TOTO (usa) - Toto XIV (2015)
Label : Frontiers Records
Sortie du Scud : 20 mars 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : AOR
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 59 Mins
Difficile de croire que ce soir, après presque neuf ans de bons et loyaux services auprès de Metal Impact, je m'apprête à écrire pour la première fois sur un de mes groupes favoris. comme quoi, tout arrive. Il ne s'agissait pas d'un rejet, d'un blocage, ou d'un refus de notre Blasphy chéri de lire quoi que ce soit sur eux dans les colonnes du webzine, mais tout simplement d'un hiatus, d'une parenthèse pas si enchantée que ça qui a fait coïncider les dates du calendrier de ma collaboration avec ce site et la discographie de ce fameux groupe.
Car entre 2006, l'année où j'ai proposé mes services au sieur Blasphèmar, et 2015, soit donc la bagatelle de neuf années, ce groupe n'a absolument rien sorti. Neuf ans de disette, d'albums solo, de collaborations externes, de projets parallèles. J'ai bien sur parlé de certains de ses membres lors de chroniques, mais jamais de l'entité en tant que telle.
L'entité ?
TOTO.
Oui, TOTO, c'est le genre de nom qui une fois évoqué, met mal à l'aise un critique. Quarante ans de carrière dans le rétro, des tragédies, des aventures humaines, et des tonnes de hits, de morceaux majeurs et de délicieuses incartades. Une blague américaine qui ne fait plus rire depuis 1982 pour certains, une légende impérissable pour d'autres. Dont moi. Comme le disait Rolling Stone, le mag, il y a des albums simples que l'Amérique n'échangerait pas contre des doubles. Toto IV en fait partie. Oh oui, on pourrait en parler de "Rosanna", "Africa", qui ont fait les belles heures des FM US, de MTV et VH1 et des platines vinyles qui les ont usés prématurément. Mais quel intérêt puisque tout à déjà été dit.
Je ne ferai pas le panégyrique du groupe dans ces lignes, vous avez des sites entiers et des livres qui s'en chargent. Je ne préciserai que quelques détails avant de me lancer dans l'analyse de ce nouveau disque. TOTO pour moi, c'est une grosse partie de ma vie, depuis mon plus jeune âge et la découverte des mélodies de IV. Ce sont bien sur des musiciens brillants, les meilleurs de leur génération. Mais c'est surtout un LP, offert à Noël 88 par mon frère, et qui est loin de faire l'unanimité. The Seventh One, décrié par les fans les plus hardcore du groupe qui n'ont pas pardonné à Steve et David le choix de ce Hard FM un peu tape à l'oeil n'est pas le meilleur de leur discographie, j'en conviens. Je garderai cette place chaude pour Toto, où à la rigueur, Turn Back. Mais vous savez comment cela fonctionne. On tombe amoureux de chansons, dans sa tendre adolescence, le temps les magnifie, et on réécoute ces disques avec nostalgie, comme en regardant une photo de sa première petite amie. C'est ainsi. Et c'était il y a exactement vingt cinq ans. Et ça n'est sûrement pas un hasard si aujourd'hui, en 2015, TOTO revient sur le devant de la scène avec Joseph Williams, vingt cinq ans après. Pour moi, et malgré les avis contraire, Joseph a toujours été mon chanteur préféré dans TOTO, à égalité bien sur avec Steve. C'est comme ça, chacun ses goûts. J'aime sa voix pure et cristalline, qui sait se faire rauque quand l'ambiance l'exige. Et en ce mois de mars, outre David et Steve bien sur, Joseph, on retrouve aussi Steve Porcaro, absent dans les faits depuis 1987, mais dont l'emprunte hantait les sillons de The Seventh One. Le casting retrouve aussi David Hungate, le premier bassiste du groupe, parti en 1982.
Car depuis Falling In Between, en 2006, des choses se sont passées. Steve à lâché la drogue, David à composé pour les jeux olympiques, et Mike est parti rejoindre son frère, pour unir leur rythmique là où le ciel ne s'assombrit plus jamais. Ce même mois, et ce fut une lourde perte, pour les musiciens, pour sa famille, et ses fans.
