La raison du plus fort est toujours la meilleure :
Nous l’allons montrer tout à l’heure.
Un Dan Spitz désormais soulagé
Du poids engendré par le fait
De ne plus faire partie de la maison ANTHRAX
Se désaltérait dans le courant d’un Heavy / Thrash Metal pur.
Un Dave Mustaine survient à jeun qui cherchait aventure,
Et que la vénalité en ces lieux attirait.
Qui te rend si hardi de troubler ma renommée ?
Dit ce rouquin plein de rage.
Tu seras châtié de ta témérité.
- Sire rouquin, répond le Spitz, que votre Majesté
Ne se mette pas en colère,
Mais plutôt qu’elle considère,
Que je me vas expérimentant,
Dans le courant Heavy / Thrash,
Plus de vingt pas au dessous d’Elle,
Et que par conséquent, en aucune façon,
Je ne puis troubler sa boisson alcoolisée.
- « Tu la troubles », reprit cette bête cruelle,
Et je sais que de moi tu envies les talents de producteur.
- Comment aurais-je pu faire autrement ?
Reprit le Spitz, « je tette encor ma mère ».
- Si ce n’est toi, c’est donc ton frère Dave.
- Pas depuis qu’il a quitté BLACK SABBATH »
- C’est donc quelqu’un des tiens
Car vous ne m’épargner guère
Vous, vos envies et vos projets.
On me l’a dit, il faut que je me venge…

Ainsi naquit l’idée de cet album, le premier sorti sous le nom RED LAMB. Toute ressemblance avec des fables de Jean de La Fontaine ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. Dan Spitz, débarqué depuis trois ans de chez ANTHRAX, a finalement concrétisé un dessein qui lui tenait à cœur. Mais ce n’est que deux ans plus tard, en 2012, que les premières esquisses de ce tout nouveau groupe arrivent à nos oreilles. Co-produit avec Dave Mustaine, ce premier opus éponyme est un signal fort adressé au monde du Metal, qui voit arriver un nouveau prétendant aux scènes prestigieuses. On ne va pas se le cacher, RED LAMB est une fantaisie un peu bling-bling, un peu racoleuse qui veut se faire une place dans un milieu où tous les sièges sont déjà occupés. Bien sûr, on ressent l’incroyable expérience de Dan Spitz au cœur de ces douze compositions. Celui qui tient les guitares et la basse sur tout l’album prouve une fois encore son aptitude à écrire et à balancer un Thrash Metal vivace, fluide et percutant. On retrouve épisodiquement la frénésie d’un vieux ANTHRAX, période Spreading The Disease et Among The Living, ce qui ne va assurément pas faire plaisir à Dan qui s’est démené pour construire un full-lenght qui ne devait ressembler à aucun album d’ANTHRAX. Désolé Dan, tu t’es un peu foiré sur ce coup. Parce que Red Lamb aussi bien produit soit-il, demeure une sortie banale dans un univers pas banal. Les compositions respectent toutes le même schéma, avec la présence d’un riffing tranchant, de mélodies décoiffantes, de cadences prémâchées. Don Chaffin, un vocaliste qui ressemble davantage à une trouvaille dans un vide-grenier, s’évertue à paraître crédible et y parvient globalement. Seulement, son chant aux curieux relents de roukmoute atteste de son relatif manque d’envergure au cœur de cet univers qui ne peut se permettre d’adopter des vocaux approximatifs. Ce mélange attendu d’ANTHRAX et de MEGADETH déçoit à cause de sa prévisibilité. Au sens large du terme, il demeure une concoction Metal pour le grand public, ce qui n’est assurément pas une force à mon goût. Les classiques du style ayant déjà été écrits, je ne vois pas où se situe la pertinence d’un album qui joue sur son côté passe-partout. Enfoncer des portes ouvertes juste pour le fun ? Ca n’a rien d’indispensable. Aussi, je conclurais en insistant sur le fait que de jouer sur une réputation n’a jamais été un gage de qualité et que Red Lamb, sans être un essai foncièrement désagréable, est bigrement dénué de moments forts.

… Là-dessus, au fond des forêts
Le Mustaine et le Spitz s’en vont s’auto-congratuler
Sans qu’on n’y comprenne réellement l’intérêt.