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6:33 (FRA) - Deadly Scenes (2015)






Label : Kaotoxin Records
Sortie du Scud : 12 janvier 2015
Pays : France
Genre : Metal
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 54 Mins





Le matin, la plupart du temps, je pars pour le boulot aux alentours de 6h33. Et le pire, c'est que c'est vrai. Allez, dites le, vous n'y croyez pas une seule seconde. J'ai encore inventé une anecdote pour faire le malin et coller à la chronique.

Je vous emmerde. C'est la vérité. que vous y croyez ou non m'importe peu.
Alors, logique que tout ça m'interpelle. D'autant plus que dans le cas de 6:33, les parallèles sont nombreux entre ma façon de penser, ma vie, et leur univers qui lui n'est pas super logique.
Si vous ne connaissez pas 6:33, écoutez leurs travaux/délires passés avant de vous jeter sur ce nouvel album. Bien que cela ne soit pas indispensable, ça vous aidera sans doute à vous raccrocher aux quelques branches qu'ils ont laissées sur leur passage. Généralement, ils crament tout et ne laissent rien, mais avec un peu de chance, il reste bien un vieil olivier sur leur route. a moins qu'ils n'aient aussi bouffé les fruits et les noyaux.

Les présenter ? Difficile. Impossible même, puisque les mecs ne se définissent que par leur musique. Et ne comptez pas sur moi pour la définir, puisqu'elle aussi ne se situe que par rapport à ses multiples influences aussi éparses qu'étranges. Le nom de CARNIVAL IN COAL revient souvent quand on parle d'eux, et pas seulement parce que le chevalier Strobl a souvent chevauché à leurs côtés. Pour ça, référez vous à l'album enregistré ensemble, le délirant et salvateur The Stench from the Swelling (A True Story). Je n'en dirai pas plus.

6:33, outre un horaire très précis, est une joyeuse bande d'iconoclastes qui se baladent main dans la main avec Mike Patton, Devin Townsend, suivis par les fantômes de Zappa père et fils, des Residents, et de Les Claypool de Primus portant la robe de mariée d'Helena Bonham Carter. C'est un bal chamarré, avec des mecs aux masques de chevaux, portant de la dentelle et de l'organdi. Des gentilshommes aux manières bizarres, qui invitent les jolies femmes à danser, sans les mener, mais sans pour autant leur marcher sur les pieds. Ils auraient même tendance à plutôt leur piétiner les oreilles. Mais comme ils le disent eux mêmes :

"6:33, c'est plus fort que toi".

Pour envisager la chose, évacuez la raison, la mesure, mais pas la cohérence ni le talent. Parce qu'aussi osée et déséquilibrée que soit la tentative, elle tient debout, sans support. Et pourtant, comme chez les aînés, fantomatiques suiveurs de l'ombre, les composantes sont nombreuses et ne s'imbriquent pas forcément bien à la base. Du Metal, à foison, du Funk, de la Pop, du Jazz, de la Fusion en pamoison, et un bonne dose de délire en dosette de poison. On retrouve bien sûr ces ingrédients tout au long de Deadly Scenes, disséminés ça et là, de façon homogène, et même en version synthétique qui s'étire lors de la fermeture des portes éponyme. Treize minutes presque ad lib, le parapluie grand ouvert un jour d'été, mais qu'importe...Encore une fois, la tablée est encombrée des restes de Devin T, du FAITH NO MORE d'Angel Dust, et bien sûr, du CARNIVAL IN COAL presque COLA qui fait des bulles et qui les explose dans un rire fracassant les murs. Aller au charbon, certes, mais avec le sourire, et sans l'air d'y paraître.

Deadly Scenes, c'est une radio qui balaierait tous les canaux, FM, PO, GO, pour n'en restituer qu'un seul. Ou un super musicien de studio créé en labo, qui assimilerait tous les courants musicaux pour les fondre en une unique chaux, tout de go. C'est Funky, Country, un peu nasillard et paillard, ça commence comme un Gospel tout ce qu'il y a de plus respectueux, soudain interrompu par une rythmique guinguette Funk ("Hellalujah"), et ça s'achève comme un film dramatiquement thriller, romantique et policé, mais horrifique et inachevé ("Deadly Scenes").
Entre les deux entrée/sortie, c'est parfois du FNM traité par Manson ("Black Widow"), du David Byrne transcendé FM aux percussions vaudou ("The Walking Fed"), ça semble sorti de la catharsis de Devin sur sa tétralogie poudrée ("Last Bullet for a Gold Rattle" acoustique et puissant), et on a même la sensation d'avoir été invité au cabaret DIABLO SWING ORCHESTRA, durant la première partie de NOTRE DAME ("Ego Fandango", hallucinant et tourmenté).

Je continue avec les comparaisons/métaphores foireuses ou vous avez pigé ? Non, parce que là, il n'est que 17:04, et je peux encore pousser le bouchon jusqu'à tard dans la nuit...
Alors, jouons la courte.
Si les dédales en circonvolutions de FANTOMAS sont votre carte du tendre, il est fort possible que le nouveau plan de 6:33 vous indique des couloirs encore inexplorés. Des portes cochères cachées, des recoins moussus et sombres.
Si les histoires de Mike Patton en général, entrecoupées d'interventions d'un certain Canadien lunaire vous enchantent à l'heure du coucher, avec leurs personnages sortis de nulle part qui s'envolent au doux son d'une musique étrange, Deadly Scenes est fait pour vous. Parce que c'est un peu fou, un peu libre, terrible, mais séduisant. Parce que ça ne refuse aucun arrangement louche, parce que c'est frais en bouche mais torride dans la gorge et les esgourdes. Et parce que ça fait mouche.

Parce que c'est personnel avant tout. Qui sait d'abord si vous vous lavez les dents le matin après le petit déjeuner
Moi je le fais.

Et je pars au boulot.

Souvent à 6h33 d'ailleurs.



Ajouté :  Jeudi 26 Février 2015
Chroniqueur :  Mortne2001
Score :
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