Un groupe comme BITERS sur Earache ??? On parle bien du label responsable des premiers NAPALM et autres rois du Grind ?
Je rêve... Ok, je savais que comme tout le monde - Roadrunner, Nuclear Blast compris - ils cherchaient à élargir leur champ d'action, mais là je dois avouer qu'ils ont fait très fort.
Et plus que ça même.
Ils ont fait une TRES bonne affaire.
Car point de suspens à l'horizon, BITERS est une des grosses révélations de cette année 2015, et leur Electric Blood un des meilleurs albums de ce premier semestre déjà fini. Ca sentait le coup de pub à plein nez, et au final, on hume un parfum délicieusement 70's, authentique, sincère, positif, optimiste et redoutablement bien foutu dans sa recherche de nostalgie.
Alors ressortez vos ensembles en jean, les jacks torsadés, les early 80's sont de retour, et de la plus belle façon qui soit...

La nostalgie à toujours bien payé, en musique comme pour n'importe quel autre discipline artistique... On surfe sur les vagues, on ramasse quelques coquillages, et on emballe ça sous une jolie couverture... Tout y passe, les Pin-up, le Disco, les Pulp, le Punk, le Hard Rock...
Je ne suis pas contre, encore faut il le faire avec honnêteté et talent.
Deux qualités dont disposent les membres de BITERS qui ne se contentent pas de singer les mélodies et tics de l'époque, mais se les approprient pour les restituer à leur façon.
Alors nous parlons ici de Hard Rock bien sur, mais pas seulement. Les influences sont multiples et notoires, mais parfois externes et flirtant avec la Pop Rock radiophonique.
De leur Atlanta natal, Tuk (guitare, chant), Matt (guitare, choeurs), Philip (basse, choeurs), et Joey (batterie) ont ressuscité l'esprit du Hard festif des années 70/80, damant même le pion aux mouvances suédoise et norvégienne qui sévissent dans le même créneau depuis quelques années.

On trouve de tout sur leur Electric Blood. Des références à AC/DC, KIX, la vague Glam Californienne de 82/83, un peu de VAN HALEN, mais aussi des choses plus anciennes, genre une adaptation plus sage des DOLLS, la transposition masculine des RUNAWAYS en version clean & cool, un peu des BAY CITY ROLLERS pour les choeurs, et avec un peu d'imagination, une projection des SWEET, SLADE et autre party bands hauts en couleurs... Mais la liste pourrait être longue, puisque les quatre potes ne se refusent rien... On pourrait aussi parler de ce Rock FM lissé et estampillé 80/81, que la production très smooth et ronde évoque à merveille... Mais concentrons nous sur LEURS morceaux, qui ne le cachons pas sont autant de hits potentiels, pour peu que le Rock ait encore droit de cité dans les charts...
Et comme triplette d'entrée, il y a longtemps que nous n'avions pas eu droit à une telle dose d'électricité bien dosée !

"Restless Hearts" sonne plus KIX qu'un morceau de Cool Kids, avec une petite touche WARRANT dès l'entrée. Voix délicieusement juvénile, gros riff à la Angus, rythmique peinarde qui se la joue sobre, et refrain d'airain qui rentre par une oreille et reste bloquée par l'autre.
"1975" rappelle le KISS des grandes années, avec une grosse louche de BAY CITY ROLLERS pour ces choeurs en cascade qui fleurent bon l'amitié teen, tandis que "Heart Fulla Rock N'Roll" ne cache rien de son message et emprunte le tempo préféré de Marc Bolan pour une virée en compagnie de T-REX/SLADE plus vraie que nature. On attend même les "Sha-na-na" d'usage !
Le morceau éponyme taille dans le gras et lance un grand salut aux STONES, eux mêmes pillés par AEROSMITH, avec des intonations vocales empruntant autant au timbre de Taime Downe qu'aux accents narquois des DAMNED...
Vous pensez que j'en fais trop ? Que nenni, je vous assure que je garde la plus grande objectivité, et écoutez le très bastringue "Low Lives In Hi Definition", qui restaure même ces soli vifs et mordants, ce mid tempo pilonné et ces riffs aiguisés qui faisaient la gloire des DEF LEP en 80/83...Et le tout, sans pomper, sans regarder la copie du voisin...

BITERS joue parfois avec la vitesse, mais même dans ce cas, ils ne perdent pas le groove en route, et la basse bondissante de "Time To Bleed", couplé au chant adolescent et à un refrain taillé dans le platine fait briller d'une patine 2015 le cultissime "Ballroom Blitz" de SWEET, avec un peu de PRETENDERS par dessus, option "Walking On Sunshine"...
Soulignons d'ailleurs l'approche très Punk de ce Hard Rock vitaminé, aux consonances Pop. C'est instantané, mais mémorisable. Futile, mais d'importance, comme un samedi soir qui arrive enfin après une semaine bien pourrie...
Les arguments en faveur du groupe sont nombreux... Des morceaux solides, mélodiques, piquants, des instrumentistes très capables, de la folie, de la fraîcheur, le sens de l'essentiel, mais je crois que ce qui mérite le plus d'être mis en avant, c'est cette anachronisme volontaire qui fait sonner Electric Blood comme un album d'époque, sorti à l'orée des années 80... Ca ne veut peut être pas dire grand chose pour vous, mais ça en dit long sur la sincérité des mecs, et sur leur talent... On sent à chaque note qu'ils adorent ce qu'ils font, et qu'en aucun cas, ils ne cèdent à un quelconque opportunisme...

En tout cas, félicitations à tonton Earache d'avoir mis la main sur les BITERS... Parfois, casser le moule ne fait pas de mal, et sur ce coup là, je ne peux qu'acclamer le flair du label...
Mais allez y, mordez à pleines dents dans cet Electric Blood... C'est sucré, mais pas mielleux, et ça fond sur le palais.... d'une façon délicieuse.

Et puis ça rappelle des bons souvenirs...