Les claques, ça fait encore plus mal quand on ne s'y attend pas. Et une claque comme celle que m'a mise Terminal, le deuxième album du groupe britannique LIMB, c'est pas leur artwork patchwork qu'on dirait sortie du cerveau torturé de Philip K Dick qui m'y avait préparé. Je m'attendais à une énième resucée de Heavy Psysh ou de Stoner comme il en sort désormais des dizaines chaque mois. Mais le quatuor londonien ne mange pas de ce pain là. Un an à peine après la sortie de son debut album, il accouche d'un opus ramassé, puissant et brutal. Un concentré de groove, de guitare sous accordée, de chant rocailleux. Une bûche de 200 kilos que le producteur Russ Russel (NAPALM DEATH) a bien polie et lustrée. Le son est bien moins organique et crade que sur les précédents méfaits du gang, mais il y gagne en puissance et en efficacité.

LIMB est un quatuor Sludge formé dans une cave sombre et humide de Londres à l'hiver 2011. En un an à peine, le groupe sort une première démo, qui est rapidement signée sur le label Metal et Hardcore Witch Hunter Records. Peu de temps après, le combo rejoint l'écurie du label londonien New Heavy Sounds. Après deux EPs enragés et un split avec GURT, LIMB sort son debut album éponyme en 2014.

Pour Terminal, les anglais rejettent les étiquettes. Ils ont déclaré au webzine Terrorized: "Terminal isn't your standard doom record—neither musically nor in how it treats those themes. We didn't want to retread old ground, but we did want to pay homage to the things we like best from doom, stoner, sludge and classic rock. So, the album contains moments of despair and anger, alongside moments that are more driven and euphoric" (Terminal n'est pas un album de Doom standard, ni musicalement ni au niveau des thématiques. On ne voulait pas recycler de vieux trucs, mais on voulait rendre hommage aux choses qu'on aime le plus dans le Doom, le Stoner, le Sludge et le Classic Rock. Donc l'album contient des moments de désespoir et d'angoisse et aussi des moments qui sont plus euphoriques).

L'opus ne dure que 32 petites minutes mais la production privilégie l'efficacité à la contemplation. Pas d'intros compliquées, pas de soli, pas de démonstration de virtuose. Toutes les sensations reposent sur le jeu collectif. La musique arrivant comme un gros bloc de béton armé que le chant abrasif de Rob Hoey vient polir, comme du papier de verre à gros grains. Les morceaux s'enchaînent comme à la parade et donnent une furieuse envie de grimper sur la table pour une session de air guitar ou headbanguer comme un furieux.

LIMB présente Terminal comme un concept album dont on ne profite pleinement qu'avec une écoute intégrale, mais le son est tellement accrocheur qu'il est de toute manière difficile autrement. L'album n'est pas sans rappeler les premiers méfaits de THE SWORD ou le son des américains de RED FANG. C'est un mélange explosif de Stoner Sludge qui ne révolutionne certes pas le genre mais se distingue de la concurrence par sa forte teneur en énergie positive et ce choix judicieux de proposer un album assez court, concentré, toute en muscle et en puissance. Un bon cocktail pour la rentrée.