DEATH AGONY (FRA) - Carcinogenic Memories (2012)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 8 septembre 2012
Pays : France
Genre : Death Metal
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 38 Mins
Je me faisais une drôle de remarque juste avant. Quelques à heures à peine après être passé sur Vanquish In Vengeance, le neuvième album des Ricains d’INCANTATION, je suis tombé sur le Carcinogenic Memories, premier opus des Nordistes de DEATH AGONY. Et j’ai été frappé de constater que si musicalement, il y a évidement une classe et une carrière d’écart, dans les intentions, on peut nouer plusieurs rapprochements. Tout ça est pépère, confortable, pas très téméraire, pas très osé mais l’un dans l’autre, ça fonctionne et ça fonctionnera encore plus chez ceux qui ont perdu le sens des priorités. Faire du Death old-school n’est plus quelque chose de primordial en 2012. On a d’autres recours. Demandez donc à David « DJ Divinum » Vincent. Et pourtant, à l’instar d’OFFENDING ou des Belges de PESTIFER, les Valenciennois de DEATH AGONY s’efforcent de conserver un minimum d’authenticité dans leur Death Metal, jusqu’à arborer des apparats relativement kitsch. Trois ans après leur deuxième EP (Resilience) et plus de sept après leur formation, nous avons enfin du matériel digne de ce nom entre les mains. Il ne s’agit plus désormais de « rester branché » (cf. chronique de Resilience) mais de jouer cartes sur table avec eux.
L’idée principale de ce Carcinogenic Memories n’a rien d’un dessein irréalisable. Après des années de bourlingage, des ouvertures prestigieuses pour DEBAUCHERY, DARKANE ou DESTINITY, il fallait imposer DEATH AGONY comme le nouvel espoir de cette scène Death française qui ne manque décidemment pas de souffle ni de ressources. Le projet est ambitieux mais le talent justifie les risques qui ne seront pas pris musicalement. Au niveau des structures, on reste sur des bases assez classiques qui lèchent parfois les aspérités les plus brutales d’un VADER. Cantonné dans un univers glauque et vieillot, ce premier opus joue sur des sentiments primaires et bénéficie d’une production poussiéreuse qui n’est pas que le fruit d’un manque de moyens (comme on pouvait le deviner sur leurs deux premières démos) mais qui est véritablement un choix délibéré. Il est désireux d’opérer en vous un flashback qui vous projette à la frontière entre la fin des eighties et le début des nineties, quand OBITUARY et SUFFOCATION sortaient de terre. D’ailleurs, on retrouve dans la voix caverneuse et bouillonnante de Matt un peu de Frank Mullen et c’est un clin d’œil plus qu’appréciable à l’aube de la sortie de Pinnacle Of Bedlam. Cohérent, peut-être même trop rationnel, Carcinogenic Memories s’étale avec ses gros sabots en délivrant par à-coups de petites flagrances Black ou de grosses flatulences Thrash. Chaque musicien semble avoir ses propres préférences musicales mais tous convergent vers un seul mouvement. Les cadences sont effrénées, il y a vraiment très peu de répit sauf peut-être sur « The Beast Within » qui nuance sa vitesse. Pour ceux qui ont bonne mémoire, ils pourront aussi célébrer une énième apparition de « Taste Of Poison » sur un enregistrement de DEATH AGONY (en troisième position ici). Ce morceau, qui est surement le « Born In A Casket » du Nord, est une rigueur hivernale à laquelle on s’acclimate rapidement. Pour le reste, il conviendra de souligner l’apparition de Forcas des blackeux de DARK MANAGARM sur « Tormented By Shadows » qui pose ses vocaux écorchés sur une compo bisexuelle, entre Black et Death. Ce n’est pas un coup de maitre artistique mais ça suffit pour éventer un peu des lignes vocales aussi professionnelles qu’assourdissantes.
La bonne volonté évidente, presque larmoyante de Carcinogenic Memories suffira pour mettre du baume au cœur à ceux qui regrettent leurs jambes d’il y a vingt ans. Installé, vautré dans une aisance rétrograde, DEATH AGONY est une formation solide, crédible qui n’a aucun intérêt à exploser aux oreilles de tous. Fort d’un Death Metal labellisé et qui n’aura pas de mal à se laisser authentifier par les plus grands experts, les Nordistes trouveront leur bonheur dans la perfidie de la tactique du termite. Ronger les esprits, ronger les âmes. Tels ces souvenirs cancérigènes.
Ajouté : Mercredi 06 Mars 2013 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Death Agony Website Hits: 8746
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