DROWNED IN NOVEMBER (ar) - Beyond The Skyline (2012)
Label : Depressive Illusions Records
Sortie du Scud : 2012
Pays : Argentine
Genre : Pagan Post Black Metal Atmosphérique
Type : EP
Playtime : 4 Titres - 19 Mins
La tristesse et la nostalgie n’ont pas de frontières… Si au prime abord une région désolée semble être le terreau fertile à des réflexions pleines de spleen et de ressenti, on peut parfois au soleil de l’Argentine se laisser aller à des digressions sur fond d’horizons bouchés, d’avenir incertain, et de peine intérieure.
C’est ce que tente de nous prouver DROWNED IN NOVEMBER, avec un premier EP Beyond The Skyline, faisant suite à une démo, parue en janvier, Just Killing Me, sur laquelle on retrouvait une reprise de BURZUM.
Autant vous dire que la joie de vivre n’est pas le moteur principal de la musique d’Antonio Sanna, qui est en effet l’homme responsable de tous les sons émis par tous les instruments présents sur ses œuvres.
Ne vous jetez pas cependant sur l’affiliation avec BURZUM pour envisager le travail d’Antonio.
Car si certaines sonorités peuvent en effet se rapprocher de celles qu’affectionnait notre Norvégien préféré à la coupe de douilles, notamment sur un passage bien précis du morceau « Beyond The Skyline », le reste de cet EP relativement envoûtant s’en situe à des années lumières.
Néanmoins, ce morceau éponyme reste l’accroche la plus intéressante et atypique de ce premier effort officiel. Avec une mise en bouche pouvant évoquer n’importe quel groupe de Post Hardcore contemporain, il se présente au départ comme une atmosphère étrange et séduisante, baignée dans un climat aigre doux, comme un léger soleil dont les rais perceraient une ondée puissante.
Et puis tout à coup, sans aucun avertissement, Antonio nous expose à un déluge Black du meilleur effet, cavalcade de l’impossible, avec justement ces intonations de guitare si spécifiques qu’on retrouvait sur Aske ou Burzum il y a un paquet d’années. Batterie compulsive, arrangements planants et acides, guitare incompressible, le mélange est détonnant, pour le moins, mais réellement impressionnant.
Puis les choses se calment d’elles mêmes, et après un blackout assez incongru, les harmonies reviennent, progressivement, soulignées d’une batterie lourde et presque jazzy, avec pour leitmotiv le thème initial, qui reprend ses droits, et s’installe doucement.
Avant que les guitares pesantes n’effectuent un retour fracassant pour un final hypnotique…
Le diptyque final, « Springtime », qui se décompose donc en deux mouvements, est lui aussi assez surprenant. Avec une première partie assez douce, qui rappelle l’intro du long et épique title-track, la transition est plutôt douce et bien sentie. Toujours ces arpèges maladifs, posés sur une guitare lointaine qui tourbillonne, le tout emmené par une rythmique heurtée et sinueuse.
Et « Springtime II » déroule soudain son tempo lourd, ses nappes de guitares superposées, sa basse approximative, parfois hors du tempo, et découvre un univers très particulier, organique, mouvant, qui nous enlise progressivement dans un marécage insondable d’émotions contradictoires.
C’est à coup sur tendu, dépressif, mais paradoxalement porteur d’espoir, d’envie, et ce grâce à une mélodie hantée, exilée par le mixage sur un niveau parallèle.
Et une fois de plus, la pleine puissance reprend ses droits lors du final enrichi de nappes de synthé sobres, mais appropriées au climat voulu.
Deux minutes de coda, de celles qu’on retrouve chez NEUROSIS, qui emplissent tout l’espace sonore, avant de se fondre dans les arpèges, puis le silence.
Fin du voyage.
Antonio Sanna, seul à la barre de son vaisseau s’est lui-même dessiné une mer houleuse sur lequel il flotte, dérive, affronte les bourrasques, sans jamais lâcher la barre.
Certes, il reste encore quelques fuites à colmater sur la coque, mais cette naïveté qu’on ressent à l’écoute de Beyond The Skyline a quelque chose d’aussi touchant que d’effrayant.
Alternant deux ambiances bien définies et aussi opposées que complémentaires, il nous touche, nous émeut, et finalement, nous fait oublier les approximations, tendant même à nous les faire considérer comme indispensables à la bonne marche de son entreprise.
A redécouvrir en long format. En souhaitant tout de même une légère évolution des humeurs. Mais quel bon début !
Ajouté : Mardi 18 Décembre 2012 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Drowned In November Website Hits: 9078
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