Ma récente interview des ZAPRUDER, groupe dont je pense le plus grand bien comme vous le savez, m’a permis de faire la connaissance du sympathique Jeremy, qui s’occupe maintenant des affaires du groupe.
A l’occasion d’un mail, ce dernier me demanda si un autre groupe de son écurie m’intéressait, question à laquelle je répondis bien sur par l’affirmative.
C’est ainsi qu’il me fit parvenir le premier EP officiel des limougeauds de BARBARIAN KOALA, sorti en début d’année dernière, et sur lequel il m’a semblé impossible de faire l’impasse.

On pouvait s’attendre légitimement à de légères similitudes entre les poitevins de ZAPRUDER et leurs voisins de Limoges.
Certes, les similitudes existent, mais elles sont très éparses et ponctuelles. Même goût pour les dissonances, les constructions progressives, et la puissance sonore, mais tout ceci ne sont que paramètres génériques applicables à bien des formations.
Car si ZAPRUDER privilégie les longues atmosphères tendues déchirées par des lourds éclairs chaotiques, les BARBARIAN KOALA appuient plus sur la pédale et n’hésitent pas à agresser régulièrement, ayant bien vite compris que la meilleure des défenses reste l’attaque.
Mais attention. Nous sommes très loin ici d’un chaos juvénile mal maîtrisé ou d’une cacophonie faisant passer les SONIC YOUTH pour de gentils rockers, et même si les potards flirtent souvent avec le rouge, tout est ici contrôlé, dosé avec flair, et restitué d’une bien belle manière.

Un peu NORMA JEAN dans l’esprit, tout en gardant une identité propre et forte, BARBARIAN KOALA s’amuse à brouiller les pistes, évoquant parfois le DEFTONES d’origine (le long et digressif « Barbarian Koala », vrillé par une rythmique compacte et une basse ludique), sans jamais se départir d’un humour musical tempéré.
Pas de prise de tête ici, tout est logique coulant, et même euphorisant (ils n’hésitent pas à parler de leur musique comme étant de l’Eucalyptuscore…), et on se permet même de fouler la pelouse du DILLINGER le plus déstructuré et atmosphérique (« Beneath My Mind » et son passage central mélangeant le Mathcore le plus léger et les harmonies Pop), tout en gardant en mémoire les recettes ayant fait les beaux jours de la fusion du début des années 90.

Parsemé de petites trouvailles géniales (les descentes de guitare sur « Shaman »), de références détournées aux aînés (le vernis alternatif GIRLS AGAINST BOYS de « Dirty Priest »), Coming Down With A Crash est un EP/carte de visite de premier choix, qui réussit à associer la rugosité abrasive des guitares et du chant de CONVERGE, et la polymorphie rythmique de DILLINGER/COMITY sans jamais sembler se glisser dans le costume de l’un ou des autres.
Le quartette s’offre ainsi un joli passeport, et nous promet de belles heures live, concerts durant lesquels leur musique devrait prendre toute leur dimension.

Et je demande à en être le témoin !