Bien. Nipponisons nous un instant je vous prie. Néologisme maladroit ? Pas tant que ça, c'est nécessaire, faites un effort.

Comme je le disais à l'occasion de ma chronique du premier album de BABYMETAL, le J-Hard Rock commence à tenter une percée à l'Ouest. Nous avions déjà dans les années 80 de purs combos de Metal asiatiques, tels LOUDNESS, E.Z.O., ou BOW WOW par exemple, qui faisaient régulièrement frissonner nos oreilles occidentales, mais le principe était différent. Il s'agissait en effet de musiciens locaux qui adaptaient leur musique, leur image aux us et coutumes de l'Europe et/ou des Etats-Unis. Aujourd'hui, le cas de figure est différent. Le Japon a en effet décidé d'exporter ses traditions musicales, en les hybridant un tant soit peu, pour offrir un peu d'exotisme aux Européens, qui se laissent volontiers séduire.
Bref, mangas, émissions trash, lolitas, J-Pop et cosplay ont envahi notre culture, et pas forcément pour le meilleur...

Toujours est il qu'il est assez difficile de se procurer les CDs des groupes en question, uniquement disponibles en import la plupart du temps à des prix exorbitants. Si le cas des entités pluri formes de collégiennes en furie est vite réglé (leurs disques sont introuvables ici la plupart du temps), car hors sujet, la question devient problématique quand les groupes en question pratiquent du Hard Rock. Pour trouver quelques informations sur celui dont je souhaite vous parler aujourd'hui, j'ai du batailler ferme des heures sur le net. Les rares éléments étaient en japonais, donc incompréhensibles (je savais bien que je n'aurais pas du faire Poitevin Saintongeais à la fac pourtant...), j'ai fini par ramasser quelques bribes d'indices pour tenter de retracer le parcours de BAND-MAID. Mais je l'avoue, je le voulais vraiment, parce que leur album vaut le coup.

Ok, un peu d'histoire.

Les cinq BAND-MAID (Saiki - Chant, Kobato Miku - Guitare & Chant, Tono Kanami - Guitare, Hirose Akane - Batterie (et leader de la brigade) et Misa - Bass) ont été regroupées par Platinum Production en juillet 2013. Signées sur le label Gump Records, elles sont vite balancées sur scène pour faire leurs armes. Ce premier effort s'en est donc ensuivi, assez rapidement il faut l'avouer, mais il convient de préciser d'emblée quelques points. On serait bien sur tenté de les comparer aux BABYMETAL, puisqu'elles sont jeunes, jolies, et qu'elles jouent du Rock-Hard musclé. Mais ne vous y trompez pas, les différences sont notables. D'abord, en terme de style. Celui des BAND-MAID est beaucoup plus classique et Pop/Hard Rock que le mélange hors norme et brutal des trois petites renardes. On retrouve chez le quintette un gimmick aussi, peut être un peu moins kawai, mais un peu plus mature. Je ne discuterai pas du choix de les déguiser en soubrettes, c'est plutôt joli pour le coup, et pour une fois pas trop pervers, enfin selon les normes japonaises bien sur.

Ensuite, on retrouve chez les BAND-MAID de vraies musiciennes. Hirose Akane, la batteuse, est solide, possède une gestuelle expressive, une frappe assurée, et forme avec la très adroite bassiste Misa le pivot du groupe. Tono Kanami est quant à elle une guitariste très capable, brillante en solo et assurée en rythmique. Les deux chanteuses font le job en se partageant les vocaux, et possèdent toutes deux un timbre juvénile mais affirmé très agréable. Voilà pour la partie technique, ce qui confirme que niveau crédibilité, elle peuvent en remontrer à beaucoup et garder la tête haute.

Musicalement, nous sommes loin des délires de BABYMETAL. Mais au cas ou vous soyez déjà tombé sur le premier single des demoiselles, "Ai to Jounetsu no Matadore" et donc sur sa face B, "Thrill", je tiens à vous prévenir que vous ne retrouverez pas sur Maid In Japan les sonorités foncièrement Metal des guitares. L'album est en effet plus volontiers J-Pop Rock, même si les six cordes restent distordues, et les mélodies parfois typiquement japonaises ("Evergreen" qui rappelle les albums locaux de Marty Friedman) ont pris le dessus.
Ce qui n'empêche pas ce premier effort d'être très agréable à l'écoute pour peu que vous soyez ouvert d'esprit.

Une demi heure en compagnie des demoiselles passe très vite, tant Maid In Japan offre son joli lot de hits potentiels, très bien troussés et fort bien exécutés. Certes, j'en conviens, nous sommes très loin du Metal parfois, le quintette préférant rester dans un mainstream abordable, mais les allusions occidentales exhalent un délicieux parfum doux, un peu comme une délicieuse friandise Pop Punk sucrée et acide. On a même parfois le sentiment de se replonger dans la BO de Josie & The Pussycats ("Knockin' On Your Heart")...

Hirose (bonbon) a en plus la délicatesse de privilégier les up tempo nerveux et entraînants, mais lorsqu'elle se décide à ralentir le rythme, le tout sonne comme un démarquage parfait des américains de SUPER HAPPY FUN CLUB ("Big Dad"), et comme le tout se termine sur l'extraverti et pétillant "Forward", qui laisse éclater sa mélodie de tous les côtés, je ne vois franchement rien que je puisse reprocher à ce premier album. Maid In Japan en résumé est donc un très bon premier album qui ne s'adresse pas qu'aux amateurs de curiosités japonaises, mais à tous les amoureux d'un Pop-Rock légèrement métallisé, convaincant, rapide et un tant soit peu agressif ("Bye My Tears").
Si en sus vous ajoutez à cette musique appréciable un look intéressant, des musiciennes aussi jolies que compétentes, un packaging travaillé et un son carré et propre, vous obtenez une très jolie réussite qui mérite amplement de faire son trou dans les charts US et Européens, même si - ne rêvons pas - il est peu probable que ça soit le cas.

Quoiqu'il en soit, loin de leur image un peu polissonne/ingénue de femmes de ménage sexy, les cinq BAND MAID réussissent haut la main leur examen d'entrée, et gageons que les promoteurs seront nombreux à souhaiter les embaucher pour faire le ménage sur scène.

Mais avec leurs instruments, pas un balai.