MUDWEISER (FRA) - Angel Lust (2013)
Label : Head Records
Sortie du Scud : 14 février 2013
Pays : France
Genre : Stoner / Southern Rock
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 67 Mins
Je me pensais plus rancunier. Vous savez, cette fille qui vous plait, que vous accostez au détour d’un comptoir où les auréoles de café collantes font de l’œil aux collerettes de bière débordantes et qui, après avoir analysé votre dégaine peu soignée, vous renvoie à vos études… Cette fille là, c’était EYELESS il y a trois ans. Une demande d’interview ignorée plus loin et, ô vengeance, le snobisme était de mise. Et pourtant, je suis là, aujourd’hui, à vous parler de MUDWEISER qui compte dans ses ranges deux ex-EYELESS mais également un certain Reuno, plus connu encore lorsqu’il performe derrière un micro avec LOFOFORA. Je croyais être un gros con. En fait, je suis juste un con. Il faut croire que le temps fait passer la rancœur. En plus, ces Montpelliérains n’avaient rien pour me plaire. Au-delà d’être de vils sudistes, ils pratiquent également un Southern Rock très loin de mes habitudes musicales. Mais à l’image récemment de TOMBSTONE HIGHWAY, plus rien n’est figé, et moi le premier. Angel Lust, désormais deuxième album pour MUDWEISER après l’Holy Shit de 2009 méritait bien son petit moment d’attention. Pour les idées mais aussi un peu pour la crasse apparente de sa silhouette.
Malgré les couleurs relativement pimpantes de la pochette, j’ai trouvé le contenu de ce disque plutôt sombre. « Bloody Hands » ouvre le bal avec quelques riffs éléphantesques que les minimalistes de la maison HOODED MENACE ne renieraient pas. Puis c’est l’explosion. Roulements de batterie, guitares volubiles et injectées de je-ne-sais quelle substance illicite viennent donner le ton. Reuno intervient alors pour la première fois et déjà, on repère avec aisance les nuances qu’il apporte à son chant, comparé à celui traditionnellement utilisé avec LOFOFORA. Si son timbre brûlé atteste toujours d’une consommation excessive de bourbons, on le découvre moins teigneux, moins percutant mais tellement plus Rock N’ Roll. Et ça résume assez bien l’esprit MUDWEISER. Les compositions de cet opus sont loin d’être incisives, loin d’avoir l’énergie qu’on imaginait découler du mariage haut en couleurs entre LOFO et EYELESS. C’est vraiment un bon point, car les Montpelliérains parviennent à se défaire de toute étiquette, à laisser leurs passé (ou leur présent) musical de côté pour former une entité totalement nouvelle et décomplexée. Le son est crade, dégoulinant, saturé ce qui renforce l’impression générale de saleté et de décadence présente sur Angel Lust. Constitué de douze morceaux qui balaient tour-à-tour Southern Rock, Sludge, Stoner avec une pincée de Doom, cet album est d’une richesse incontestable, tant dans l’écriture que dans une exécution technique qui frôle parfois le free-style. Mais derrière ça, derrière cette décontraction très sudiste, ces interprétations à la cool, on retrouve quelque chose de précis, d’efficace, de percutant, de cohérent. Le vrai Rock, celui qui fouette la sueur, s’imbrique en force dans cette œuvre qui pousse le vice jusqu’à l’utilisation d’un harmonica, instrument kitsch et stéréotypé s’il en est (« Swimming On The Bottom »). Le blues radiophonique de « Black Bird », la mélo-balade « Foreplay », la punky « Witch Song » ou la remuante « Dead Point » sont autant de moments clés qui s’apprécient différemment en fonction des sensibilités. Ce patchwork aide à faire digérer ces 70 minutes de Stoner vivace, une durée pour le moins écrasante et parfois pénible à supporter. Pour finir sur une note un peu plus négative, je me dois d’évoquer la reprise du mythologiquement mythique « Night In White Satin » des MOODY BLUES, une réinterprétation que je trouve vraiment décevante. Même si le fait de durcir le ton de cette grande chanson n’est pas une surprise, eu égard du caractère rocailleux d’ Angel Lust, MUDWEISER n’est pas parvenu à frôler le dixième de la beauté et de l’émotion de l’originale.
Une rayure dégueulasse sur une carrosserie couverte de boue, je serais tenté de dire que ça ne se voit pas trop. On passera donc outre ce faux-pas pour ne retenir que le meilleur. MUDWEISER, groupe impliqué et chaleureux de notre scène française (et partie intégrante de la richissime scène montpelliéraine), vient de proposer un second full-lenght détonnant, boueux et caustique. Il ne plaira peut-être pas au lectorat le plus Metal qui traine dans nos pages, mais il transpire de bons sentiments. Et son attitude un peu m’en-foutiste, très Rock N’ Roll, suffira à attirer sur lui des louanges méritées.
Ajouté : Mercredi 28 Août 2013 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Mudweiser Website Hits: 6380
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