STEVE VAI (usa) - The Story Of Light (2012)
Label : Favored Nations
Sortie du Scud : 14 Août 2012
Pays : Etats-Unis
Genre : Guitar Hero
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 58 Mins
Il est comme ça, Steve Vaï. Imprévisible. Inaccessible. Unique, quoi. A l’inverse de son mentor et maître es guitare, Joe Satriani, Steve cultive à 200 % son image de guitariste exotique, au sens noble du terme. Non pas que Satriani représente le cliché ultime du shredder « grand public », mais plus les années passent, plus ces deux adeptes de la six-cordes Ibanez évoluent dans des sphères radicalement opposées. Steve Vaï aime surprendre son monde. Il ne le fait même pas exprès. C’est dans sa nature, et plus encore que dans sa musique, c’est sa personnalité singulière qui rejaillit à chaque nouvel opus.
Souvenez-vous, déjà, à l’époque, ce mec était capable de passer du coq à l’âne, entre Hard Rock typé pour les ondes (ALCATRAZZ, David Lee Roth, David Coverdale et son WHITESNAKE), Metal barré (l’album Sex And Religion avec un autre extraterrestre, Devin Townsend) et des albums solo aux antipodes de la guitare instrumentale (Alien Love Secrets, Fire Garden, The Ultra-Zone). Même si finalement, le plus prévisible Passion And Warfare reste un must inégalé dans le genre !
Du coup, on ne sait pas à quoi s’attendre avec The Story Of Light. Le deuxième volet de la trilogie « Real Illusions » contient son lot de surprises, de morceaux inattendus. Et venant de la part de Vaï, on n’en espérait pas moins ! Passé le titre éponyme « The Story Of Light » qui joue parfaitement son rôle de morceau d’ouverture, celui qui vous guide vers l’univers démentiel de Steve … La suite, de par sa variété et sa richesse musicale un rien trop abondante, a de quoi décontenancer.
A l’écoute de « Sunshine Electric Raindrops », un peu trop évident pour le garçon, puisque ce morceau plus électrique que la moyenne et rappelant vulgairement un « Blue Power » ralenti avec ces claviers bien connus, on comprend que Vaï se sent bien plus à l’aise quand il innove, quand il tente l’insoupçonnable. Même si le cool et paradisiaque « Creamsicle Sunset », qui évoque le « Sleep Walk » de Santo et Johnny Farina (repris justement par Satriani en 2002), offre un moment de répit. Même si le groovy voire mystique « Gravity Storm » (qu’on qualifiera juste de « génial ») semble téléphoné pour son géniteur. Même si le rythmé et brut « Racing The World » (grâce à la batterie de Jeremy Colson) lui permet d’étaler quelques démonstrations de virtuosité. Le Steve, il lui faut s’évader pour rester créatif, selon sa définition à lui.
Alors quand un « Velorum » s’ouvre sur une belle mélodie, au moment même où l’on croit avoir trouvé le chemin, Monsieur Vaï prend tout le monde à contre-pied au gré de changements combinés de rythme et de tonalité. Avec l’Alien, c’est bien simple (enfin, non, c’est compliqué), on a le sentiment d’assister à une grosse jam improvisée. Prenez ce « The Moon And I », alourdi par la base bondissante de Philip Bynoe, véritable démonstration par « A+B » que Steve Vaï ne sera jamais un grand chanteur, quel être humain normalement constitué peut arriver à suivre cette succession de passages Pop et d’improvisations difficiles à déceler ?
Et puis il le sait, Vaï, qu’il n’aura jamais ni le timbre de David Coverdale, ni celui de Graham Bonnet. Alors il s’acoquine avec deux nénettes, deux vedettes de la Pop Folk américaine. Autant le dire de suite, le duo avec Aimee Mann, cette ballade acoustique nommée « No More Amsterdam », se veut carrément très chiante. On lui préfèrera le « John The Revelator », avec la chanteuse et multi-instrumentiste Beverly McClellan (autrefois une candidate de la première saison du « The Voice » américain), ce gospel aux relents bluesy dans lequel Steve évolue comme un poisson dans l’eau, guitaristiquement parlant. D’autant que « John The Revelator » s’enchaîne sans temps mort avec le dansant « Book Of The Seven Seals ». C’est vraiment original et presque parfait !
La perfection, Steve Vaï la touche du doigt et la sublime, le temps de deux pièces magnifiques. Ce calme, oriental, reposant et profond « Mullach a’tSi », où la harpe de Deborah Henson-Conant l’accompagne pour un moment de pur bonheur. Comme si Vaï était touché par la grâce … Comment fait-il pour sortir des sonorités aussi incroyables ? Forcément, comme il en est de coutume avec lui, « Mullach a’tSi » est positionné à la septième position de The Story Of Light, comme, en leur temps, les splendides « Hand On Heart » ou « For The Love Of God ». Cela aurait pu être « Weeping China Doll », autre passage au tempo ralenti et à la mélodie somptueuse, où les claviers entretiennent cette notion de divin si chère à Vaï.
Et au final, voilà un opus qui dépeint un peu plus les contours d’un musicien aussi original pour les uns qu’irritant pour les autres. Non, Vaï ne fait rien comme les autres. Pour les amateurs de guitares supersoniques, il y a des professionnels aguerris pour ça, plutôt chauves et plutôt armés de lunettes noires en concert (suivez mon regard). Ceux qui prétendent connaître l’univers de Vaï sauront apprécier The Story Of Light. Et continueront logiquement à se poser des questions sur ce mystérieux guitariste !
Ajouté : Mardi 19 Février 2013 Chroniqueur : NicoTheSpur Score : Lien en relation: http://www.vai.com Hits: 8332
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