TRISTANIA (no) - Ashes (2005)
Label : Steamhammer Records
Sortie du Scud : 24 janvier 2005
Pays : Norvège
Genre : Metal Gothique
Type : Norvège
Playtime : 8 Titres - 47 Mins
Nouveau design, nouveau logo... Dès le premier contact avec Ashes, le ton est donné. Mais que penser de cette galette enveloppée dans un livret dont l'artwork nous fait tourner des pages en papier brûlé ? Evidemment, on peut toujours essayer de ne pas rester perplexe devant le trou béant de la page 7... Mais comment ne pas l'être face aux illustrations pseudo-apocalyptico-post-modernes qui hantent ce livret, avec ses personnages que l'on croirait tout droit sortis des studios Marvel ?
D'emblée, le quatrième chapitre des aventures de TRISTANIA affiche donc sa "nouveauté", ou du moins sa volonté de se démarquer des premiers opus. Doit-on y voir façon de se détacher définitivement de l'influence de Morten Veland, après un World of Glass dont certains ont pu regretter qu'il ne porte encore trop la marque de l'ancien leader du groupe ? Mais si l'on a pu lui reprocher d'être trop dépendant de Beyond the Veil, World of Glass avait du moins le mérite de nous plonger dans une atmosphère musicale résolument marquée. A côté, la silhouette arborée par Ashes semble comme indistincte, et le disque projette des ombres chinoises qui n'ont que peu de consistance au regard des incroyables tableaux gothiques dont TRISTANIA a le secret.
De fait, Ashes manque de densité, et surtout de résonance. Alors oui, le combo ne fait plus autant appel aux musiciens de session et les chœurs ont définitivement disparu. Mais les norvégiens nous ont souvent montré qu'ils savaient très bien s'en passer. Bref, l'album a beau commencer in medias res en renonçant aux traditionnelles intros tristaniennes, les quelques riffs énergiques de "Libre" et la bonne voix Death de Kjetil Ingebrethsen ne suffisent pas à lâcher les chevaux. Les vibrations aux accents grégoriens de Vibeke Stene n'ont que peu de portée, dans ce premier morceau qui entend pourtant marquer la différence. Mais l'effet d'annonce n'aboutit pas vraiment et le son s'essouffle assez vite. Non pas que l'ensemble manque de cohérence dans sa composition, puisque les titres s'enchaînant de façon plutôt lisse. Mais là est tout le problème : épuré voire dépouillé, le son de Ashes ne décolle pas. Certes, TRISTANIA cherche ici à dépasser les facilités de la musique symphonique qui avaient fait son succès jusque-là. La formation expérimente ainsi de nouvelles influences, de la guitare acoustique qui donne le ton d'"Equilibrium" à la rythmique résolument Rock de "The Wretched". Mais cette chanson manque de profondeur de champ, notamment à cause de percussions discordantes.
Plus généralement, les riffs d'Ashes n'affichent pas de réelle originalité, notamment sur les longs efforts comme "Shadowman". De fait, l'alliance des voix (qui fait d'ordinaire la force du combo norvégien) ne suffit pas toujours à compenser le défaut d'efficacité du point de vue instrumental. Du coup, le chant perd lui-même de sa capacité de percussion, et l'on mettrait presque en doute la présence de la (trop) douce Vibeke Stene sur cet opus... Ceci dit, la stricte alternance des voix clean et harsh aurait-elle suffi à compenser une rythmique globalement trop timide, comme le prouve si bien un morceau tel que "Endogenisis" ? Le titre le plus long de l'album, avec ses 7 minutes 38, traîne en longueur sans jamais vraiment se relancer, sur des phrasés répétitifs et dépourvus d'audace. Plus court mais aussi plus lourd, "Circus" impose quant à lui mieux sa marque : une intro et des riffs simples mais efficaces laissent ainsi toute la place à un chant clair so sexy qui nous entraîne dans un univers plus sombre aux contours mieux définis. Du côté des traditionnelles ballades, "Cure" voit s'épandre la voix traînante de Vibeke Stene sur des airs moelleux, qui annoncent quelque peu l'atmosphère sensuelle du futur "Fate" dans Illumination. Mais le morceau n'a que peu de formes et donc de volupté. A l'image de l'album tout entier, décidément trop timoré, "Cure" est aussi monotone que "Bird", dont les refrains manquent une fois encore de relief. Du coup, le dernier titre de la playlist contient quelques passages assez planants, mais ne déploie pas vraiment ses ailes pour conclure un ensemble frugal qui nous laisse décidément sur notre faim.
De bout en bout, Ashes peine finalement à dépasser le stade de la musique d'ambiance. Peu dense et peu pêchu, le disque manque clairement de sensualité (comme il est loin, le temps de la jouissance sur "Hérétique" !). Prisonnière d'une forme d'effet d'annonce, cette quatrième réalisation a malgré tout le mérite de marquer un cap dans l'évolution de TRISTANIA. Du coup, Ashes occupe la place inconfortable d'album de transition, entre un World of Glass hypnotisant et Illumination, qui restera probablement comme l'œuvre la plus étonnante et la plus intimiste de TRISTANIA.
Ajouté : Vendredi 20 Mars 2015 Chroniqueur : Istaria Score : Lien en relation: Tristania Website Hits: 5634
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