Le dimanche n'est pas le jour des enterrements, mais il y a désormais jurisprudence. C'est un dimanche, celui du 15 novembre 2009, que les Néerlandais de DARK INTENTIONS ont été mis en bière, et Dieu sait que pour ces fanas de Crossover et de Thrash Metal, tout ce qui est en relation avec la bière ne peut pas être malsain. Personne ne pourra certifier que ce projet aurait fait date avec l'Histoire, mais avant de partir, le groupe nous a laissé des pistes, histoire d'émettre des hypothèses. Destined To Burn, leur seul et unique effort studio paru en 2008, est de ces pistes. Pour ma part, le verdict est sans appel. En l'état, les intentions étaient peut-être sombres et louables, mais le résultat définitivement pas à la hauteur pour tutoyer le succès. Pourtant, fort de son Metal moderne, remuant et corrosif, le quatuor n'avait pas choisi la bretelle d'accès la plus difficile, puisque n'importe quel fan de Metal accrocheur et bien foutu trouvera son plaisir sur ce disque.

C'est quand il s'agit de creuser un peu qu'on tombe sur des vestiges en carton-pâte. Jusque-là, le sol était fertile. Il semblait y avoir un semblant de vie, l'ombre d'un trésor, un potentiel à modeler. Destined To Burn démarre honorablement, par l'intermédiaire d'un "Suffer Severe" qui bouge bien, non sans évoquer les belles heures d'un BORN FROM PAIN période Survival avec ses odeurs puantes de Hardcore. Même l'écrasante "The Murder" fait bonne figure car changeante et auréolée de deux rythmes : l'un écrasant, l'autre frénétique. On croit alors que ce Metal lunatique est une bonne découverte et effectivement, ça l'est, jusqu'à ce que cet album s'essouffle, souffrant de ses structures inlassablement répétées et d'une homogénéité qui tape vite sur le système, à l'image de ces compositions qui excèdent rarement les trois minutes alors qu'il y avait matière à développer, par un solo, un pattern de batterie, que sais-je ? Entre Hardcore, Crossover et Thrash Metal, leur cœur balance et si on ne leur demandait pas de faire un choix, au moins auraient-ils pu nous guider un peu mieux au cœur de cette tempête. Là, c'est le chaos. Pas que ce soit particulièrement déplaisant, mais leur volonté de bien faire doublée de cette inexpérience rend forcément le résultat un peu bancal. J'aurais aimé retenir les excellents moments de cet opus, comme le groove, l'explosivité ou encore l'excellente "Untouched", mais ce ne sont que des émotions vécues sur l'instant. Au moment de prendre un peu de recul, les conclusions diffèrent. On a déjà goûté à cette mixture des dizaines et fois et DARK INTENTIONS ne la prépare pas excessivement bien. Des titres aux rythmes plus marqués succèdent à des déferlantes typiquement Thrash et ainsi de suite sans qu'un fil rouge ne soit établi. J'aurais tendance à dire que ce genre d'imperfections est inhérent au manque d'expérience et que ça se corrige pour peu qu'on se mettre sérieusement au boulot, mais les Néerlandais ont fait le choix de s'arrêter sans que ça ne froisse personne. La théorie du wait & see en a d'ailleurs pris un grand coup dans l'aile.

Nullement repoussant, aucunement satisfaisant, Destined To Burn est un disque fantomatique qui secoue sur le coup, soufflant le chaud et le froid, mais qui se laisse oublier aussi facilement qu'un one-night stand. On n'en retiendra quasiment rien, si ce n'est que DARK INTENTIONS n'a pas eu forcément tort de s'arrêter, et à me relire, c'est une conclusion ô combien cruelle mais somme toute logique.