PANZRAM DIVISION (se) - Dräpatid (2008)
Label : Black Noise
Sortie du Scud : 23 juillet 2008
Pays : Suède
Genre : Black Metal / Drone / Noise
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 62 Mins
PANZRAM DIVISION est un groupe au passé assez énigmatique qui est originaire de Suède. On ne connaît rien des membres qui ont composés ce groupe à part quelques photos qui traînent par-ci par-là. Du coup, l'historique est plutôt rapide à faire. Apparemment créé en 2007, trois sorties à son actif, celle qui nous intéresse est la seconde, intitulée Dräpatid (grâce à la traduction littérale, ça veut dire un truc du style "la Mort du Temps").
Donc premièrement, le son général. C'est un son très morbide, avec une omniprésence des fréquences basses. Le rendu final est intéressant et mérite qu'on s'y attarde un peu avant de se lancer dans l'analyse musicale.
Le son des guitares n'a pas de distorsion sur-burnée, comme c'est très souvent le cas dans le Black Metal, mais le son est très dissonant et pas très agréable à l'écoute. Le chant guttural est torturé et blindé d'effets (à l'oreille, beaucoup de reverb' et de delay) et certains passages parlés sont juste flippants. Le tout est au final plutôt brouillon sur le chant guttural et très malsain dans les deux cas. La basse surmixée rajoute encore un peu de "glauquitude" (oui, j'invente des mots) à l'ambiance générale. Au niveau de la batterie, pas grand-chose à dire, elle est très en arrière dans le mixage et sert juste de fondation à l'ensemble. Le tout donne un son très inaccessible. Comme dit précédemment, les dissonances mises en avant ne donnent pas envie de se plonger dans l'écoute de cet album, après une ou deux minutes. Les moins courageux arrêteront la lecture assez vite pour écouter le dernier SATYRICON. Voilà pour le son, sur lequel va reposer une grosse partie de l'ambiance crade de cette sortie.
Sur la composition en elle-même, les morceaux sont construits et composés pour être oppressants. La plupart des titres sont plus dans le style Drone / Doom avec des accords ou des notes qui traînent en longueur et un rythme général plutôt lent. Mention spéciale à "Torture Dungeon", qui est de loin le morceau que je préfère. D'autres sont plus Black Metal dans le sens traditionnel du terme, avec une structure plutôt standard comme "Downward Spiral". "Stench Of Burning Flesh" et "Executions" se payent même le luxe d'un Black Metal plutôt groovy. Mais peu importe le style musical des différentes pistes, on a toujours ce son si caractéristique qui nous agresse les tympans en toutes occasions, cette ambiance rebutante est un challenge permanent pour continuer l'écoute.
L'album est vraiment interminable (un peu plus d'une heure) et c'est vraiment éreintant d'écouter ce Dräpatid d'une seule traite. De plus, les trois derniers morceaux ("Suicide Ceremony", "End Of Life" et "Asphyxia") sont vraiment très linéaires.
Pour ceux au fond qui se disent "Attends mais c'est qui ce boulet ? Il met Noise dans le style et il nous en parle même pas ?", on y arrive.
Une petite description s'impose. Le Noise est un qualificatif qui s'ajoute à un style existant et n'est pas vraiment un style à part entière (quand on parle de Noise sans rien avec, on parle souvent en fait d'Ambient Noise). Le Noise, ce sont soit des sonorités en plus qu'on entend que très rarement dans d'autres styles (le Black Metal Industriel peut assez souvent se voir poser le qualificatif de Noise, comme pour BLACKLODGE ou ABORYM), soit un son général très brouillon et / ou très saturé (comme ENBILULUGUGAL par exemple), soit sûrement un tas de qualificatifs divers et variés, mais que je n'ai pas encore eu le plaisir de découvrir. Généralement, quand je vois un groupe avec l'étiquette "Noise" accolée au style, je sais que ça va être difficile à écouter mais que le jeu peut en valoir largement la chandelle. Et donc, en quoi PANZRAM DIVISION peut être qualifié de Noise ?
Cette saturation des fréquences basses et ces dissonances effroyables peuvent à elles-seules justifier cet étiquetage. C'est ce cachet dégueulasse, morbide et désagréable qui fait que cette sortie est qualifiée de "Black Drone Noise". Ce son est tellement à l'opposé de ce qu'on peut entendre habituellement qu'il repousse presque instantanément tout auditeur qui s'implique peu dans ce qu'il écoute.
Pour conclure, vous aurez compris que ce Dräpatid n'est pas un album accessible. Tout le monde ne pourra pas l'apprécier ni l'écouter, tellement l'ambiance qu'il dégage vous donne envie d'arrêter la lecture et de mettre quelque chose de plus joyeux, ou au moins quelque chose qui vous plaît.
Malgré tout, tous les défauts de cette sortie sont aussi ses plus grandes qualités. J'ai beaucoup aimé cette immersion dans ce monde glauque, malsain, morbide et où la seule joie vient quand le dernier titre se termine. Même le côté interminable de l'album ne me rebute plus vraiment, un peu comme quand vous voyez une image atroce mais que vous ne pouvez pas détourner le regard. C'est vraiment une expérience appréciable (mais pas très agréable...).
PANZRAM DIVISION vous fait visiter un univers où vous ne voulez surtout pas être, et qui vous donne envie non pas de continuer la visite, mais de l'arrêter le plus vite possible, et c'est ça qui fait que cet album est différent et qu'il mérite au moins quelques minutes d'écoute.
Ajouté : Vendredi 28 Février 2014 Chroniqueur : Aarson Score : Lien en relation: Panzram Division Website Hits: 5934
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