GODHOLE (uk) - Godhole (2014)
Label : Mind Ripper Collective
Sortie du Scud : 23 décembre 2014
Pays : Ecosse
Genre : Hardcore Powerviolence
Type : EP
Playtime : 14 Titres - 25 Mins
"I hoped that in creating this I would alleviate myself of some of the feelings of loss and betrayal while creating an element of catharsis about it. of all the art and music I have ever made, this is the most true and honest to how I feel. Performing this music is painful for me but it is something inside me that I feel I need to get out.
I miss my brother every day.
I love you Sam.
Jamie Christ"
Ces quelques mots poignants de Jamie, leader du trio écossais GODHOLE prouvent sans laisser planer de doute, que quelle que soit la Némésis, la musique en représente une Catharsis. La perte d'un frère est une douleur profonde, peut être encore plus lorsque celui ci à sciemment décidé de mettre fin à ses jours. Et de là, les questions fusent. Suis je coupable ? Ai je été aveugle ? N'aurais je pas pu faire quelque chose ?
Mais il n'y a aucune réponse que les mots puissent apporter. Alors dans ce cas, seule la musique et son langage au lexique complexe peut être d'une quelconque aide.
Ce double EP de GODHOLE, composé de deux faces bien distinctes, est une thérapie d'une violence inouïe. Comme l'affirme Jamie, c'était la seule façon pour lui d'exprimer sa tristesse, sa colère. Et il a exhorté toute cette violence en la passant par le prisme d'un médium qu'il connaît bien. Il n'a pas cherché à l'édulcorer, ni à la transformer en stigmatisation emphatique. Il l'a livrée telle quelle, et le résultat est tout simplement effrayant.
La première face de ce double EP est un modèle du genre. Le Powerviolence étant un genre très cloisonné, peu propice à l'innovation, il convient de saluer la façon avec laquelle le trio l'a transcendé, pour lui faire atteindre des sommets dans l'ultra violence.
Certains, peu habitués à ces exactions n'y entendront qu'un brouhaha d'arrangements bruitistes, j'ai préféré y voir une déferlante de rage qu'on ne peut contenir, mise en art par une approche sans limite. Une personnification de la douleur comme rarement on en aura entendu. Ce qui n'est pas difficile à comprendre puisque celle ci n'est pas simulée. Pour en arriver là, le groupe a mis tous les atouts de son côté. Multiplicité des fragrances (Crust, Powerviolence, Grind), production compacte et digne d'une déflagration gigantesque, mise en place carrée à l'extrême. Tout est dit, senti, pleuré, hurlé avec sincérité, et lorsque la violence est en telle adéquation avec les sentiments d'un homme désespéré, alors elle prend tout son sens.
La première face est classique dans sa démarche. C'est la saine réaction bruitiste. La seconde est plus introspective et montre une autre facette du deuil. Arrangements électroniques, strates de son synthétiques, ambiance Indus, comme si Moby, NIN, LUSTMORD et THROBBING GRISTLE s'invitaient au banquet post mise en terre.
Ca frise parfois le bruit blanc assourdissant ("Never Healing Gold", "Ruby Bizarre" digne de MERZBOW), mais ça s'achève dans une douceur immaculée ("Diamond Scar", moins de deux minutes de délicatesse triste), et lorsque le dernier son s'envole dans un ciel sombre, on espère l'homme apaisé. Tout en sachant bien sur, qu'il n'en est rien.
Outre son caractère thérapeutique, ce double EP de GODHOLE est une validation qui ne souffre aucun argument d'opposition. Outre ses qualités musicales indéniables, il prouve de la plus belle et blessante façon qui soit que lorsque la violence est un moyen, et non un but, la recherche de son utilisation comme guérison lui donne un impact incroyable, et la justifie, de plein droit.
Mais je ne veux pas en dire plus, pour une seule raison. La volonté de l'auteur étant de concrétiser sa déchirure par le biais de cette musique, il vous faudra écouter pour ressentir ce que j'ai moi même ressenti, ou pas, selon que vous serez sensible à cette matérialisation sonore, ou complètement réfractaire.
Mais j'ose, et je me tiens sur mes deux jambes, le regard assuré pour dire ceci. Ce disque à sa place aux côtés d'oeuvres majeures, tel l'éponyme Suicide, ou le séminal The Downward Spiral. Il pourrait faire de l'ombre à Tonight's The Night. Oui je l'affirme, et je l'assume. Et peu importe que les dons via téléchargements soient versés à des institutions écossaises de prise en charge des malades mentaux. Il n'a pas besoin de cette caution pour exister en tant que tel.
Car lorsque la peine devient si effrayante dans sa concrétisation sonore, même les larmes ne sèchent plus. Elles prennent feu.
Ajouté : Samedi 04 Avril 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Godhole Website Hits: 5824
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