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SVART CROWN (FRA) - JB Le Bail (Mars-2014)


Entretien avec le chanteur et guitariste soliste de SVART CROWN à l'occasion du Vormela Black Festival. Ce fût l'occasion de parler avec un homme passionné, calme mais néanmoins catégorique et sûr de ce qu'il avance...

Line-up
: JB Le Bail (chant et guitare), Clément Flandrois (guitare), Ludovic Veyssière (basse), Nicolas Muller (batterie)

Discographie : Bloody Crown (démo – 2006), Ages Of Decay (album – 2008), Witnessing The Fall (album – 2010), Profane (album – 2013)

M-I Interviews du groupe : SVART CROWN (FRA) - JB Le Bail (Jan-2009), SVART CROWN (FRA) - JB Le Bail (Mars-2014)

Crédit Photo : LudoPix.com (Retrouvez d'autres photos sur ce lien)



Metal-Impact. Salut JB. Merci pour le temps que tu nous accorde. Nous sommes au Vormela Festival et l'ambiance est au Black Metal. En tant que participant, que penses-tu de l'affiche ? As-tu un favori ?
JB Le Bail. Avant toute chose, j'aime beaucoup l'affiche. On est content d'enfin jouer avec une bonne programmation. Ca faisait longtemps qu'on n'avait pas joué sur une affiche aussi forte en terme de style, parce qu'elle est faite de groupes assez pointus dans lesquels on se retrouve finalement assez bien. J'aime beaucoup AZARATH, REGARDE LES HOMMES TOMBER, SETH... Je suis également curieux de voir AETERNUS car je ne connais pas trop. En tout cas, stylistiquement on se retrouve assez bien dans l'affiche.

MI. Tu nous avais déjà donné une interview en 2009. Depuis cette époque, votre line-up a légèrement bougé puisque vous avez changé de batteur. As-tu des remarques à faire sur ce changement ?
JB. A l'époque où ce changement a eu lieu, nous étions assez tendus à causes de quelques problèmes internes au groupe. Quand Gaël Barthélémy est parti, ça a permis de débloquer certaines situations. Par exemple, du fait de ces conflits intra-groupe, nous n'arrivions plus à composer. Tout était bloqué. On a alors recruté Ranko et du coup, l'inspiration est de suite revenue. Au niveau humain, ça a permis d'apporter un peu plus de légèreté au sein du groupe. Les relations entre nous sont beaucoup plus fluides et beaucoup plus apaisées. C'est très important de s'entendre entre membres, surtout nous qui sommes beaucoup sur la route. En termes de niveau, Ranko nous a permis d'explorer des voies qu'on n'aurait peut-être pas pu explorer avec notre ancien batteur. C'est quelqu'un de très polyvalent, que ce soit sur les parties extrêmes ou bien sur les parties plus lentes, et c'est quelque chose que j'apprécie, que nous apprécions chez lui.

MI. Je voudrais revenir sur Profane. Vous avez mis un an de plus que Witnessing The Fall pour qu'il voie le jour. Est-ce qu'il a demandé plus d'investissements, plus de temps de composition ?
JB. Déjà, il faut dire que nous avons accordé une grosse année pour la promotion de Witnessing The Fall, donc nous n'avions quasiment pas composé. Ajouté à ça le problème du batteur, nous ne savions vraiment pas où nous allions aller. Mais peu à peu ça a commencé à se dessiner, alors nous avons pris notre temps. Nous aimons faire les choses bien : tu veux sortir un album, ça c'est facile. Mais pour sortir un bon album, il faut faire les choses patiemment et calmement. Un album, c'est quelque chose qui est gravé dans le temps, alors ça se doit d'être le plus proche possible de la perfection. Nous avons eu de la chance qu'une fois Profane fini, on ait pu le sortir très vite car nous venions de rentrer en contrat avec Listenable Records.

MI. Toujours pour rester dans cet esprit de comparaison entre vos deux derniers opus, j'ai remarqué de mon côté que le public avait mieux accueillit Profane que Witnessing The Fall. Mais du côté du groupe, qu'est-ce que vous en pensez ? Vous avez un album "chouchou" ?
JB. Ce n'est pas évident de choisir entre deux albums, car ils ont tous deux des aspects différents et ils ont également tous deux des qualités. Dans Witnessing The Fall, il y a des passages et des morceaux que je trouve très forts, et puis cet album nous a permis de passer une étape supérieur au niveau artistique. C'est-à-dire que là, on a voulu poser les fondations de ce qu'allait être le groupe sur les années futures, et puis nous avons pris une démarche très radicale par rapport au premier album. On a vraiment radicalisé notre son, notre artwork, mais on s'est aussi posé beaucoup de questions quant à l'équipe avec laquelle on allait travailler. On a donc trouvé une très bonne équipe qu'on a voulu garder sur Profane parce qu'on était très satisfaits du rendu niveau son. C'est pour ça que Profane est une sorte de continuité de Witnessing The Fall, mais avec un batteur différent, ce qui a permis de diversifier les ambiances, les émotions. Après, je ne peux pas choisir entre ces deux productions, même si Profane sonne mieux à mes oreilles du fait du nouveau line-up et puis aussi parce que c'est un nouvel album. Il faut lui laisser le temps de montrer ses faiblesses.

