LORDI (fi) - To Beast Or Not To Beast (2013)
Label : AFM Records
Sortie du Scud : 1er mars 2013
Pays : Finlande
Genre : Hard Rock
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 43 Mins
Le paradoxe LORDI. C'est un peu comme le bon vin ou le Hard Rock, plus c'est vieux, plus c'est bon. Dès lors, il devient facile de deviner le pendant péjoratif de l'expression. Plus c'est récent, plus c'est médiocre. Et c'est exactement ce qui est en train d'arriver à nos monstres préférés. Depuis Babez For Breakfast en 2010 (certains diront depuis le Deadache de 2008), les Finlandais ne sont plus que l'ombre du grand groupe de Monster Hard Rock qu'ils étaient déjà du temps de leur deuxième album, The Monsterican Dream. C'était en 2004, soit deux ans avant que tout le monde fasse semblant d'apprécier et de connaître LORDI depuis toujours suite à leur victoire à l'Eurovision. Ce nouvel et sixième opus, toujours très parodiquement intitulé (To Beast Or Not To Beast) sera évidement symptomatique de l'eau de boudin dans laquelle patauge ces rockers-clowns modernes et aujourd'hui plus que jamais, on sera en droit d'émettre des réserves quant à leur avenir plus qu'incertain.
Les Finlandais ne sont plus des machines de guerre. Bien sûr, leurs spectacles sont toujours spectaculaires et leur prestation bourrée d'artifices (bien qu'un peu rangée) au Hellfest 2013 en atteste. Mais il y a quelque chose dans ce Hard Rock qui ne tourne plus bien rond. Tout commence avec la brouillonne et hachée "We're Not Bad For The Kids (We're Worse)" (nous ne sommes pas mauvais pour les enfants (nous sommes pires)). C'est à se demander si ce titre n'est pas une réponse à Michel Drucker et à son désormais célèbre "éloignez les enfants du poste, ils vont faire des cauchemars", lancé un soir de 20 mai 2006 devant la France entière. Quoiqu'il en soit, si cette entrée en matière sera représentative d'un album plus couillu que Babez For Breakfast (la faute peut-être à une production à nouveau signée Michael Wagener, ancien proche collaborateur d'Ozzy Osbourne, HELLOWEEN, ACCEPT ou HAMMERFALL), il n'empêche que c'est loin d'être glorieux pour une formation de ce niveau. Même le single assumé, "The Riff", semble trop soft pour des mecs qui ont écrit "Get Heavy", "Chainsaw Buffet" ou "They Only Come Out At Night". Le premier coup de maitre intervient avec l'arrivée massive de "Something Wicked This Day Comes". Sous ses faux-airs de Heavy, avec son mid-tempo, son refrain aérien et son rythme éléphantesque, cette composition fait un bien fou au cœur d'un album jusqu'alors hésitant, et ce n'est certainement pas la suite des évènements qui va faire basculer To Beast Or Not To Beast dans le génial. Plus musclée mais aussi plus déstructurée, "I'm The Best" prend aussi mal sur CD qu'en live. LORDI use et abuse de backing vocals (toujours la même clique, Ralph Ruiz, Tracy Lipp, Clay Vann et même Michael Wagener !) ainsi que d'arrangements électroniques d'un kitsch de plus en plus répugnant ("Happy New Fear" ou encore "Horrifiction" et son côté menuet-b(h)ar(dr)oque). Comment peut-on sincèrement se satisfaire de cet album, de compositions comme "Schizo Doll", "I Luv Ugly", "I'm The Best" alors que dans un passé pas si lointain, LORDI sortait The Arokalypse et de véritables hymnes de Hard Rock comme "Devil Is A Loser", "Would You Love A Monsterman ?", "Hard Rock Hallelujah", "Who's Your Daddy" ou même la power-balade "It Snows In Hell" ? Finalement, la bégayante "Candy For The Cannibal" et la vulgaire "Sincerely With Love" (un bouquet de doigts d'honneur en concert !) seront les deux morceaux les plus grotesques de cet opus, soit ceux qui collent le plus à l'esprit LORDI. Une bouffée d'air frais en bout de course qui ne suffit pas à estomper la piètre prestation des Finlandais.
Très peu partisan du discours vieux con style "c'était mieux avant", il faut quand même que je me rende à l'évidence. LORDI, c'était vraiment mieux avant, du temps de The Monsterican Dream ou de The Arokalypse. J'ai l'étrange impression que depuis leur soudaine médiatisation, les monstres ne sont plus maîtres des évènements et de leur Hard Rock. Il y a comme une entrave qui maintient sagement le Cerbère qui sommeille en eux, un lien imperceptible et magnétique. Oui, To Beast Or Not To Beast est surement la moins pire des sorties de LORDI depuis 2008, mais c'est triste de devoir se satisfaire de si peu.
Ajouté : Mardi 11 Mars 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Lordi Website Hits: 6488
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