1. LEFT TO VANISH - Versus The Throne
2. ARSONISTS GET ALL THE GIRLS Listen To The Color
3. ARSONISTS GET ALL THE GIRLS Portals

Voici donc mon Top 3 des pochettes les plus dégueulasses jamais vues. Vous voyez qu'ARSONISTS GET ALL THE GIRLS est un habitué du mauvais goût, mais je n'imaginais pas que c'était chez eux un mal récurrent, surtout après un Motherland légèrement plus en finesse et plus réfléchi. Mauvaise nouvelle pour les rétines et les oreilles, ces fous-furieux Californiens sont bel et bien de retour avec un cinquième opus, et alors qu'un assagissement était en cours, il fallait que ces garçons réengagent l'intenable Remi Rodburg, déjà au micro entre 2005 et 2008. Pour ceux qui ne voient toujours pas où je veux en venir, Listen To The Color sera un comeback au bon vieux temps, une resucée d'IWRESTLEDABEARONCE puissance 428.

Pourquoi 428 ? Pour aucune raison logique, à l'image de cette sortie. ARSONISTS GET ALL THE GIRLS, c'est depuis toujours du Creativcore poussé dans ses retranchements les plus extrêmes. Une musique bruitiste, futuriste, imprévisible, complètement barrée, une sorte de milk-shake vomitif à base de sciure de bois, de lait frelaté, de glue, de tartes Ikea, de gariguettes, de fiente de ptérodactyle et de tout un tas d'autres trucs indigestes aboutissant à une mixture gluante style natto. Ca pique les yeux, ça pique les oreilles, c'est nul à chier et paradoxalement excellent. Par le biais de ce nouveau disque jusqu'au-boutiste, les Américains surpassent de très loin ce qu'ils ont déjà pu faire de pire du temps de Portals, avec les conséquences que ça implique. Oui, il va leur falloir du courage pour assumer Listen To The Color dans vingt ans, au moins autant que pour un tatouage raté. Mais sur l'instant, j'ai quand même bien envie de leur tirer un coup de chapeau. Pas parce que l'excentricité est une barrière à la médiocrité, mais parce que ce Deathcore abracadabrantesque, extra-terrestre et granuleux matérialise l'état d'esprit original d'ARSONISTS GET ALL THE GIRLS et que sur ce coup là, ils sont allé au bout de leur concept. Les samples intergalactiques et robotiques naviguent entre deux parties de Mario Kart ("Balloon Battle", hilarante !) pendant que les guitares piochent dans leur potentiel créatif pour pondre des riffs mastocs, entre Deathcore tradi et expérimentations saccadées façon Gilles de la Tourette, le tout dans un enrobage psycho-techno-gastroentérique. C'est le chaos complet du début à la fin, avec une pause jazzy sur l'éponyme, des invités plus ou moins glorieux (Cameron Reed, leur ancien chanteur-claviériste sur "MK DELTA : Glorified Killers", Robby Bancroft de FIVE CHARACTERS IN SEARCH OF AN EXIT sur "Listen To The Color", Rob Smith d'HEAVY HEAVY LOW LOW sur "My Newest Vision", Garin Rosen, leur ancien batteur sur une "Ride The Wave" un peu Surf Rock, Kevin McCaughey d'ION DISSONANCE sur "Watchers") et un Remi Rodburg on fire qui n'est pas sans rappeler un Alex Koehler (CHELSEA GRIN) sous laxatif. De cette œuvre maximaliste et stimulante, les plus ouverts retiendront particulièrement "Play The Sheep", du pur AGATG façon "Violence In Fluid Triceratops" ou "Watchers", le seul morceau qui ose franchir le cap des quatre minutes (et deux secondes). Les plus réfractaires retiendront pour leur part qu'ils auront pourri leur écran d'ordinateur d'un beau jet de gerbe (car oui, en plus de ça, cet album est disponible gratuitement sur leur Bandcamp !).

J'ai presque honte d'avoir adoré ce nouveau matériel mais quelque part, je ne suis pas surpris. ARSONISTS GET ALL THE GIRL, c'est un flot perpétuel d'expériences sordides et grotesques, un clown sodomisant violement des enfants avec un gode-girafe sous l'œil amusé de parents à côté de la plaque. Peut-être est-ce de la perversion diluée à l'humour noir, mais c'est tellement drôle, malsain et enfantin que ça finit par ressembler à de l'innocence. Ces mecs n'auront assurément pas à s'excuser d'être aussi cons.