MI. Beaucoup qualifient votre dernier opus de Black/Death Metal, et c'est vrai qu'il y a un côté beaucoup plus Black que les précédentes productions. Est-ce que la composition de cet album s'est déroulée différemment de celle de Witnessing The Fall ? Et toi, qu'est-ce que tu penses de ce côté Black ?
JB. On a toujours été attirés par l'ambiance du Black Metal donc je pense que SVART CROWN est rattaché à ce mouvement, mais sans l'être totalement. Ce serait mal connaître le Black Metal que de dire que SVART CROWN est un groupe de Black. Par contre, je pense que nous sommes un groupe qui respire le Black, que ce soit dans son ambiance ou bien dans ses thématiques. Nous avons une connexion avec ce milieu-là, et c'est pour ça que je pense que sur une affiche de Black Metal comme celle d'aujourd'hui, nous avons notre place. Mais à la base, nous voulons faire sonner notre musique comme du Death Metal tel que nous aimons en écouter. Pour être clair, nous ne sommes pas dans un trip branlette de manche en parlant de zombies. Pour la composition, nous avons suivi les mêmes traces que pour Witnessing The Fall, c'est-à-dire que je m'occupe de la plupart de la musique ainsi que des paroles, et après on réarrange un petit peu au niveau de la section harmonique, au niveau des guitares avec Klem qui est le guitariste. Donc en général, j'ai les ossatures, il vient, il apporte sa patte et joue mes riffs à sa façon. Après, on travaille tout ça en répèt'. Mais pour résumer, nous avons suivi un peu la même méthode de composition pour Profane.

MI. Depuis ses débuts, SVART CROWN produit une musique malsaine, haineuse, d'où découle de la colère. Pourquoi est-ce que vous insistez sur ce point ? Est-ce pour rester dans une ambiance Black ?
JB. En fait, rester dans une ambiance Black, on s'en fout un peu. On veut juste faire ce qui nous plait. Moi ce que j'aime dans le Black, c'est le côté occulte, haineux, très malsain et un peu dramatique. Le Black que j'aime c'est le scandinave, comme MAYHEM, GORGOROTH avec son line-up phare, etc... Y a aussi AOSOTH, ARKHON INFAUSTUS, CRAFT... Et donc, je ne cherche pas forcément à faire du Black, je veux juste faire ce qui me plait de faire.

MI. Afin de rester sur cette ambiance Black haineuse, est-ce que SVART CROWN n'est pas un défouloir pour les membres du groupe ?
JB. Si, c'est vrai. Je suis convaincu que nous avons tous en nous une part négative animale et vraiment obscure, et ça nous permet de la faire ressortir de façon... plus constructive. Nous sommes passionnés par les aspects les plus décadents, les plus morbides de l'être humain, et ça nous permet d'extérioriser tout ça et de le mettre en forme d'un point de vue artistique.

MI. J'avais lu quelques uns de vos textes mais je me suis réservé afin de te poser cette question : quel thèmes vises-tu principalement et pourquoi ?
JB. SVART CROWN a toujours été guidé par les côtés les plus noirs de l'humanité. C'est un groupe qui est très relatif à l'Homme. De plus en plus, nous nous détachons de tout mouvement religieux ou bien spirituel. Chaque membre se veut athée et crois à la destruction de l'Homme par l'Homme. En revanche, il y a bel et bien un refus, et pas un combat, vis-à-vis de la religion. On n'accepte pas et on ne tolère pas la soumission de l'Homme par la religion. Par contre, nous sommes assez attirés par la mise en valeur artistique des œuvres bibliques. Sur Witnessing The Fall, on a été très inspirés par des thèmes bibliques et on a fait pas mal de corrélations et de métaphores avec d'autres thèmes, plus actuels. Par exemple, sur "Dogs Of God", on met en rapport le côté maître/esclave que peut avoir un fervent croyant par rapport à sa religion, qui fait passer sa religion en priorité, et qui dicte sa vie en fonction de ça. En fait, il ne va plus penser par lui-même et va agir selon des théories que quelqu'un lui dicte. Ca le met dans une position de dominé et c'est là que je fais le lien : "Dogs Of God" rappelle une position sexuelle sadomasochiste extrême. J'ai fait ce parallèle là en mettant en rapport le sadomasochisme, qui rappelle la position dominant/dominé, avec le côté religieux. Pour la petite anecdote, j'avais trainé sur des forums SM pour ce morceau afin de pouvoir trouver des éléments et j'avais vu le post de quelqu'un qui cherchait un dominé, et ça m'a parfaitement évoqué le croyant qui va penser, agir et se conduire en fonction de ses dogmes, au lieu de se tourner vers les choses concrètes, pragmatiques de la vie réelle. La deuxième partie de ce texte à un rapport avec la drogue, qui assimile la religion à une drogue. Je critique donc le fait qu'un croyant pratiquant est totalement perdu sans sa religion, comme le serai un héroïnomane sans sa piqure quotidienne. Et moi je pense que l'être humain doit pouvoir réfléchir par lui-même, prendre des décisions, et ne pas se les faire dicter par un supérieur quelconque comme la religion.

