AOSOTH (FRA) - III (2011)
Label : Agonia Records
Sortie du Scud : 22 avril 2011
Pays : France
Genre : Black Metal
Type : Album
Playtime : 6 Titres - 46 Mins
Au moment où le doux parfum de l'été plane comme une chape de bonne humeur sur l'Hexagone, il fallait qu'AOSOTH ressorte de sa tombe. Chaque geste, chaque spasme, chaque sursaut de ce groupe évoque avec violence le retour d'un hiver rude, d'un climat détestable, de températures polaires qui figent définitivement les sans-abris dans le peu de graisse qui leur restait. Et au final, la sortie printanière de leur quatrième album, An Arrow In Heart n'est pas une si bonne nouvelle, puisqu'elle oblige Metal-Impact à colmater les fuites et à parler d'un III dont la parution, elle aussi printanière (le 22 avril 2011), n'a pas été évoquée dans ces colonnes. Deux fois plus de travail. Ce n'est peut-être pas le plus grave. Deux fois plus de douleur, de colère, d'antipathie et de mauvaises intentions. On s'en passerait volontiers. Sauf qu'il s'agit d'AOSOTH, de MkM, de BST, d'INRVI et qu'au-delà de toute autre implication au cœur de la scène française, ce qu'ils font avec ce projet est déjà suffisamment effrayant pour qu'on ne parle pas en plus du reste.
Ce qui se passe sur III est grave. Très grave. Après un Ashes Of Angels bâclé, dont le visage rubicond trahit un trop-plein de brutalité, les Français sont revenus à des intentions plus louables. Un album construit, abouti, avec un début, une fin, un lien, un état d'esprit, une histoire à raconter. C'est bête à dire, mais c'est devenu une denrée rare. Ici, on a l'impression que chaque morceau ne saurait exister avec la même intensité s'il n'était pas précédé d'un autre et ainsi de suite. De ce fait, comment peut-on expliquer qu'un disque qui dure très exactement dix-sept secondes de plus que son prédécesseur, défile deux fois plus vite ? AOSOTH est passé maître dans l'art de la sublimation. Tout commence avec "I" dont on comprend tardivement les motivations bruitistes. Ce titre alarme quant à la dimension prise par le trio sur cette œuvre, qui virevolte d'un Black Metal nerveux et affamé à un Black Metal besogneux, brossé et plus mid-tempo. Dans un premier temps inaccessible, cette composition inaugure en réalité une œuvre qui tirera sur la corde psychologique pour accomplir son sinistre dessein. Toujours riche d'ambiances mortuaires et d'une production au doux parfum d'étrons, III enchaine avec "II" dont la détresse fulgurante, placée entre la deuxième et la troisième minute, rappelle les frasques minimalistes d'un Penderecki sous LSD. Puis interviennent les pianos macabres de l'éponyme (un drôle d'écho à NACHTMYSTIUM et à son "Away From The Light"), la fainéantise rythmique de "IV", le tourbillon psychotique de "V", la conclusion vertigineuse, qui fait de "VI" ce qu'elle est et qui clôt III comme il se doit. En définitive, c'est un AOSOTH impressionnant de maturité et parfois de complexité, libéré du poids de la simplicité, qui torture sa proie sur cet opus. Là où Ashes Of Angels était un banal disque de Black Metal, III est un grand disque de Black Metal. Parce qu'on ne parle pas d'un morceau exceptionnel, mais de six, qui s'imbriquent les uns dans les autres afin de former une entité qu'on adore détester, reliée par des atmosphères, un chant, une guitare, une dynamique qui se fait discrète ces temps-ci.
On dit que le diable se cache dans les détails. Il a trouvé en III un toit. D'ailleurs, ce CD n'a pas d'autres fondations que les détails. Ce sont ceux qui étaient absents sur Ashes Of Angels et qui brillent ici. Ce sont ceux qui grouillent dans votre tête de longues minutes pour vous rappeler qu'AOSOTH est ce groupe de Black Metal français qui entretient la légende. Ce sont ceux qui vous font aimer l'obscurité d'un cercueil. Ce sont ceux qui ont été élus pour ne plus vous laisser en paix, et que seul un album plus grand encore saurait faire oublier.
Ajouté : Jeudi 24 Octobre 2013 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Aosoth Website Hits: 7678
|