EXODUS (usa) - Blood In, Blood Out (2014)
Label : Nuclear Blast Records
Sortie du Scud : 10 octobre 2014
Pays : Etats-Unis
Genre : Thrash Metal
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 62 Mins
Dans la vie, il y a beaucoup de choses que je déteste. Je ne vous en ferai point l'énumération ici, et me contenterai de citer tout ce qui a un rapport avec cette chronique. Je déteste par exemple qu'on se foute de ma gueule. Je déteste aussi la vente forcée. Les trucs qu'on veut vous refiler en tablant sur vos passions, sur la nostalgie, etc...
Et je déteste aussi dire du mal des gens que j'aime. Un peu comme tout le monde quoi. Et dans cette catégorie, je classe aussi les groupes que j'adore. C'est comme ça, ils font partie de la famille après tout.
Pourquoi ce préambule ?
J'y viens.
Un nouvel album d'EXODUS, c'est toujours un évènement pour moi. D'une parce qu'ils ne m'ont jamais vraiment déçu, ou alors très ponctuellement, mais aussi parce que Bonded By Blood a fait partie des albums qui m'ont fait tomber dans la marmite Thrash quand j'étais jeune. Alors forcément ça marque. Mais aussi parce que je vénère Gary Holt et Tom Hunting, en tant que musiciens et en tant qu'hommes. Parce qu'EXODUS en live m'a procuré des émotions incroyables, beaucoup plus même que SLAYER ou METALLICA. Parce que c'est sans doute le seul groupe qui en réenregistrant un classique a réussi son coup, à l'inverse de pratiquement tous les autres ayant tenté le coup. Pour ça et tout le reste. Alors, comme d'habitude, je m'apprêtais à faire la fête avec eux, célébrant la sortie de ce Blood In, Blood Out.
Le titre déjà promettait. Des réminiscences des débuts glorieux, ça commençait bien. Je ne m'attendais pas bien sur à un retour aux sources synonyme de bain de jouvence, mais je sentais les mecs surs de leur coup, surs de nous offrir une tuerie aux sonorités modernes qui piochait dans leur glorieux passé. Et puis, avec en plus des collaborations pareilles, c'était un peu le cadeau bonus bien avant Noël. Pensez donc, d'abord Chuck "Testament" Billy, et puis l'annonce qui tue, le retour de Kirk "DC Comics" Hammett le temps d'un solo. Merde... LE Kirk, leur guitariste initial, celui de la démo de 82 qui revenait faire coucou à ses potes, vous parlez d'une surprise... Comment l'affaire pouvait elle mal tourner ? Car en effet, le soufflé est vite retombé, vous vous en doutez vu la teneur de mes propos...
Soyons clair, rengainez vos insultes, mais je ne vais pas être tendre. Qui aime bien châtie bien non ? C'est donc cette maxime que je vais appliquer ce soir. Et je laisse de côté le suspens du verdict pour annoncer derechef que j'ai été incroyablement déçu par Blood In, Blood Out.
Première erreur, et de taille. Mais Gary, pourquoi es tu allé chercher de nouveau Zetro ? Je ne te comprends pas. Tu as dit pis que pendre de ce mec, que tu ne voulais plus en entendre parler, j'en passe et des plus crues... Et tu le ramènes à la maison ? Mais merde, quand on a un chanteur de la trempe de Rob Dukes on le garde !!! Je ne sais pas ce qui t'as soudain déplu chez lui, mais quelle tristesse... Mais bon, j'étais prêt à passer outre, car après tout, les comeback improbables de vocalistes vilipendés sont légion dans le monde de la musique, mais après avoir écouté cet album, ma compréhension a soudain disparu... Si encore Blood In avait été une franche réussite, la démarche m'aurait paru acceptable et excusable, mais las... Ca tourne en rond. Et ça, c'est impardonnable pour un musicien de ta trempe.
J'aurais préféré que les rumeurs et les annonces de début d'année furent justes. Rob, alors encore vocaliste, parlait sur le ton de la plaisanterie d'un album court, en réaction aux critiques des fans qui jugeaient les dernières sorties trop longues. Ca devait être un album fort, compact, un des plus violents de la carrière du groupe. Et puis... Rien. Et tu sais pourquoi je t'en veux autant ? Parce que ce nouveau bébé sent l'arnaque à plein nez du coup.
