Voyageons un peu, voulez-vous ?
Imaginons que vous soyez sur la route, quelque part entre Denver et Dallas. Vous avez allumé la radio sur une bonne station Rock. Vous y écoutez une musique suintant l'Amérique par tous ses pores. Il y a une chanson avec un riff catchy, un chanteur dont la voix traînante monte sur les refrains. Les lyrics ? l'éternelle rengaine de la rupture amoureuse. Un tempo plutôt lent, une batterie et une basse à l'unisson. Pas vraiment mémorables, comme si la rythmique étaient juste là pour donner du corps à la guitare et au chant. L'une et l'autre sont assurés par le même artiste, Jared James Nichols. Et le titre de la chanson ? Il vous semble avoir entendu "Let You Go".

Après avoir roulé des heures, vous posez vos roues devant un bar. Un de ces endroits bruyant et enfumé, avec des écriteaux en néon coloré, un vieux juke box, un billard et des mecs à veste en jean, casquette de routier et tatouages militaires. Au fond, une petite scène avec un groupe de chevelus du cru. Et tandis que vous commencez à siroter votre Jim Bean, le combo se met à jouer. Jared James Nichols, encore ! Une attaque de guitare Southern Rock. Un picking très propre, une voix qui force un peu son côté southie, un petit solo sympa, suivi d'un autre plus long, avant le dernier couplet, et une belle rythmique d'accompagnement, notamment la batterie, très sèche, mid tempo. Un son bien propre, typiquement américain, "Can you Feel It". Vous avez l'impression d'avoir entendu ce morceau ailleurs, avant, sur de vieux disques. Le set a continué avec "Now or Never", encore une ballade amoureuse au sujet de la copine qui fait tourner le mâle en bourrique. Avec une nouvelle voix de guitare, plus bluesy. Et toujours ce mix qui pousse le chant et la guitare. Celui-ci a un petit air de Clapton, tiens. Les morceaux se suivent, toujours bien léchés, bien travaillés, bien propres. Dans le genre Classic Rock, le bonhomme sait y faire, c'est de la bonne musique. Mais peut-être un peu trop lisse, tellement tournée vers les gloires du passé (l'influence du jeu de Jimmy Hendrix est palpable dans un morceau comme "Playing For Keeps") qu'elle ne propose rien qui la démarque. Jared James Nichols joue très bien de la guitare et le prouve avec ses nombreux soli (au moins un par chanson), mais le skeud n'offre pas grand chose d'autre que cette virtuosité. Il décline sur 14 morceaux une sorte de compilation de tous les styles de Rock US possibles et imaginables. Cela dit, l'artiste ne s'avance pas masqué, quand on appelle son album Old Glory And The Wild Revival, on annonce la couleur !

Alors, Jared est-il bon musicien, bon technicien ? Oui. Mais son opus en forme de démonstration n'a pas grand chose à raconter. Le lendemain matin, quand vous reprenez la route après un café noir et un donut avalés rapidement, vous réalisez que vous n'arrivez pas à vous remémorer une seule des chansons du set d'hier soir.