L'année 2014 commence bien mal pour ceux qui croyaient que la nouvelle cuvée serait placée sous le signe de la musicalité et de la tranquillité. Trois jours se sont à peine écoulés que déjà, les Finlandais, les Belges, les Néerlandais et les Luxembourgeois pouvaient se délecter de la nouvelle offrande d'un des groupes les plus furieux du Vieux Continent. Pour les autres membres de l'Union Européenne, un répit de quatre jours sera généreusement accordé. LEGION OF THE DAMNED fait partie de ces institutions qui n'ont plus rien à prouver. Et même si le projet existe en tant que tel depuis 2005, il faut savoir qu'avant, Maurice Swinkels et les siens avaient déjà fait paraître pas moins de cinq albums sous le nom d'OCCULT. Ce qui pousse donc ce Ravenous Plague à être, par la force des choses, le onzième full-lenght de cette entité tentaculaire. Des dizaines de bras se sont succédés au service de sa majesté et pourtant, une seule corde accrochée à un seul arc : le Death / Thrash le plus authentique que la Reine Terre ait engendré.

Ce Death / Thrash, il en sera forcément question ici. Vous vous en doutez, le quatuor n'a pas beaucoup évolué depuis son Descent Into Chaos de 2011, lui-même représentatif de l'idée qu'on a depuis bientôt dix ans de LEGION OF THE DAMNED. Vicieux et explosif, il est cependant annoncé par une introduction épique et théâtrale ("The Apocalyptic Surge"), comme du temps de Cult Of The Dead. La suite, du moins sur le fond, n'aura pas d'autre point commun avec leur opus de 2008. Fini le temps où les Bataves tournaient en rond, passablement épuisés par un acharnement discographique démesuré (quatre LP en trois ans dont deux pour la seule année en 2008). On n'aura jamais attendu aussi longtemps entre deux sorties, et le résultat vaut la peine d'avoir patienté. Peut-être avaient-ils besoin de temps, ou alors de sang frais ? L'historique Richard Ebisch (guitare) s'est éclipsé. Bienvenue en enfer, Twan van Geel. On n'ira pas jusqu'à dire que c'est ce qui fait toute la différence sur Ravenous Plague mais quand même, LEGION OF THE DAMNED renoue avec un sens des priorités tout à fait honorable, comme quand l'efficacité primitive dans la voix de Swinkels combine avec une cascade de riffs bien huilés ("Howling For Armageddon"). Doté d'une étonnante capacité de réaction, le groupe renverse la vapeur et parvient enfin à faire des choix les plus compliqués des choses simples, alors qu'auparavant c'était plutôt l'inverse. J'en veux pour preuve cette basse qui ronronne toujours en fond de cours, apportant de la rondeur à des structures Thrash qui s'épanouissent dans une certaine banalité ("Black Baron", "Ravenous Abomination"...) ou alors ce "Doom Priest" central un peu caricatural, plus mesuré dans le rythme mais à la simplicité détonante. LEGION OF THE DAMNED n'a jamais été un groupe très évolutif et ne le sera probablement jamais. Cependant, on remarquera assez facilement que Ravenous Plague est leur album le plus nuancé, avec des contrastes particulièrement prononcés dans les rythmiques, parfois très catchys avant d'être sacrifiées sur l'autel du riff Mach 3. De même, il y a eu un véritable effort de consenti sur l'écriture, chaque piste ayant son petit plus. Au bout du compte, on réalise qu'on n'est plus dans l'empilement mais dans l'enchaînement !

J'étais certainement plus hermétique qu'aujourd'hui du temps où j'écrivais pour Cult Of The Dead, mais une chose est certaine. Ce disque là n'est pas la sortie de l'année (il serait exagérément tôt pour le dire), de même qu'il n'est pas cette purge de classicisme exacerbé qu'on reçoit parfois de la part des bandes estampillées "Death / Thrash de tradition". Celle-là n'usurpe pas (pour une fois) son label de qualité ; on passe un vrai bon moment de brutalité, même si c'est certainement le maximum que puissent nous offrir les LEGION OF THE DAMNED.