Qui s’y frotte s’y pique. Je ne parle pas de l’AS Nancy Lorraine mais d’OCEANO. Il y a maintenant longtemps que j’ai envie de vous parler de ce cas très particulier. Deux ans précisément, depuis la sortie de Contagion, leur second full-lenght. Et aujourd’hui, mon fantasme se réalise enfin. Vous n’avez pas pu passer à côté de cette volée de groupes de Deathcore qui ont fait l’objet de récentes critiques, parfois acerbes, dans nos colonnes. Sachez qu’OCEANO représente exactement ce que je déteste dans le Deathcore. Sachez également que pour une raison qui m’échappe, je les adore. Au début, je croyais que ça avait un rapport avec Adam Warren, peut-être le chanteur black le plus connu après Derrick Green de SEPULTURA, mais en fait non. Et si la raison de cet amour improbable était bien plus évidente ? Si OCEANO, au-delà du gros tas de clichés qu’il véhicule, était simplement un bon groupe ? Avec des si, on referait le monde. Mais pour rien au monde je ne referais un bilan de santé qui me priverait de ma contagion favorite.

Cet opus démarre sur des chapeaux de roues avec « Precursor To Enslavement ». Louez le Seigneur et tous les saints du paradis, nos Américains sont plus intelligents que leurs pieds. Avant la guerre, il y a une sirène, matérialisée par une brève intro. Ce court moment de répit n’a peut-être rien d’exceptionnel ni d’inédit, mais il a le mérite d’introduire Contagion de manière beaucoup plus noble que 90% des groupes de Deathcore, qui n’attendent pas avant de foncer dans le mur. Derrière, on retrouve l’attirail du parfait combattant. Des guitares huilées et plantureuses qui donnent le la à des roulements de batterie à la fois vivaces mais sereins. OCEANO commence son œuvre de destruction tambour battant et assurément, « Viral Re-Animation » va leur faire franchir un cap. C’est déjà pas donné à tout le monde d’avoir un invité de marque sur un album, mais en plus, s’il s’agit du duo Alex Erian / Steve Marois (la doublette vocale des regrettés DESPISED ICON), autant dire qu’on a gagné sa journée. La cohésion entre Erian, Marois et Warren est d’autant plus jouissive qu’elle est franchement inattendue au cœur d’un album qui, sur le papier, devait se dérouler dans la monotonie la plus totale. Seulement voilà, OCEANO est un groupe qui n’en fait qu’à sa tête. Et si Contagion subit de plein fouet cet excès d’engagement, on ne peut pas pour autant en déduire que ce dernier nuit à la tenue de route exceptionnelle de cette deuxième sortie. Assurément, Adam Warren apporte à l’ensemble une candeur bienvenue et nécessaire au bon déroulement des opérations. Je dirais même que son timbre et ses variations vocales (du grunt au scream) qui n’ont effectivement aucune forme d’exclusivité, sont tellement particulières qu’elles rendent de facto OCEANO unique. Ce dernier n’a pas eu besoin d’invités de prestige (on retrouve aussi Nick Arthur de MOLOTOV SOLUTION sur « Persuasive Oppression ») pour exister. Dernier point positif et après j’arrête d’être élogieux : la pertinence artistique d’un disque qui tente de suivre musicalement le thème imposé dans les paroles. L’instrumentale mid-tempo et mélodique « Exist In Confinement » parle d’elle-même. Tout ici fait référence à cette fameuse contagion et au milieu bactério-chimique : la quarantaine, les expériences, le confinement. Contagion est un huit-clos haletant et les arrangements insidieux et malveillants greffés clandestinement par ces mecs sur leur propre musique donnent une dimension éminemment cohérente à leur disque.

Au cœur d’une année 2010 émaillée par tout un tas de sorties médiocres (BENEATH THE SURFACE, GRIMUS et HE, THE DECEIVER entre autres), Contagion est un album qui sèche bien des larmes. On n’y trouve pas forcément le réconfort nécessaire pour voir le Deathcore sous un jour nouveau, mais suffisamment de sollicitude pour que le fan de Metal extrême lambda puisse avoir ses repères. Comme une veilleuse allumée dans la chambre d’un nourrisson, avant que le croquemitaine ne l’emporte.