A SIMPLE COMPLEX (usa) - Left Behind (2015)
Label : Nosmo King Records
Sortie du Scud : 10 juillet 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Hard Rock
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 51 Mins
Ne vous laissez pas abuser, surtout. Oui A SIMPLE COMPLEX vient de Manchester, mais pas le Mad des années 90, encore moins celui d'OASIS. Pas de gobeurs de pilules, ni de frangins à l'inimitié qui laisse des bleus, nous parlons ici du Manchester américain, celui situé dans l'état du New Hampshire. La scène qui a vu fleurir DEAD SEASON, PROSPECT HILL, CRAVING LUCY, VEGAS TEMPER ou GONE FOR DAYS.
De plus, A SIMPLE COMPLEX n'a rien à voir avec la Pop 60's, encore moins avec la Toxic House qui agitait les dance floor des nineties. Leur truc à eux, c'est plutôt le nerveux cool, le plombé posé, en gros, le Heavy moderne. Mais comme ils se décrivent eux mêmes :
"Heavy enough for the mosh pit - Rock enough for the radio"
Bon slogan, et surtout assez proche de la réalité. Mais incomplet, car il cache une partie des faits. A SIMPLE COMPLEX, c'est surtout un groupe futé, qui aime entretenir le mystère. Depuis quatre ans, ils distillent au compte gouttes les morceaux présents sur ce nouvel LP, en lâchant intelligemment des singles à télécharger sur les plateformes légales. Ainsi mise en place, la série des singles Left Behind, volume 1, puis 2, puis 3 leur a permis d'attirer l'attention des médias, spécialement des radios, et a suscité le buzz sur le net, au point de leur offrir les premières parties de pointures comme KORN, SEETHER, PRONG, DROWNING POOL et autre SEVENDUST.
Plusieurs prix leur ont été remis, mais le mystère demeure entier...
Quel est donc le thème de ce concept album, et surtout, vaut il la peine que le groupe s'est donné pour en faire un concept dans le concept, en forme de métonymie absolue voilée d'une aura opaque ?
A SIMPLE COMPLEX, le quintette, se compose de Mark et Stu aux guitares, de Chris et Jim à la rythmique, et de la jolie Jess au chant. Formé en 2004, ils n'ont sorti qu'un seul longue durée en 2007, Unto The Damage. Difficile donc d'établir une quelconque comparaison, tant les années écoulées ont du légèrement changer le style du groupe. Concentrons nous donc sur cette dernière livraison, qui se suffit largement à elle même. Alors, Left Behind est il suffisamment Heavy pour le pit, tout en restant radio friendly ? De ce côté là, rien à dire, l'affirmation n'est pas vraiment discutable. Les guitares sont volontiers grasses, mais pas trop pour ne pas déstabiliser l'auditeur lambda, les climats sont travaillés, oscillant entre le gentiment sombre et le lumineux température 4500/6000 degrés, la production est parfaite et met en valeur les compos, et le boulot des musiciens est parfait, propre, carré.
Au niveau du style, certains sites spécialisés n'hésitent pas la comparaison avec EVANESCENCE, HALESTORM, BREAKING BENJAMIN, FLYLEAF ou SHINEDOWN, et le parallèle n'est pas entièrement faux. Si l'analogie avec Evanescence est probablement justifiée par ces ambiances légèrement teintées de gothique moderne, et aussi par la voix de Jess, qui tire par moments sur les intonations d'Amy Lee, surtout dans les aigus, la musique est elle assez différente des chantres du Heavy Symphonico-Gothique Proto-Pouf populaire.
Mais tranchons. Je l'avoue, j'ai été perturbé par ce disque. Non qu'il soit d'une qualité et d'une originalité foudroyante, mais il a quelque part un joli parfum d'inattendu.
D'un côté, son atmosphère est franchement particulière, et colle à merveille au concept de cette femme énamourée qui souffre de l'indifférence de l'être aimé. Les arrangements sont tendus, les choeurs parfois inquiétants et schizophréniques ("Felo-De-Se"), le climat étouffant, et le tout prend aux tripes sans relâcher son étreinte.
Au niveau des chanson, l'affaire est plus complexe. Le groupe joue au chat et à la souris avec les ondes, et se permet parfois des exactions purement Pop Rock comme le démontre le très radiophonique "(Look What You) Left Behind", tandis qu'un peu plus loin, il s'en détourne complètement pour s'aventurer en terrain plus bourbeux (le très pesant et moite "Void", qui doit autant au SAB' qu'à la vague de Heavy moderne des TOOL et autres LINKIN PARK).
Et par moments, il mélange même les deux directions, en proposant un style costaud aux mélodies vendeuses ("Mister Good Time", bizarre, sorte de Heavy grouillant dominé par une voix très Pop)... Ceci décrivant les trois premiers morceaux du disque...
La suite ?
Là est le problème.
Sans rien enlever aux qualités intrinsèques de A SIMPLE COMPLEX, sur douze morceaux, au moins les deux tiers, voire les trois quarts sont similaires, dans la structure comme dans l'approche du son. Même mid tempo appuyé, mêmes riffs ténébreux et saccadés, même chant qui s'envole lorsque le refrain arrive, mais une fois la surprise de la première découverte faite, le reste laisse le plaisir en suspens.
Et c'est finalement lorsque le quintette s'éloigne le plus de son style "de prédilection" qu'il devient le plus intéressant. Ainsi, "Coin" et son entame acoustique brise un peu le schéma trop bien établi, et permet à Jess de moduler sa voix, tandis que "For Better Or Hearse" en final s'énerve un peu et accélère le tempo en faisant planer un brin de folie synthétique/Rock qui fait du bien.
Mais malgré ces critiques qui je l'espère restent constructives, Left Behind à ce je-ne-sais-quoi d'étrange, qui fascine, comme un décalage entre le professionnalisme du groupe, indéniable, et ce petit parfum amateur qui le place en aparté d'une scène un peu surchargée en produits manufacturés et insipides. Car même si les chansons dans leur ensemble suivent un plan bien tracé et trop prévisible, elles gardent une emprunte personnelle qui les rend finalement attachantes.
Somme toute, cet album de A SIMPLE COMPLEX s'écoute sans déplaisir, même si de temps à autres, un peu plus de variété aurait dynamisé encore plus le concept. Il aurait justement été intéressant de pousser encore plus loin la dualité, en alternant plus volontiers les passages "commerciaux" et Rock, et les aplanissements Heavy. D'autant plus qu'en tant que vocaliste, Jess assure dans les grandes largeurs, et s'investit totalement. Ce qui lui aurait en sus permis d'étendre un peu son registre.
Dommage que tant de secrets et d'attente n'aient pas débouché sur un LP plus aventureux. Mais attendons la suite. Peut être que cette complexité ne sera plus si simple que ça.
Ajouté : Vendredi 09 Octobre 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: A Simple Complex Website Hits: 6364
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