SOAP REVELATIONS (co) - Dreammachine (2014)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 25 juin 2014
Pays : Colombie
Genre : Death Metal
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 57 Mins
"Le djent est un sous-genre musical du rock. Il intègre souvent des influences progressives, mathcore ou math rock, death metal, jazz..."
Dixit l'encyclopédie virtuelle Wikipedia, maître étalon en la matière de dictionnaire binaire faisant autorité de nos jours. Bon, moi je veux bien. Mais permettez moi d'y voir une redondance qui crève les yeux. Alignons les termes employés.
Progressif. Mathcore. Death Metal. Jazz. Ca fait un sacré melting-pot. Mais corrigez moi si je me trompe. Le Progressif n'est-il pas déjà la base un sacré mélange de Rock, de Jazz, de Classique, de Metal, et de Thrash parfois ? Et le Mathcore n'est il pas la jonction entre le Hard Core, le Jazz et le Metal, le tout travaillé d'une façon très progressive ?
Alors quel intérêt de trouver une fois de plus une nouvelle appellation qui n'apporte absolument rien au genre qu'elle décrit, puisque ce dit genre existe déjà depuis des années, sous des dénomination bien plus simples ? Excès de jeunisme, dans un désir de rameuter de jeunes troupes désireuses de faire partie d'un monde à part ? Etiquette facile balancée à la hâte ? Un peu des deux sans doute, mais je persiste à dire que l'entreprise n'a d'autre but que de ranger une fois de plus dans de petites cases des groupes qui n'en demandaient pas tant.
Prenons l'exemple de notre ami colombien Juan S. Ramirez, responsable de quasiment tout sur ce disque. Juan est l'âme de SOAP REVELATIONS, et enregistre tout ce qui lui passe par la tête, et ne voyez rien de péjoratif dans cette remarque, puisque son travail est plutôt bon. Dreamachine est déjà son septième témoignage discographique en trois ans, et si l'homme est prolixe, il ne se contente pas de balancer ses vues musicales au hasard, comme en témoigne ce dernier jet très sympathique.
Alors je mettrai le terme ridicule de Djent de côté pour parler de sa musique. Lui même la décrit comme du progressif atmosphérique, et j'abonde dans son sens. Impossible en effet même avec toute la mauvaise foi du monde de trouver dans ses morceaux la moindre once de Death Metal et encore moins de Mathcore, même si certains passages n'hésitent pas à mettre l'emphase sur la puissance, et si parfois ses riffs se font très lourds et saccadés. Car l'affaire reste en tout point mélodique et énergique, et respecte les règles de bienséance.
Favorisant un projet instrumental, Juan a su prendre des risques, tant cet exercice tombe vite dans le piège de la démonstration ou de la redite à outrance. Et s'il n'évite pas toujours ce dernier écueil, puisque ses parties de guitare sont parfois assez similaires, ainsi que la construction de ses compositions, Juan arrive à nous embarquer dans son voyage intérieur, voyage qui propose son lot d'émotions, et qui finit par nous conquérir par sa sincérité et son intégrité.
Si ce périple se dispense du moindre mot, il existe toutefois une exception notable. Car après une courte et nostalgique intro au piano, "These Windows Show us the Distant Future", seul titre chanté du lot déboule, avec la participation de Juliana Castrillon, dont le timbre de voix aussi délicat que puissant fait merveille. Sans pour autant verser dans le Metal symphonique de pacotille, ce morceau enchante par sa mélodie travaillée, et se pose en introduction narrée qui nous fait faire nos premiers pas.
Certes Juan utilise savamment quelques samples qui dynamisent son entreprise, mais à partir de la troisième piste, le silence humain se fait, et seule la musique parle. Celle-ci suit un canevas solide, ciselé, qui permet à son auteur toutes les digressions possibles. Si la plupart des pistes empruntent le même chemin, elles s'autorisent chacune un petit pas de côté, parfois imperceptible mais bien présent.
Ce même chemin présente les caractéristiques de tout chemin progressif digne de ce nom... Rythmique variable, souvent heurtée, avec passages rapides et virevoltant, basse sobre mais juste, arrangements de clavier discrets qui enrichissent l'ensemble, et surtout, des guitares, des tonnes de guitares.
Des guitares claires, saturées, plombées, aériennes, qui mènent la danse pour notre plus grand plaisir, sans toutefois empiéter sur le bas chemin. Si vous souhaitez une illustration parfaite de cette description, écoutez "Mar de Espejos Rotos", qui compile en sept minutes toutes les idées de son auteur. Ne passez pas non plus à côté du diptyque "The Dreamachine", qui porte merveilleusement bien son nom, et si la longueur vous rebute quelque peu, la concision et la beauté mélodique de "Oscillating" saura vous satisfaire rapidement sans rien vous cacher des qualités intrinsèques de ce LP.
LP qui évidemment, draine aussi son lot de défauts. Le son tout d'abord, compressé (mais peut être est ce du à un problème d'encodage), qui finit par légèrement irriter sur la fin, par son manque de dynamique et de profondeur. Léger problème aussi avec l'optique de composition choisie, qui entraîne une routine d'écoute par moment, qui certes s'estompe si l'on écoute l'album dans son intégralité sans vraiment faire attention à chaque note. Le parti pris de l'instrumental accentue évidemment cette impression, et le manque de parties solo gène parfois, et fait regretter l'absence de chant qui rendait "These Windows Show us the Distant Future" si plaisante en début d'album. Celle-ci est d'ailleurs reprise en fin de disque, en version instrumentale une fois de plus, ce qui n'était pas forcément nécessaire.
Globalement, Dreammachine s'écoute sans déplaisir, l'esprit vierge de toute catégorisation. Allongez vous sur votre lit, laissez la musique parler, vous emporter, et votre imagination faire le reste. Peu importe de savoir quel style vous écoutez, seules les émotions comptent. Et vous en éprouverez, sans aucun doute.
Ajouté : Mardi 29 Juillet 2014 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Soap Revelations Website Hits: 12040
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