Mais pourtant, Toto XIV est tout sauf un album triste. On y trouve onze titres (douze avec le bonus track "Bend"), symptomatiques de la démarche du groupe depuis les années 70, le shuffle cher à Stevie, les balades qu'il affectionne tant, les titres plus Rock aux refrains superbes, et cette interprétation au cordeau qui est la marque des plus grands. Oui, en 2015 TOTO a toujours des choses à dire, et ce qui ressemblera à de la redite de grabataires pour les moins tolérants, sera une épiphanie musicale de plus pour les autres, les fans.
Car c'est à vous que je m'adresse aujourd'hui, puisque les détracteurs du groupe n'auront cure de cette chronique. Restons entre nous s'il vous plaît, et parlons. Enfin surtout moi. Et mettons de suite les choses au point. Non, Toto XIV n'est pas le meilleur album du groupe, mais laissons le temps lui permettre de vieillir. Et laissons ce statut à de vieux vinyles craquants parus à l'orée des années 80. Peu importe. Ce que je peux affirmer par contre, c'est que c'est un grand album de TOTO, à la production épaisse et léchée, à la pochette sublime, et au presque sans faute de goût.
Certaines voix se sont élevées contre l'intrusion sur ce LP du très sucré "The Little Things", je me permets de dire que j'aime bien ce morceau. Il ressemble à ce qu'on pouvait trouver sur les efforts en solo de Joseph dans les années 90/2000, et il chante cette mélodie simple et belle avec le brio qu'on lui connaît.
Je ne gâcherai pas le plaisir de la découverte en faisant une analyse linéaire titre par titre, mais il me faut quand même parler de certains morceaux.
"Chinatown" par exemple, qu'on aurait pu trouver sur Turn Back ou Hydra. Soft Jazz teinté de Rock, il cite presque dans le texte "Georgy Porgy", avec sa ligne de clavier cool à l'extrême et ses arrangements de cuivres délicats soutenus par la guitare unique de Steve. Du très, très beau travail.
Le ciselé et acoustique "Unknown Soldier", que Steve n'a pas laissé à Joseph, et qu'il fait s'envoler de sa voix profonde et gorgée de feeling. Magnifique et sombre à la fois.
Le single étrange "Orphan", à l'énergie bizarre et atypique dans le répertoire du groupe, qui sonne comme un croisement étrange entre le GENESIS le plus contemporain et le Rock FM actuel. Rythmique bancale et déstabilisante, refrain frondeur et fonceur, c'est un plaisir coupable qu'on assume sans problème.
L'inévitable shuffle "21st Century Blues", qui s'il n'apporte rien à l'édifice personnel de Lukather déjà bien chargé reste un moment fort de l'album, puisque l'animal est un orfèvre du genre.
Le final au souffle décalé et épique "Great Expectations", bien loin de "Home Of The Brave", qui aligne les parties fantastiques, les plans brûlants et les intimités à peine dévoilées, s'autorisant sept minutes d'images fantasmagoriques en laissant dans la bouche un goût étrange...
Le reste, vous ferez l'effort - mais en est ce vraiment un dans le cas de TOTO ? - d'aller le chercher vous même. Avec quarante ans de carrière derrière eux, des disques de plus en plus espacés dans le temps, chaque album du groupe ressemble à un cadeau destiné à récompenser la fidélité des fans. Et si certains ont laissé une frange dubitative (le très Pop et approximatif Mindfields par exemple), Toto XIV et ses faux airs de croisement entre IV et The Seventh One, ressemble finalement au premier par son désir de proposer des mélodies superbes et des rythmiques travaillées et au deuxième pour ses maladresses et ses choix assumés. Mais quoiqu'il en soit, et quel que soit votre camp, c'est un très bon cru, qui ne justifiera certainement pas un éloignement de presque une décade, mais qui vous permettra de retrouver Steve, David et les autres une fois de plus en grande forme.
Les blagues de TOTO étaient courtes et pas forcément drôles. Sa musique est par contre éternelle et splendide. J'espère que là où tu es Mike, tu es fier d'eux. Comme nous. Je suis sûr que dans ton coin, tu souris d'une joie que tu veux pudique. Parce que ça, c'est ton histoire aussi, et la notre.
Ajouté : Samedi 04 Avril 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Toto Website Hits: 5946
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