qui arpente la route qui va irrémédiablement le mener à la potence. Et à sa renaissance.
III, comme son nom l’indique, est le troisième volet d’une trilogie commencée il y a quelques années. Se basant sur l’œuvre graphique de Gustave Doré, les américains ont créé un monstre à trois têtes, une hydre véritablement revenue des enfers pour nous montrer la réalité qui nous entoure. La désolation, la ruine, la solitude, la tristesse.
Rien de moins.
Musicalement, c’est l’illustration parfaite de tout ce que je viens d’énoncer. III est décomposé en deux parties, intitulées, « Mourn » et « Decedere », aussi différentes que complémentaires. Deux longues litanies, durant lesquelles des arpèges funèbres déchirent la nuit déjà striée de hurlements déchirants, et de guitares pesantes. Il s’agit bien de Doom, c’est un fait, mais du meilleur, celui qui a retenu l’essence même de sa propre définition, et qui se focalise sur la musicalité du néant.
On pourrait rapprocher d’ailleurs le travail de HELL de celui de THOU ou ELU OF THE NINE, en tout cas, de ces groupes qui font tomber les barrières et qui exploitent toutes leurs capacités, leurs aptitudes à peindre un climat étouffant, oppressant, qui vous compresse la mémoire et fait exploser vos dernières défenses.
Ainsi, en écoutant ce nouveau volume, vous passerez entre des gouttes éparses de délicatesse, provenant de nuages atmosphériques constitués d’arrangements sobres, de claviers sourds et de cordes discrètes, mais vous affronterez aussi des bourrasques de haine accentuées par des coups de boutoir rythmiques assommants, de riffs lancinants, et de hurlements stridents et rauques.
Car HELL n’abrutit pas bêtement en répétant sans cesse la même note ou le même accord. Ils savent construire une progression, et la plus belle des preuves en est l’irréel « Decedere ». Dix neuf minutes de douleur sonore, de mélancolie amère, et d’acidité morale, sur fond de chœurs féminins subtils, de segments lourds et poisseux vraiment déprimants, et de disharmonie globale par instants.
Véritable pièce quasi classique, dans un style positif/négatif digne d’un vieux daguerréotype oublié dans le coffre d’une maison abandonnée, ce morceau est un acmé à lui tout seul, l’épitomé d’un style archaïque et pourtant d’actualité, qui grâce à des groupes comme HELL se renouvelle sans se trahir, et propose des idées novatrices mais tangibles et pertinentes.
Il est pourtant difficile de résumer en quelques lignes et mots qu’on espère bien choisis une telle entreprise sensorielle.
Je pense qu’au-delà de ce que j’ai pu vous dire, seuls votre cœur et votre âme sauront si oui ou non, la musique de III s’adresse à vous, même dans une infime partie de votre être.
Car III est destiné à ceux qui pensent que la douleur est constructive, qu’elle permet d’avancer, et qui savent affronter leurs peurs de temps à autres pour se persuader qu’ils sont encore vivants.
Là est le paradoxe de HELL. Jouer une musique de mise à mort en étant plus vivant que bien d’autres groupes plus optimistes. C’est un des paradoxes de la vie n’est ce pas ?
Ajouté : Mercredi 28 Novembre 2012 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Hell Website Hits: 11822
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