MI. Je sais bien que Profane n'a même pas un an, mais êtes-vous déjà en train de concevoir son successeur ?
JB. Nous avons en effets quelques idées. Des riffs arrivent petit à petit. Pour l'instant, nous nous focalisons sur les concerts de Profane, mais dès que nous aurons un peu de temps libre, on va commencer à y penser. Si nous avons le temps, on aimerait faire un EP. Si nous n'avons pas assez de temps, alors on fera autre chose. Mais nous voulons garder ce rythme de deux-trois ans entre chaque prod, histoire de faire les choses bien.

MI. Vous avez fini votre tournée anglaise il y a de cela 3 jours. Dans l'ensemble, comment ça s'est passé ?
JB. Le bilan est assez mitigé. Pour un groupe de notre stature, c'est-à-dire assez underground pour l'Angleterre, c'est quand même très limite. Ils n'ont pas une notion d'accueil comme l'a la France. Ils ne prennent pas soin de leurs artistes. Il y a eu beaucoup de laisser aller vis-à-vis de nous, et nous n'avons pas trop apprécié. Côté public, les gens qui sont venus aux concerts étaient venus pour nous, vu que nous étions en headliner, alors c'est une bonne chose. Nous regrettons qu'il n'y ait pas eu plus de personnes, mais le marché anglais étant ce qu'il est, arriver à ameuter plus de gens en pleine semaine, c'était un pari risqué.

MI. Vous avez tourné avec SEPTICFLESH au Japon. C'est une destination assez exotique, alors pourquoi avoir tourné là-bas ? As-tu une anecdote à nous proposer ?
JB. Nous sommes de véritables globe-trotters. Nous sommes tous des aventuriers et la musique nous permet d'aller dans des endroits où l'on n'aurait pas pensé mettre les pieds un jour. On a eu cette opportunité du Japon et nous l'avons accepté. Il y a un côté très exotique, dépaysant qui m'a bien plu. L'accueil des fans est très intéressant, ils chouchoutent les groupes qu'ils aiment. Notamment, j'ai remarqué que des gens venaient à nos concerts plusieurs fois à la suite en nous amenant des chocolats, de l'alcool, ou bien des trucs du genre... Il n'y a pas ce côté élitiste que tu peux avoir en Europe, car là-bas, K-Pop ou Black Metal, il n'y a aucune différence. Ils écoutent de tout, ils n'en ont rien à foutre, ils écoutent et viennent voir les groupes qui leur plaisent, c'est tout.

MI. C'est bientôt la fin de l'interview, alors je vais piquer la question habituelle d'un confrère, et je vais te demander quels sont tes 5 albums cultes ?
JB. Alors... En première position, je dirais Close To A World Below d'IMMOLATION. Après il y a No Surrender des français de KICKBACK. C'est une vraie pépite de noirceur ce truc. J'aime beaucoup ALICE IN CHAINS alors je dirais Black Gives Way To Blue en troisième position, qui me scotche dès que je l'écoute. Il y a aussi l'avant-dernier album de SLAYER, God Hates Us All, qui veut juste t'en mettre plein la tronche et qui a un côté très urbain. Et en dernier... tu vois, en ce moment, je réécoute des trucs que j'écoutais quand j'étais ado, et l'album qui m'avait marqué à cette époque c'était Iowa de SLIPKNOT, et j'ai toujours autant de plaisir à l'écouter, parce que quoi qu'on en dise, c'est un album très virulent et qui sent le soufre, beaucoup plus que pas mal d'albums de Black et Death Metal qui sortent actuellement. C'est un album de chevet pour moi, et je me doute que ce n'est pas une réponse à laquelle tu t'attendais.

MI. Effectivement, je ne m'attendais pas du tout à ça ! Merci pour le temps accordé, peut être as-tu une dernière chose à ajouter ?
JB. Oui, à tous ceux qui liront cette interview, gardez un œil ouvert sur notre Facebook. On va annoncer pas mal de dates en France dans les mois qui viennent ainsi que quelques festivals.


Ajouté :  Jeudi 01 Mai 2014
Intervieweur :  HopelessLife
Lien en relation:  Svart Crown Website
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