CROCELL (dk) - The Wretched Eidola (2011)
Label : Ultimhate Records
Sortie du Scud : 6 mai 2011
Pays : Danemark
Genre : Death Metal mélodique
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 40 Mins
Le salut, la rédemption, le renouveau. Appelez ça comme vous voulez, mais il y a quelque chose d'unique en CROCELL. Quelque chose qui vous poussera à apprécier profondément le Death Metal mélodique quand il est maitrisé de la sorte. Quelque chose qui rompt avec les mornes habitudes prises par IN FLAMES, HYPOCRISY et autres SOILWORK depuis des années, resservies avec plus ou moins de régularité au fil des saisons, comme un marronnier dont le fruit n'a plus rien de gouteux. Depuis 2008 et The God We Drowned, exemple type de Death mélodique new-gen, les sorties de ces Danois sont scrutées attentivement, avec le faible espoir de voir pousser un nouveau roseau, mais l'immense de se délecter d'une musique parfaitement homogène, intense et massive. Car dans "Death mélodique", il y a avant tout "Death", et ça, CROCELL ne vous autorisera pas à l'oublier.
Pour être franc, à moins de connaître par cœur le casier judiciaire de CROCELL, impossible de deviner que les premières secondes de The Wretched Eidola seront aussi intenses. Avec son lead torturé et ses faux-airs de Black Metal rugueux, "I Know The Taste Of Your Tears" prendra très vite l'ascendant sur un auditeur complètement dépassé par les évènements. Déferlante massive de riffs organiques et de frappes millimétrées, ce Metal là ne plaisante pas. Petit à petit, les efforts mélodiques du groupe se manifestent, se mettent en place, mais il leur fallait avant ça vous mettre une grosse patate dans la gueule. C'est chose faite, et à "Chronos" de vous conduire plus en profondeur dans leur univers. De plus en plus technique au fil des minutes, ce second opus s'ouvre comme une plante-carnivore, avec parfois des proies faciles ("The Craven's Work", "The Puritan Harlot"), parfois des cibles plus compliquées à atteindre. Je pense en particulier à "The Age Of Iron And Rust", un mid-tempo d'une lourdeur bovine (d'ailleurs, ne parle-t-on pas de "bœuf CROCELL" ?), qui ne se mêle jamais à quelque influence Doom, mais qui explose avec méthode, laissant derrière lui un saccage apocalyptique. Une vraie réussite qui illumine The Wretched Eidola d'une fabuleuse diversité rythmique. Toutefois, CROCELL fait rarement dans la demi-mesure, et préfèrera le matraquage régulier et permanent d'un "Voices Of The Deep". C'est leur truc, ça se renifle avec candeur, comme un pet sous la couverture. Et comment leur en vouloir, puisque ces garçons ont toujours baigné là-dedans, qu'il s'agisse de Magnus Jørgensen (chanteur pour PANZERCHIST entre 2010 et 2012), Onkel Kusse (basse) et Smukke Ken (guitare), tous deux dans ILLDISPOSED ou encore Andreas Posselt (batterie, aussi dans COMPOS MENTIS). L'expérience, encore et toujours, sera leur moteur. L'originalité moins. Peu importe, avec "After The Wake Of Winter", "The Stranger" et "The Age Of Iron And Rust", CROCELL n'aura besoin d'aucune autre qualité, réussissant l'amalgame presque parfait entre puissance rythmique et aisance technique.
The Wretched Eidola, sans en avoir l'air, va faire planer sur cette sacro-sainte sphère Death mélodique l'ombre d'un doute. La force brute et inébranlable du Death ne doit pas servir de faire-valoir à des soubresauts mélodiques qui achèvent leurs convulsions hors d'haleine. C'est le leitmotiv de CROCELL, qui l'applique avec panache sur ce deuxième méfait totalement réussi. Lourd comme le plomb, voilà un album d'envergure dont le seul tort sera peut-être de contrarier ceux qui lisent trop souvent en IN FLAMES et consorts comme dans une Bible ouverte.
Ajouté : Vendredi 07 Août 2015 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Crocell Website Hits: 5186
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