THE LAST FELONY (ca) - Too Many Humans (2010)
Label : Lifeforce Records
Sortie du Scud : 17 aout 2010
Pays : Canada
Genre : Metalcore / Death Metal technique
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 32 Mins
La surpopulation ne touche pas que le milieu carcéral. Pour THE LAST FELONY, c’est un problème beaucoup plus global. Ils se sentiraient probablement mieux si on était un peu moins nombreux à leur pomper l’air. Pourtant, à Montréal, ville qui brille pour son taux de criminalité peu élevé, ils ont de quoi se sentir à l’aise. D’ailleurs, après Luka Rocco Magnotta et Vito Rizzuto, il n’y a pas plus dangereux que ces loubards. Active depuis l’année 2005, la carrière de ces Québécois a pris un essor assez spectaculaire au cours de ces dernières années. La sortie prématurée du premier album, Aeon Of Suffering y est certainement pour beaucoup, mais pas autant que celle de Too Many Humans, qui mériterait véritablement de devenir la pierre angulaire que le Metal moderne nord-américain attend depuis des années. Chez nous, en Europe, cette frange métallistique contemporaine est bien pourvue. Voilà peut-être la raison pour laquelle un tel effort nous touche moins.
Et vous ne savez pas ce que vous ratez. Too Many Humans, c’est le feu et l’orage, la peste et le choléra, Charybde et Scylla. Une dualité permanente entre un Metalcore fougueux et un Death Metal technique engagé. La production plastifiée et lubrique qui relie les deux, engageant beaucoup d’explosivité dans l’affaire, évoque parfois des sonorités Deathcore impromptues. Mais ce n’est qu’une illusion, parce que THE LAST FELONY est totalement impliqué dans un projet dont le souci principal est de combiner l’exclusivité d’un son très percutant et les bases techniques pour y arriver. Ce n’est pas sur un vulgaire album de Deathcore qu’on entendrait la basse claquer avec tant d’aplomb. Et pourtant, la dimension de cet instrument au cœur de ce disque est juste fabuleuse. Elle soutient une batterie dont le synthétisme apparent est la seule véritable lacune de Too Many Humans. Car que ce soit au niveau des voix mais surtout des guitares, extrêmement torturées et tranchantes, avec juste ce qu’il faut de mélodicité, cette sortie est concluante. Je dirais même plus. Malgré son côté bling-bling, elle plane bien au-dessus de ce qui se fait dans le même genre en Amérique du Nord. Les cadences sont instables, elles dégringolent subitement de plusieurs étages, comme sur « No One Would Notice If You Died ». Après deux minutes expéditives et brutales, il y a une chute de tension complètement éléphantesque qui ne prévient pas. Ce sont ces imprévus, ces contretemps qui plaisent. Une pointe de classicisme vient garnir des morceaux plus traditionnels (« Do Not Defend Me », « Most Unclean », « Overrated Existence »), mais sans jamais se départir de l’épicurisme. C’est d’ailleurs avec beaucoup de surprise qu’on découvre une composition comme « Water Cooler Suicide » dont l’introduction violente et mélancolique ferait presque un bon clin d’œil au Black Metal. THE LAST FELONY, a des kilomètres d’une quelconque virtuosité, varie son jeu, son état d’esprit, ses humeurs, ses tempos et c’est tout ce qui compte. Car à défaut d’une sortie chevaleresque, Too Many Humans est au moins une sortie crédible. Et s’attirer de tels éloges après deux albums, cinq ans de carrière et en barbotant dans un courant réputé moderne donc générique, ça se rapproche de l’exploit.
Mathématiquement, la surpopulation grandissante suppute l’accroissement du nombre de talents. Et un des principaux dommages collatéraux, c’est le taux de déchets humains qui ne cessera de grimper. Entre les deux, il y a aura toujours THE LAST FELONY pour nous rappeler que tout n’est pas perdu. Et si la nouvelle génération est insensible aux efforts des pionniers des années 70-80, je veux bien qu’ils aient pour repère artistique un album de la stature de Too Many Humans. Ce serait un moindre mal.
Ajouté : Mardi 18 Décembre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: The Last Felony Website Hits: 9340
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