WIZARD'S BEARD (uk) - Four Tired Undertakers (2012)
Label : Altsphere Production
Sortie du Scud : 10 février 2012
Pays : Royaume-Uni
Genre : Sludge / Doom Metal
Type : Album
Playtime : 6 Titres - 49 Mins
Mieux vaut ne pas avoir sommeil. Pas tout de suite. Car en entrant dans l'univers de WIZARD'S BEARD, vous pénétrez par la même occasion dans un monde caniculaire où s'entrechoquent narcotiques et spiritueux. Plus mortel encore qu'un verre d'Amaretto en plein cagnard, Four Tired Undertakers est l'assurance d'une longue et reposante sieste au pays du Sludge, le "Doomcore" du crade. Car il faut de tout pour faire un monde, et surtout de gens fatigués. On ne peut pas être en pleine forme, en pleine possession de ses moyens, et proposer un tel disque. Ça va à l'encontre des lois de la nature. Alors même si je doute que ces quatre Anglais composent jour et nuit dans un hamac, le relâchement extrême que propose ce second album ainsi que sa furie maquillée en flegme ne manqueront pas de surprendre. Une petite sortie sur la forme, terriblement aliénante sur le fond. Plongée.
Dieu sait mieux que quiconque à quel point un album de ce calibre ne laisse rien transparaitre. C'est une boite hermétique, imperméable, un colis piégé qui n'explose que lors de son ouverture. L'objet ne paie pas de mine, la musique provoque le contresens. "Subirse El Muerto" déboule, ou plutôt s'avance paisiblement, avec un brin de nonchalance dans le pas. De looooooooongues notes chimériques, pas franchement réfléchies, arrivent épisodiquement aux oreilles de l'auditeur avant que le keupon de service, Chris Hardy (qui porte bien mal son nom) commence à beugler, d'un timbre déchiré loin de toute notion de growl, que se chargera d'apporter Neil Travers (basse). Quelque part entre CROWBAR et HELLMOUTH, l'étoile WIZARD'S BEARD commence péniblement à scintiller. A de rares moments, Four Tired Undertakers tente de s'énerver ("Seeth Inside"), dépeignant un paysage contre-nature idéaliste. Mais c'est trop vite comprendre que le quatuor est plus à l'aise dans le confort d'un Sludge minimaliste, boueux et psychotique. Techniquement moyen, le groupe fera le choix de peser de tout son poids sur des ambiances "doomesques" à s'en tailler les poignets dans le mauvais sens. Et pour le coup, le pari est plutôt réussi, puisque cet album, bien qu'inégal et profondément prévisible, remplit toutes les conditions pour faire son œuvre sur les plus désœuvrés. Le son étouffé digne d'une prod de garage participe à cet esprit "aquarium" et ravira les fans d'un amateurisme assumé. Le danger réside finalement dans la versatilité d'un tel disque. On pourrait être tenté de crier au génie, car les génies sont généralement anticonformistes et que WIZARD'S BEARD est d'une naïveté totalement anticonformiste. Mais ce serait comme faire une dizaine de jongles et prétendre au Ballon d'Or France Football. Certes, Four Tired Undertakers est un bon album de Sludge, capable de se démerder seul au milieu du ghetto, mais il est aussi trop frêle pour devenir un caïd.
Alors oui, des émotions, il y en a. Et elles masquent la plupart du temps les carences techniques et créatives de ces musiciens, qui se contentent finalement de répéter les mêmes schémas sur des cadences préfabriquées. D'ailleurs, attention à ne pas s'y tromper. Four Tired Undertakers est peut-être un gros coup de massue derrière la tête, susceptible de te laisser groggy selon ta sensibilité au style, mais venant d'un adversaire pas franchement taillé pour la domination, le plaisir SM n'en est que très aléatoire.
Ajouté : Mercredi 02 Juillet 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Wizard's Beard Website Hits: 11516
|