GRAVEYARD (es) - The Sea Grave (2013)
Label : War Anthem Records
Sortie du Scud : 8 mars 2013
Pays : Espagne
Genre : Death Metal old-school
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 40 Mins
En octobre 2012, Joakim Nilsson déclarait dans nos colonnes : « j’ai beaucoup été influencé par le Rock mais aussi par le Blues et je crois que c’est l’essence même de GRAVEYARD ». J’en vois quatre dans le fond qui rigolent. Ils sont hirsutes, peu (ou pas) coiffés, leur mine est grave, leur regard noir. Ce sont les membres de GRAVEYARD, un homonyme venu d’Espagne qui partage également ce blaze avec deux groupes allemands, un américain, un hongrois et un canadien. Le cimetière est donc bien rempli, mais c’est encore trop peu pour nos Hispaniques, de loin le groupe le plus extrême à porter ce sinistre nom. Fondé en 2007 à Barcelone, le combo s’est vite activé au cœur de la scène Metal espagnole, sortant consécutivement une démo, deux EP, un full-lenght et pas moins de cinq splits avec des formations telles que TERRORIST, DEATHEVOKATION, NECRO, NOMINON et ULCER, le tout en six ans. On notera également que le quatuor est coutumier des reprises, puisque des réinterprétations de CANDLEMASS (« A Tale Of Creation »), CELTIC FROST (« The Usurper »), DEATH (« Zombie Ritual »), MOTÖRHEAD (« Deaf Forever ») et BOLT THROWER (« Cenotaph ») ont été officialisées sur trois de leur cinq splits.
Aujourd’hui sera un jour un peu différent pour eux puisque c’est sur un album complet qu’ils seront jugés. Ça ne leur était jusqu’alors arrivé qu’une seule fois et c’était en 2009 avec One With The Dead. Quelques constats sont déjà permis avant même que ne démarre The Sea Grave. Premièrement, la pochette dans une veine old-school signée d’un artiste surnommé Putrid indique que ces messieurs œuvrent au service d’un Death Metal très, très poussiéreux. Deuxièmement, certains titres (« R’lyeh ») mais également la représentation de Cthulhu sur la cover sont autant de références évidentes à l’œuvre de Lovecraft. Conclusion : GRAVEYARD n’est pas un groupe ravagé par l’originalité. Et cette déduction, on la retrouve sur cet album à chaque coin de rue. Ici, à l’instar d’une formation comme DEGIAL, tout est une affaire d’authenticité. Pas question de refaire l’Histoire, de réécrire les codes. « The Visitations Of The Great Old Ones », bien que brutale, invoque sans trop de honte les vieux démons de la scène Death suédoise : les premiers EDGE OF SANITY et MERCILESS côtoient l’ombre du Big Four of Swedish Death Metal avec une nette préférence pour son acte fondateur : NIHILIST. Glauque, crade et rustique, The Sea Grave déroule sans complaisance mais avec d’étonnantes fulgurances qui versent dans un mélodisme très Heavy Metal (la parenthèse « In Deep Slumber »). Le riffing est sec, claquant, haché-menu mais ce qui fait véritablement la différence, c’est ce grain de batterie spécifique, qui tambourine, qui cingle. Des cymbales folles font écho à de lourdes frappes sur les toms, le tout étant grossièrement enrobé dans une production souillée et vieillotte. GRAVEYARD est un projet qui empeste la naphtaline et la poudre à canon, loin de la chaleur qui sert de carte postale à l’Espagne. Il y a un vrai malaise qui s’installe au fil des minutes et on atteint un certain paroxysme sur des créations comme « Who Art Thou, O Witch, That Seekest Me ? » ou « Cult Of The Shadows Pt. II : I Am The Lord Of Spirits ». Les guitares ont cette capacité à s’entortiller et à devenir plus lancinantes encore qu’un nerf coincé. Pourtant, un petit quelque chose empêche The Sea Grave de passer facilement au rang d’album référent. Une forme d’anachronisme très désagréable engloutit cet opus, comme si on voulait nous signifier que GRAVEYARD a vingt ans de retard et que par conséquent, élever cette œuvre à la hauteur des plus grands standards du Death Metal était un parjure.
Alors oui, effectivement, ce disque est légèrement hors du temps, pour ne pas dire totalement à la bourre. Il est antipathique, austère, grave et faussement puritain. On n’a pas envie de l’aimer. Mais il s’enracine au plus profond des tripes avec une telle hardiesse… Il jaillit de nulle part et fait jaillir avec lui l’essence de ce style musical que nous aimons. Il est un souvenir lointain ou un atermoiement précoce. Avec pour seule arme la torche du Death Metal fièrement allumée, on lui pardonnera son manque d’ambition.
Ajouté : Mercredi 28 Août 2013 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Graveyard Website Hits: 7514
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