Allez tiens, soyons fou. Imaginons un peu (et je me mets à votre place, chers lecteurs... puis-je ?) que vous cherchiez un groupe dont les membres ont déjà joué disons dans DIRECT CONTROL, GOVERNMENT WARNING, SICKOIDS, STRIPMINES, BLOOD PRESSURE, AGGRESSION PACT, WASTED TIME, LAST WORDS, VIOLENT OUTBURST, LUNG MATTER & SOCIALCIDE. Ca vous parle ?
Et disons que vous le cherchiez du côté de la Caroline du Nord... Qu'il ait déjà sorti un EP, cru, puissant et efficace.
Alors, en ce cas, je me permets de vous dire que vous avez un sacré bol ! Parce que j'ai exactement ce qu'il vous faut.

Certains esprits chagrins diront qu'une fois de plus, je m'en tire bien avec mon intro. Ce qui n'est pas faux, mais il faut bien une amorce à toute chronique digne de ce nom. Mais laissez moi allez droit au but cette fois ci. Je vous présente aujourd'hui les terribles MERCY KILLINGS, qui reviennent nous compter fleurette après avoir sorti un premier 7'' éponyme en 2013.
Vous l'avez peut être manqué le jour de sa sortie, puisque vous étiez sans doute occupé à faire vos commissions pour préparer le nouvel an. Il est vrai que balancer sur le marché un skeud un 30 décembre, c'est assez osé... Osé, c'est le terme qui convient pour décrire la musique de ces enragés. Si on le prend dans son sens inverse. Car leur Punk Hardcore est classique, très. Mais aussi furieux, très, très. Et à force d'essayer de dénicher des intrus, des olibrius, des tarés, des marginaux, j'avais perdu l'habitude du classicisme. Et franchement, ça fait du bien d'y retourner.

Car les MERCY KILLINGS ne tournent pas autour du pot. Ils jouent une musique rageuse qui va à l'essentiel, qui ne s'embarrasse pas de principes ni d'artifices de production. Celle ci est d'ailleurs ad hoc. Très compacte, brute, elle offre au combo la rugosité idoine. En fait, en faisant tourner en boucle les cinq morceaux de ce 7'', je me suis mis à penser à une version expurgée et street hate de DISCHARGE. A un hommage contemporain à la sincérité et la franchise de MINOR THREAT, mâtinée d'une touche de Punk anglais à la G.B.H/EXPLOITED. Car dès le larsen de "Snuffed Out", tout y est. Rythmique pataude mais appuyée, riff lâché et coulant, petit chorus en bas du manche un peu dissonant, ce jusqu'à l'entrée de la voix, extrêmement vindicative et hargneuse. Phrasé clair et net, riffs qui coupent, up tempo un peu speed, c'est sans bavure.

Le reste du single/EP est à la hauteur de cette entame. Si le tempo accélère volontiers, le principe reste le même. Des plans de guitare simples et directs, peu de breaks mais pile là où il faut, un chanteur qui s'investit dans ses harangues à pleins poumons, et une section basse/batterie qui n'en fait pas des tonnes mais qui soutient l'ensemble d'une poigne de fer. Si vous êtes d'humeur chafouine et que la colère vous guette, jetez vous sur "Fate", "Rot In Your Chains" et "Destroy It Again" qui sont les trois titres les plus enlevés, et qui rappellent franchement le Core US des années 80, avec ses slogans chocs et ses pavés agressifs dans la tronche.

C'est simple. Cet EP sent la Doc Martens à plein nez, les clubs bondés et suintant de sueur, les flyers fait main et le pogo du samedi soir. C'est du vrai de vrai, de l'authentique, sans esbroufe mais avec une vraie conviction. Alors comme je le disais, c'est sans surprise, c'est classique, mais ça tourne, ça cogne et ça fait du bien.

On ne peut pas toujours avoir envie d'originalité. L'efficacité ça paie aussi. Et pour info, un album ou un nouvel EP devrait suivre. Et là, pas d'excuses, pas d'échappatoire. Car vous ne pousserez pas un caddie lorsqu'il sera dispo !