ALL THE SHELTERS (FRA) - Lifetime (2013)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : janvier 2013
Pays : France
Genre : Metalcore / Post-Hardcore
Type : EP
Playtime : 5 Titres - 23 Mins
Quelle est donc cette mode d’aller se cailler les couilles en Russie ? Gégé, on peut le comprendre, il a tellement de graisse sous l’épiderme et d’alcool dans les artères que ça fait thermorégulant, comme la bosse du dromadaire. Mais ALL THE SHELTERS, franchement, cinq blancs-becs strasbourgeois qui vont faire le spectacle à Smolensk, Magnitogorsk, Izhveks (mot compte double), tout le monde était censé s’en branler ! Et pourtant, je vais vous dire un secret. Il parait que ça a cartonné. Sûr qu’avec CHANGE OF LOYALTY et LOST IN ALASKA comme têtes de gondole, la Russie avait besoin d’un bon bol d’oxygène et pour être tout à fait franc avec vous, ALL THE SHELTERS ne dégage pas l’air le plus vicié qui soit. Ce groupe est pour moi une ombre, un reflet dans un miroir, le symbole d’une aventure humaine et du passage de l’état adolescent à celui d’adulescent. Autant dire que chacune de leurs apparitions dégage un parfum très particulier. Et force est de constater que depuis la démo First Note en 2010, l’évolution est saisissante. Une preuve, une de plus, avec Lifetime, un second EP qui entame une nouvelle année de merde en grandes pompes.
Oh oui, je me souviens des débuts. De ce concert en janvier 2010 à Marlenheim dans le 6-7. A l’époque j’avais trouvé ça timide. Avec le recul, j’irais jusqu’à dire que mes pets avaient plus de caractère que ce Metalcore fébrile. Mais ça, c’était il y a trois ans. Richard « gueule d’amour » a depuis tapé l’incruste au poste de guitariste, apportant au groupe ce que tout le monde déteste : un putain de chant clair guimauve. Il a mis dans ses bagages François le Français, un bassiste venu pallier le départ d’Hadrien. Et tout ce petit monde a accordé ses violons, au point d’en devenir carrément crédible. Ce besoin de scène, ce besoin de faire parler de soi, c’est devenu l’énergie renouvelable qui sert de moteur à Lifetime. ALL THE SHELTERS s’est professionnalisé et assume désormais ses premiers poils de bite. C’est quelque chose de nouveau parce qu’avec ce nouvel EP, je les imagine pour la première fois côtoyer les plus grands. Le problème, c’est que plus ça avance, plus ça fait cliché. Que ce soit au niveau des voix, des breakdowns, des chœurs, des structures, des arrangements, les Strasbourgeois ont fait les choses en grand et c’est vrai que quelque part, on confondrait presque cette effusion de talent avec les grands groupes du circuit Metalcore moderne. Troublant dans la compétence. Décevant dans l’évolution. Car je dois bien dire qu’en plus de m’être relativement ennuyé au cours de morceaux déjà entendus, je ne suis pas parvenu à m’identifier une seule seconde à ce Lifetime, au contraire d’un Reach un peu moins bling-bling mais un peu plus axé sur le fond que sur la forme. Des nappes de claviers électros viennent faire briller « Atlas », un break intimiste calme la fouge de « You Can’t Go Home Again », des violons s’invitent sur « Lifetime » et le chant clair de Richard lisse totalement ce biscuit Joconde d’un glaçage brillant à la composition chimique. Une fois encore, je dois l’avouer, je suis totalement ébahi devant la luxuriance de ce projet dont je me sens toujours très proche et qui a pris en trois ans une dimension amplement méritée. Je n’ai aucun doute sur le fait qu’ALL THE SHELTERS continuera de grandir avec son Metalcore 2.0 nuancé de Post-Hardcore au désormais triste goût de plastique. Parce que ça plait et que s’il y a un coup à jouer, ils se doivent de donner le maximum, comme ils l’ont toujours fait.
Mais aujourd’hui, je ne pense pas que d’encenser un EP qui m’a moyennement amusé leur serait d’un grand service. A l’échelle de la France, ces mecs sont pour moi des voisins de palier. Je ne sors pas du fin fond de la Creuse avec mes gros sabots en disant à qui veut bien l’entendre que c’est de la merde, Hail Satan et A.M.S.G ! Je n’ai même pas la prétention d’avoir été de bon conseil au cours de toutes ces années parce que je connais le démarrage chaotique et la sueur versée pour en arriver à cartonner au fin fond de la Sibérie et qu’au fond de moi, leur succès me fait un réel plaisir. Ces garçons sont de vrais self-made men et c’est tout à leur honneur mais nos chemins divergents n’en demeurent pas moins un petit pincement au cœur.
Ajouté : Mercredi 06 Mars 2013 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: All The Shelters Website Hits: 8860
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