On joue sur la nostalgie. Le titre, les potes qui débarquent pour filer un coup de main, l'ancien chanteur des années 80... Et puis on rajoute des riffs estampillés Bay Area version 2014, un tempo galopant mais raisonnable la plupart du temps, des choeurs qui rappellent Bonded By Blood... En gros, on essaie de faire comme si, mais ça ne fonctionne pas. Et la raison en est simple.
D'abord, parlons des riffs. Ce sont peut être les plus convenus de ta carrière Gary, puisque je ne sais pas quelle fut la participation de Lee au processus de composition. La plupart ne sonnent pas "classiques", mais "datés", comme des trucs qu'on avait mis de côté au cas où, et dont on aurait jamais du se servir. Un genre de recherche du passé, de la magie d'antan, celle qui avait illuminé le Thrash boom de 84/85, mais non... Parfois, il faut savoir renoncer à essayer de retrouver sa jeunesse, et c'est bien la seule leçon à tirer ce soir.
En extension de ce premier point, et dans sa continuité logique, les morceaux de Blood In, Blood Out sont beaucoup trop longs. Je te ferai ici Gary le même reproche que j'avais formulé à l'encontre de James H à l'occasion de la sortie de St Anger, si tu n'arrives pas à trouver des parties de guitare qui accrochent, ou alors si un seul riff te parait tenir la distance, ne le dilue pas sur plus de cinq minutes histoire de jouer la montre, et pire, ne le mélange pas à des passages encore plus ternes.
Le parangon de ce postulat est atteint sur "Body Harvest", le trou noir de ce LP, qui s'époumone sur ses derniers instants à essayer de prolonger l'agonie, à tel point que je commençais à croire que le morceau suivant s'était enchaîné, et qu'il proposait une intro relativement pénible.
En étant concis, les deux premiers tiers de l'aventure n'ont que peu d'intérêt, selon mon point de vue. Plans réchauffés, tempo de Tom calqué sur "Bonded By Blood" ou "Exodus", breaks téléphonés, on est loin de l'excellence du diptyque Exhibit, ou de la classe imparable de massacres comme "Raze". Sans même parler de "Strike Of The Beast" ou "The Last Defiance" qui restent à des années lumière de ce brouillon...
Seuls les derniers morceaux ont réveillé mon attention, avec une mention spéciale à "Food For The Worms" sur lequel Hunting se lâche enfin et se montre à la hauteur de son talent, pouvant enfin dynamiter un riff honorable, même si légèrement calqué sur le "Arise" de SEPULTURA.
C'est bien la seule occasion sur laquelle EXODUS retrouve son mordant d'antan, en terminant sur le même genre d'hystérie que déclenchait "Strike Of The Beast" il y a bien longtemps.
Quant aux participations, si elles sont sympathiques sur le papier, elles n'en restent pas moins anecdotiques dans les faits. Certes, le solo de Kirk est typique de son style, certes les choeurs de Chuck sont bien rauques, mais plantés au milieu de chansons passe partout, tout ça n'a rien de notable. Alors OK, Steve a fait des efforts au chant, et fait montre d'une implication convaincante, et la production d'Andy Sneap à un charmant parfum old fashioned, mais j'attendais tellement plus... Alors oui, certains trouveront Blood In, Blood Out très bon comme le prouvent les papiers écrits par certains journalistes, et honnêtement, il n'est pas foncièrement mauvais. Mais c'est pire que ça, il est décevant. Il tire sur la corde, qui finit par céder. Je suis vraiment triste de dire ça, mais je reste sincère, déçu, mais sincère. Et c'est bien la première fois depuis très longtemps que je suis désolé d'avoir à dire du mal de ce groupe que j'aime tant.
Mais écoutez le, et faites vous votre opinion. J'espère vraiment que vous l'aimerez. Je lui mets la moyenne parce qu'il la mérite. Parce qu'il est moyen, et parce qu'on ne peut décemment pas sous noter un disque d'EXODUS. Mais la prochaine fois, si celle-ci se révèle aussi désarçonnante, je n'aurai pas cette clémence.
Ajouté : Lundi 02 Février 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Exodus Website Hits: 5642
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