Il n'y a vraiment que les groupes de Fastcore/Grind/Powerviolence pour oser sortir un concept comme le split single...
Il est vrai qu'avec dix morceaux pour dix minutes de bruit, le format EP reste encore d'une durée déraisonnable pour eux... Et utilisé avec parcimonie.
Peu importe, court certes, mais intense. Et telle est, et doit être leur devise !
Sorti sous un packaging séduisant pour le collectionneur (gatefold sleeve qui s'ouvre et laisse découvrir les textes et de chouettes illustrations), ce split 7'' est une affaire qui tourne. Qui tourne vite, rapidement, et laisse une sensation de chaos dans le cerveau...

Soyons légèrement chauvins, et commençons donc par nos représentants nationaux, CHIENS. Je vous avais déjà parlé d'eux lors de la chronique de leur excellent Vultures Are Our Future, dont j'avais dit le plus grand bien.
Nous retrouvons ici nos clebs préférés, avec seulement quatre morceaux alignés (ils ont été polis et laissé la majorité à leurs potes de l'Est), "Drag The River To Addiction", "Home Shit Home", "Let Them Rot" et "For 5 Bucks". Ok, le tout est emballé en à peine quatre minutes, mais quatre minutes d'une intensité rare. On retrouve bien sur tout ce qui nous plaît tant chez eux, cette folie ambiante, cette manie de juxtaposer sans pause des rythmiques alambiquées et épileptiques, ce chant craché comme un aboiement démoniaque, ces guitares à la limite de la schizophrénie qui virevoltent et tourbillonnent sans relâche... Avec un son un peu meilleur que leurs collègues Tchèques, ils se taillent la part du lion, et cette affirmation là n'a rien à voir avec le chauvinisme par contre ! Bravo les clébards, et gardez la bave aux lèvres ça vous va très bien. Et puis se finir sur une citation de Georges Abitbol, je ne pouvais que fondre... Quel monde de merde !

La République Tchèque nous gratifie donc de dignes représentants, LYCANTHROPY, qui se veulent plus classiques, mais pas forcément plus calmes. Privés de leur chanteuse Zdisa (remplacée par le pas très content Šupin), l'absence aurait pu être dommageable et notable, mais dans le cercle fermé des groupes extrêmes, les changements s'effectuent en douceur sans qu'on remarque forcément la différence. Ce qui est le cas ici. Si la prod' dont bénéficient les Tchèques est sourde, étouffée et compressée, elle sied à leur Crust/Grind/Dakcore comme une chaussure déformée sur un pied bot. De toute façon, on ne s'embarrasse pas de principes ici, et on crie, on vitupère à tout va, le tout sur fond de blasts qui s'enfilent comme autant d'hémorroïdes dans la tuyauterie d'une actrice porno de l'Est, même si parfois, l'hystérie collective se calme un peu pour tomber dans un foutoir cauchemardesque et poisseux ("God Loves Money", très Dark et plombé).

En somme, cette rencontre entre Nancy et Poděbrady se présente sous la forme d'un choc frontal, laissant pas mal de dégâts derrière lui, mais peinant à désigner un bourreau et une victime.
Dans un accès d'affection, on pourra lever la patte de CHIENS, pour cette ambiance de démence qu'ils arrivent à instaurer systématiquement, mais LYCANTHROPY, malgré une production un peu déficiente ne démérite pas niveau efficacité, mais reste plus classique.

Jappez, jappez fans d'ultra violence, ce split 7'' est fait pour vous... Pourquoi ? Ben parce qu'on a toujours dix minutes à consacrer à des potes, entre deux sorties, entre deux polissage de docks au cirage. Et puis merde, faites ce que vous voulez, moi j'ai fait mon taf.

Allez viens le chien, on va aller pisser sur les pneus des bagnoles.